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Sur la route des étoiles

chronique d'une mère endeuillée

. Publié le Lundi 19 Juillet 2010 à 15:11:11

Bonjour,

Ce témoignage, je vous le livre, je vous le donne, parce que la souffrance ne s’achète pas.

Il est un besoin pour moi de partager notre terrible expérience de parents « désenfantés » parce qu’elle s’associe à celles et ceux qui la traverse et parce qu’il est important de faire comprendre à ceux qui ne savent pas que, en dépit des apparences, nous sommes devenus quelqu’un d’autre.

Bien souvent, notre désespoir n’est pas perceptible mais il est bien présent.

Lisez ces pages, diffusez-les. Faites leur faire le tour du monde si vous en avez envie, pour Julien, afin qu’il continue de vivre au delà de la mort.

Je serai heureuse de recevoir des commentaires, quels qu’ils soient.

                                                                                           A.B                                                                                                    

 

 

                                                                                  

SUR LA ROUTE DES

 ETOILES

 

Chronique d’une mère endeuillée

                                                                                                                                                                                           

                                                                     

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. Publié le Lundi 19 Juillet 2010 à 15:17:17

Je dédie ce livre à la mémoire de Julien, mon enfant disparu ……..

 

 

A Julien….

Je sais que tu es toujours là

Puisque sans cesse on pense à toi

Et qu’on entend même ta voix

Qui nous parvient de l’au-delà.

 

Tout l’amour que tu as reçu

De ta famille et tes amis

L’espace de ta courte vie,

Est fait pour durer, me crois-tu ?

 

Comme la très belle immortelle

Qui persiste à étinceler,

Vêtu de teintes colorées,

Tu existes dans l’arc-en-ciel.

 

Comment veux-tu que l’on t’oublie

Avec ta beauté éternelle

Ta jeunesse perpétuelle ?

C’est impossible, Dieu merci !

                                                                            Monyc

 

 

….. et à tous ceux qui ont illuminé ma vie et sont partis bien trop tôt rejoindre les étoiles.

Ils sont gravés à jamais dans mon cœur et ne seront jamais oubliés.

 

 

 

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. Publié le Lundi 19 Juillet 2010 à 15:17:37

 

INTRODUCTION

 

Ce livre est le reflet de mon âme, de mes pensées et de mon vécu. Il permettra de mieux comprendre les parents que nous sommes devenus à la suite de la disparition de ces êtres chers à qui nous avons donné tant d’amour et que nous ne pourrons plus jamais embrasser et serrer dans nos bras, car la perte d’un enfant est la plus grande épreuve à laquelle un être humain peut être confronté.

Je fais partie de ces millions de femmes dans le monde qui ont donné le jour et essayé de tracer le chemin de leurs enfants pour que leur existence soit  heureuse et constructive.

 Je pensais avoir en grande partie rempli cette mission car tout allait bien, très bien même. J’ai même cru avoir touché du bout des doigts le bonheur.

Mais Julien est mort un 19 août de l’année 2007, balayé, fracassé, encastré sous une voiture, lors d’une balade à moto avec huit autres camarades. Il avait 26 ans.

Comme tant d’autres, j’ai traversé de bonnes périodes et des déserts, vécu un divorce tumultueux et des deuils forts qu’il a fallu surmonter : mes parents, et ma sœur il y a quelques mois qui me laisse  seule à tout jamais.

La disparition de notre fils est égale à un raz de marée qui détruit tout sur son passage et nous laisse à jamais meurtris dans notre chair et dans notre cœur.

Mais je veux que mon fils continue à vivre envers et contre tout et qu’il ne soit jamais oublié. Alors j’ai décidé d’écrire, pour que mes mots soient imprimés sur le papier et dans l’esprit de ceux qui les liront afin qu’ils fassent leur chemin et soient retrouvés dans les réactions et les pensées des autres parents dans la douleur auxquels nous sommes liés désormais pour toujours.

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 16:53:09

FARO

 

Ces vacances du mois d’août 2007, nous avions décidé de les passer dans un club de vacances pendant 15 jours, à Faro, à l’extrême sud du Portugal.

Nous sommes donc partis ce 19 août 2007 vers 10 heures du matin de notre maison pour nous rendre à l’aéroport de ROISSY.

Nous étions en avance et mon mari me dit : «si l’on téléphonait à Julien pour lui faire un petit coucou ». Nous nous doutions qu’il devait s’être couché tard car il avait passé la soirée avec des amis et Julien n’est pas forcément un « lève-tôt ».Je réponds donc : «il doit dormir encore et il ne faut pas le réveiller.  Nous l’appellerons ce soir ainsi que ses deux sœurs pour leur faire part de notre arrivée ».

Et nous avons pris notre avion. Celui-ci a décollé avec beaucoup de retard : au moins une heure. Il faisait très mauvais : froid pour la saison et il tombait des trombes d’eau.

Nous sommes arrivés vers 18 heures à notre destination, sous la chaleur et un grand soleil, et j’ai allumé mon portable. Nous récupérons nos bagages et nous dirigeons vers le bus qui nous emmène au village de vacances. Nous nous asseyons presque au fond du véhicule lorsque mon portable sonne. Je décroche et une voix me dit :

« Vous êtes Madame B.. ?

Oui.

 Voilà : je vous appelle car je suis un ami de Julien et Perrine ; ils viennent d’avoir un accident de moto. Perrine a été transportée par hélicoptère à l’hôpital quant à Julien, il est décédé.

Je «n’imprimais» pas ce qu’il me disait et je répétais sans cesse « décédé  ?, « décédé ?» …

« Qui ? » me demandait mon mari. Devant mon silence, Christian m’a pris le portable des mains et a repris la conversation ; on lui confirmait bien ce qui m’avait été dit. Deux personnes assises devant nous ont dû entendre notre conversation car pendant que je cherchais un stylo dans mon sac à mains pour noter les numéros de téléphone de la gendarmerie et de la chambre funéraire, celles-ci se sont retournées et nous ont tendu de quoi écrire en nous disant « quelle horreur ».

A partir de cet instant, la machine infernale s’est mise en route et nous savons que désormais plus rien ne sera comme avant. Nous sommes dans un autre monde  où le chagrin prend la place de ce qui pour nous était le bonheur.

Notre fils est mort ; nous sommes loin de lui et nous voulons absolument repartir pour la France.

Nous descendons du bus et expliquons notre situation aux organisateurs. Nous voulons récupérer nos bagages et repartir immédiatement. Il n’y a plus d’avion.

Ils ne veulent pas nous lâcher ; probablement estiment-ils que nous ne sommes pas en état ; alors nous remontons dans le bus, hébétés, hagards, sans dire un mot, ni pousser un cri ni un hurlement de douleur, anesthésiés par le choc de la nouvelle et peut être aussi par pudeur pour les 48 autres personnes du bus.

Le transport jusqu’au village de vacances a été un enfer. Les seuls mots de mon mari ont été : « Dis moi que c’est un cauchemar et que l’on va se réveiller » « Dis moi que notre fils n’est pas mort ». Je ne répondais pas et lorsque nous sommes arrivés, il n’a pu se lever de son siège. Dans un état second, il pleurait en silence et ne pouvait plus marcher. J’ai demandé de l’aide pour le faire sortir. Quant à moi, les larmes ne sortaient pas. Je ne pouvais pas. Elles sont venues quelques heures après, abondamment.

Le rapatriement demandé s’est fait attendre.  Il nous avait été promis, même en pleine nuit, de nous faire repartir. Nous ne voulions pas dormir. Nous attendions.

Vers 6 heures du matin, étant toujours sans nouvelles de notre retour, nous avons pris les choses en mains ; par l’intermédiaire de la carte de paiement de mon mari, l’assureur a pu trouver deux places disponibles en partance de Lisbonne pour la France mais seulement à 18 heures.  Lisbonne étant à 400 kms de Faro, nous avons pris un taxi pour nous rendre à l’aéroport.

Pendant le trajet, nous avons pleuré doucement mais sans répit. Le chauffeur de taxi avait été informé de notre tragédie par la directrice du club. Il était très discret et ne disait rien, seulement quelques regards remplis de compassion dans le rétroviseur ; mais lorsque,  arrivés à destination, nous sommes descendus de son véhicule il m’a pris dans ses bras, m’a embrassée et balbutié quelques mots que je n’ai pas compris.

6 heures à attendre….. Nous avons erré dans l’aéroport, sans boire, ni se restaurer ; nous n’avions plus envie de rien, sauf de retrouver Julien.

Durant les quelques heures passées au Portugal, nous avons dû faire face à des décisions qui ont été prises d’instinct, compte tenu de l’urgence, mais que nous ne regrettons pas, ne serait-ce que le lieu de son inhumation : le village où il avait décidé de vivre  près de sa sœur Nathalie, sa protectrice, sa confidente. Julien lui rendait visite chaque jour vers 15 heures lorsqu’il faisait « la pause » comme il disait, pour fumer une cigarette ; lorsqu’elle était absente, une cigarette attendait le petit frère, posée sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, à l’extérieur, avec un cendrier et des allumettes.

C’était immuable et rentré dans le quotidien du frère et de la sœur.

Ce choix aura une importance capitale sur la vie que nous vivons désormais, proche de lui  et sur ses pas.…..

 

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 16:53:48

LE MAL DES MOTS ET LES ATTITUDES

 

Il est vrai que lorsque le moral est au plus bas, quelque soit le motif, grave ou pas, notre sensibilité est exacerbée et que les mots les plus futiles, les plus larges nous pénètrent. Mais je crois qu’en ce qui concerne le deuil, il y a un manque de culture pour chacun de nous qui provoque chez les endeuillés une multiplication de la détresse lorsque certains mots, certaines phrases et attitudes leurs sont adressés.

Alors, on peut entendre :

« Il faut tourner la page » :

Comment peut-on tourner la page ? Notre enfant est mort mais il a existé et l’on ne peut mettre au fond du tiroir les moments passés avec lui tout au long de ces années qui nous ont procurés des joies, des soucis et des peines.

En ce qui nous concerne, nous continuons de faire vivre Julien au delà de la mort ;  sa susceptible présence dans notre quotidien nous aide à avancer. C’est une réaction qui nous est propre mais qui peut être mal perçue ou ridicule aux yeux des autres. Pour certains, cela veut dire raviver la douleur  et aussi vivre pour l’être mort au détriment des vivants. L’un et l’autre peut se comprendre mais je pense qu’il appartient à chacun de choisir ce qui lui fait du bien et ce qui  l’aide à supporter le départ de l’être aimé. Ne faut il pas avoir mal et creuser jusqu’au plus profond de ses sentiments pour vivre le mieux possible par la suite ces drames qui vous projettent pour le restant de vos jours dans une autre dimension ?

« Heureusement, vous avez encore deux autres enfants » :

C’est vrai, j’ai encore mes deux grandes filles, Nathalie et Virginie mes jumelles. Elles ont 13 ans d’écart avec Julien né de mon second mariage. Elles sont belles et je les aime. Nous avons souffert toutes les trois. Leur père est parti vivre autre chose nous laissant désemparées. Elles savent que rien ni personne ne pourra remplacer leur petit frère, car comme tous les autres enfants il est unique. Le vide ne se comblera jamais. La voix de Julien me manque ; quant à oublier son visage, cela ne risque pas : avec mes autres enfants et mes petits enfants, il est en  photo dans toute la maison, me donnant l’impression lorsque je les regarde que notre « tribu » est au complet. Et puis j’ai en mémoire pour toujours la dernière vision de mon fils, allongé dans son cercueil avant de refermer le couvercle : beau, détendu,  avec un léger sourire au coin des lèvres. Il dormait ….

Nous l’avions maquillé et bien coiffé avant qu’il ne parte pour ce très long voyage. C’était un moment fort pour nous quatre qui l’avons accompagné jusqu’à l’entrée de son nouveau royaume.

 « Au bout d’un an tout ira mieux » :

Pourquoi un an ? Ce sont bien sûr des statistiques.  Mais finit ’il un jour ce deuil ? Personnellement, je ne le pense pas. Il y a des instants où l’on se sent plus objectif et d’autres où l’on a envie de basculer de l’autre côté de la vie. Dans ces moments là, plus rien n’a d’importance. Deux ans que Julien est parti mais tous les jours, inlassablement je répète « ce n’est pas possible ».

J’ai l’impression qu’un jour il frappera à notre porte en hélant joyeusement, comme il le faisait toujours « salut les parents ».

Je lui parle très souvent, en général à voix haute, et quand un bruit inattendu dans la maison se fait entendre, je dis «c’est toi Julien ? » Peut être et pourquoi pas ?

« Bonjour, vous allez bien ? »!

Cette formule qui se dit cent fois par jour, me crispe d’une façon incontrôlable tout le corps à chaque fois qu’elle m’est demandée, comme un refus d’aller mieux. Je réponds simplement : « la santé va bien » ou je ne réponds rien et passe à autre chose.

« Vous partez un petit peu en vacances pour oublier ? »

Le mot « oublier » l’un des plus difficiles à entendre dans le langage adressé à des endeuillés.

Comment cela est possible ?  Des parents qui oublieraient tout ce qui s’est passé : jamais au grand jamais ; nous intériorisons notre douleur et nous efforçons d’être en apparence comme « avant » car nous savons que si la compassion est de mise au début du deuil, très vite nous devons réintégrer notre statut, parce que la mort fait peur et  l’on essaie de nous « «oublier ».

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