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MaLLeK and ZiDaNe...ThEy Are FrOm ...

Modèle et dieu des Français Posté le Lundi 11 Août 2008 à 15h42

 

 

Et oui... comment les artistes voient Zidane. Moi qui en suis une justement et qui ne suis pas une passionnée de football, j'ai toujours trouvé qu'il dénotait dans ce milieu que je nomme au grand dam de mes amis, un "monde de brutes"... quand on regarde Zidane, il inspire le calme, une certaine sérénité. Il émane aussi de lui une lumière intense. Il possède une grande âme, à n'en pas douter... et c'est elle qui lui donne cette aura lumineuse même lorsqu'il est colère...

"C'est le modèle, le dieu des français"
Par Jean-Luc ALLOUCHE, René SOLIS, Marie-Christine VERNAY
Ecrivains, chorégraphe, directeur de théâtre analysent la geste Zidane, entre fluidité et sobriété.
Zidane, un artiste du ballon ? Depuis douze ans qu'il porte le maillot bleu, ses arabesques font le bonheur de l'équipe de France et enchantent les pelouses. Libération a sollicité les témoignages de personnalités du monde des lettres et des arts pour raconter ce joueur différent, singulier, unique.
Geneviève Brisac
Ecrivaine
«Une icône, notre d'Artagnan»
«J'ai toujours eu peur pour Zidane. Pas eu peur pour Platini, ni pour Lizarazu, ni pour Ronaldo. Mais pour Zidane, oui. Depuis presque dix ans que cette inquiétude dure, dix ans d'adoration collective, dix ans durant lesquels le chiffre dix lui-même a accédé à un prestige, à une gloire inégalée, imprimé sur tous les maillots, tous les drapeaux, chiffre dix héros des cantines et des cours de récré, je me fais du souci.
«Mes amis les spécialistes de foot, dans leur langage souvent obscur pour les non-professionnels, tentent de me rassurer. Zidane est un grand garçon et les grimaces de douleur que je crois lire sur son visage, les éclairs de dégoût que je devine dans ses yeux verts, je les invente. Il est le dieu des Français, leur modèle, le grand frère des minots, de Marseille à Roubaix. Une icône de la France qui change et qui gagne. Un pour tous, tous pour un. Notre d'Artagnan.
«Moi, je pense à Clovis, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré, au pouce tourné vers le bas qui incarne le væ victis, je pense que les foules sont versatiles, et que les taiseux font de bons boucs émissaires.
«C'est cela. C'est le silence de Zinedine Zidane qui me fait frémir. Ce silence qu'on dit arrogant, et que je trouve élégant. L'élégance a toujours été dangereuse.
«Tais-toi donc, tu n'as jamais rien compris au foot me disent mes amis les spécialistes de foot. Moi, j'essuie les verres pendant les arrêts, j'ai bien trop à faire pour pouvoir me disputer.»
Percy Kemp
Ecrivain anglais
«Plus qu'à la France, il appartient au football»
«Je ne suis pas sûr d'être la personne la mieux appropriée pour un papier sur Zidane. Parce que je ne connais de lui que le personnage public, et parce que je suis un étranger et que Zidane est une "icône française". J'ai beau être convaincu qu'il appartient au football plus qu'à la France, je risque d'être accusé d'ingérence, et d'aucuns crieraient vite à la perfidie d'Albion.
«Cela étant, bien plus que le talent exceptionnel qu'il a pour fusionner avec le ballon rond que sa remarquable intelligence du jeu et son sens inné de l'espace, ce qui me plaît chez lui, c'est la retenue dont il fait constamment montre, dans la victoire comme dans la défaite, quand la fortune lui sourit comme lorsqu'elle se détourne de lui pour déverser ses capricieux bienfaits sur ses adversaires. Il n'est que de voir les visages grimaçants de joie, les chevilles enflées, les poings rageurs et les bras d'honneur des buteurs venant de marquer, pour se rendre compte à quel point la sobriété du comportement d'un Zidane qui vient de mettre le ballon au fond des filets est précieuse.
«Nombreux sont les grands footballeurs qui, par leur technique comme par leur talent, nous séduisent et nous enchantent en flattant nos sens et en titillant notre vanité. Mais rares sont ceux qui, comme Zidane, nous rendent meilleurs que nous sommes, rien qu'à les regarder vivre et jouer.
«Je disais que, plus qu'à la France, c'est au football que Zidane appartenait. Je devrais à présent dire que, plus qu'au football, c'est au genre humain qu'il appartient. Kalos kagathos, diraient les Anciens : un homme bien.
Mathilde Monnier
Chorégraphe et directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier
«Elégant, zen : le Fred Astaire du foot»
«Avec Zidane, le niveau technique est tellement dépassé, sans doute, qu'on est directement dans le rapport tactile avec le ballon. Il est élégant, zen, comme si le monde du foot ne le concernait pas, ou en tout cas ne le séparait pas du ballon. C'est le Fred Astaire du foot. Son talent est total et sa grâce inexplicable pour un regard de danseur. L'ego disparaît au profit du geste absolu, engagé. Ça vient de lui, pas de ce qu'il représente, ça vient du coeur.
«Voilà, si je devais le comparer à un danseur, je parlerais de Dominique Mercy [figure emblématique de la compagnie de Pina Bausch, ndlr] ; il a la même douceur, le même calme, il est intemporel. Il a aussi, inscrit dans son corps, le souci de l'autre. Avec le Brésil, les sourires de respect et de défi fusaient, il comprenait les autres comme nous le faisons entre nous sur la scène, même s'il n'y a aucune complaisance car le but est de gagner.
«A la différence de bien des joueurs, Zidane ne porte pas l'agressivité que ce sport draine. Il n'essaie pas de mettre des buts mais de l'harmonie. Comme dans une partition musicale, il donne la note juste.
«Ce qui est incroyable, c'est la projection du corps. Franchement, nous les danseurs, on ne ferait pas ça. Il est capable en quelque sorte de sacrifier son corps dans le saut pour avoir la balle. Zidane, c'est un envol en connection directe avec le ballon, qui ne se soucie pas de la chute. Nous quand on saute, on envisage la retombée. Lui, c'est comme s'il allumait une mèche et hop, il est en l'air. On dirait Salia ­ ancien danseur burkinabé de la compagnie.»
Eric Vigner
Directeur du Centre dramatique national de Lorient
«Une héroïne durassienne»
«Ce n'est pas un héros mais un acteur sublime, une star comme Marilyn Monroe. Ce n'est pas un artiste qui cherche à transformer le monde, mais quelqu'un qui sublime le jeu. C'est un grand technicien, mais cela va bien au-delà, il est celui sur qui tout le monde se projette et auquel tout le monde s'identifie. Et cela n'est possible que parce qu'il a un don unique de présence, la capacité d'être là au moment où il faut. Pas avant ni après. C'est à cela qu'on reconnaît les très grands acteurs : ils sont entièrement concentrés sur ce qu'ils font, sans laisser jamais ressentir ni l'effort ni la performance. Zidane, il est là sans esbroufe, il a l'air de Monsieur Tout-le-monde. Alors qu'un Ronaldo est plus cabot. Pour reprendre des termes de théâtre, Zidane, c'est la catharsis. On l'aime parce qu'il est là, comme un grand acteur populaire. Ou comme une héroïne durassienne. Une héroïne, pas un héros. Ce n'est pas la force qui le caractérise, c'est la fluidité. Douceur, fluidité, présence : un Depardieu est aussi capable de cela. Mais pour moi, Zinedine c'est décidément Marilyn.»
Sources : Libération

Posté par Adriana Evangelizt

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