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Généalogie Rajbaut

L'arbre généalogique Rajbaut

Charles et Françoise et la Révolution Française Posté le Vendredi 12 Juin 2009 à 18h03

Pour commencer, voici la fiche de la famille de Charles et Françoise RAIBAUDO :

 

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Dès leur mariage en 1789 le couple va donc vivre des instants historiques car si, au début, Nice n'est guère concernée par la Révolution Française, sa proximité avec la France va l'y mêler. En effet assez rapidement (dès août 1789) les premiers émigrés français franchissent le Var (qui constitue alors la frontière) et s'installent à Nice, ainsi la veuve de Mirabeau, Mme de Riquetti, qui se remarie à la cathédrale Sainte Réparate avec le comte Foucard de La Roque.
Mais à Nice il y a aussi des Français partisans de la Révolution, à commencer par le consul Leseurre qui fonde un parti révolutionnaire ! Ainsi, sous le regard impuissant des autorités on voit dans les rues de Nice tantôt les royalistes qui arborent la cocarde blanche et crient Vive le Roi !, tandis que les sans-culottes répliquent par des Vive la Révolution !

Que fait donc le roi de Piémont-Sardaigne Victor-Amédée III ? Eh bien il ne fait rien et c'est le commandant général du comté de Nice qui décide de sévir contre les révolutionnaires : il réprime les manifestations, expulse, censure la presse et le courrier venant de Paris.
Bien évidemment les relations entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne ne peuvent que se détériorer, en 1792 les relations diplomatiques sont rompues et, le 23 juillet 1792, la guerre est déclarée à la France, le royaume concluant le 22 septembre un traité d'alliance avec l'Autriche.

Il n'y a qu'un problème, mais de taille : l'armée sarde est totalement inexpérimentée et ses officiers sont trop âgés : le 22 septembre 1792 la Savoie est occupée par les Français presque sans combat. Sous l'effet de la surprise et de la panique le gouvernement sarde ordonne la retraite pour protéger en priorité le Piémont.
Du coup l'armée sarde quitte Nice précipitamment le 25 septembre et la ville se réveille le lendemain vide de ses soldats et de sa milice alors que la flotte française de l'amiral Truguet croise au large et que le général Anselme, basé à Antibes (où se trouve entre autres Masséna), se prépare à franchir le Var avec 6.000 soldats.

A Nice c'est la panique, les fonctionnaires et leurs familles prennent la fuite, accompagnés par les émigrés : aristocrates, prêtres, magistrats, riches marchands, enfin tous ceux qui ont quelque chose à perdre de l'arrivée de ces révolutionnaires. Près de 10.000 personnes s'enfuient de Nice, soit par l'étroite route du littoral vers la Ligurie (à l'époque il n'y a pas encore les trois corniches), soit par la sinueuse route menant vers le col de Tende. Imaginez la scène, c'est une véritable marée humaine, les plus démunis partant à pied, certains seront dépouillés, voire assassinés, sur la route.

Et nos ancêtres dans tout cela ? Il est vrai que ce ne sont que de modestes agriculteurs vivant à l'écart de la ville, sur les hauteurs de Cimiez, ils n'ont pas grand chose à perdre, si ce n'est leur vie bien sûr. Mais surtout il leur est impossible de partir car Françoise est enceinte, sur le point d'accoucher de leur premier enfant ! Impossible de partir dans ces conditions, jugez-en : l'enfant va naître le 27 septembre 1792, deux jours après le départ des troupes sardes et alors que les troupes françaises vont entrer dans Nice le 29 ! Un pillage en règle des riches demeures abandonnées va s'ensuivre. Mais en même temps la vie continue. En effet dès le 30 septembre, soit le lendemain de l'arrivée des Français, Charles se rend à la cathédrale Sainte Réparate avec son bébé de 3 jours pour le faire baptiser sous le prénom de Stéphane avec son parrain, Stéphane TORDO et sa marraine Honorée TORDO épouse RIBAUDO. Les liens avec la famille TORDO (la mère de Charles) sont donc encore forts. La cérémonie se déroule apparemment sans problème.

 

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L'acte de baptême de Stéphane RIBAUDO.

 

Comme vous pouvez le constater si, jusqu'alors, le nom de famille s'écrivait RAIBAUDO ou RAYBAUDO, pour la première fois il est écrit RIBAUDO et certaines branches familiales vont garder cette orthographe. On trouve encore aujourd'hui à Nice beaucoup de RIBAUDO, à coup sûr il s'agit de lointains cousins.

 

La famille va donc rester à Nice et va changer de nationalité : Charles et Françoise seront les premiers Français de la famille. En effet le général Anselme expédie à la Convention son rapport sur la libération de Nice et met en place une nouvelle administration provisoire ... qui ne comprend que 4 Niçois sur 14 membres pour remplacer l'administration sarde qui a disparu. Le 4 novembre 1792 cette administration délègue deux députés à la Convention pour demander le rattachement de Nice à la France. Un plébiscite est organisé mais c'est une mascarade électorale : seules 16 communes du comté sur 45 peuvent voter, les autres étant encore défendues par les troupes sardes. Le 4 janvier 1793 est élu un conseil constitutif qui proclame aussitôt la déchéance du roi sarde et le 4 février 1793 Nice devient française, chef-lieu du nouveau département des Alpes-Maritimes (qui englobe la principauté de Monaco, également annexée pour l'occasion).

Bien entendu les biens des émigrés sont confisqués et vendus, certains en profitent pour s'enrichir, comme la famille Tiranty, des luttes d'influence éclatent, c'est le tourbillon de la Révolution qui arrive à Nice.
Et pourtant la Terreur ne semble pas avoir réellement sévi, la population ne se sent pas vraiment concernée par cette révolution, la francisation par l'éducation notamment ne donne pas de réels résultats, les élites s'opposent à la déchristianisation et le peuple s'afflige des tracasseries imposées au clergé. Des tracasseries me semble-t-il plutôt légères par rapport au reste du pays car j'ai constaté que les différentes paroisses de Nice continuaient à fonctionner et à tenir leurs registres de baptême, mariage et décès, sans même se référer au calendrier révolutionnaire qui n'est guère utilisé que par les services laïcs de l'état civil.
En effet à partir de cette époque on a à la fois les registres religieux en Latin et les registres civils en Français.
Malheureusement cette dualité ne m'a pas permis de retrouver les actes de naissance des deux enfants qui suivront, bien qu'il s'agisse de ceux qui auront une longue descendance (dont notre ancêtre suivant) : André, qui a dû naïtre entre 1794 et 1796) et Honoré (notre ancêtre direct), qui a dû naître entre 1796 et 1797. J'ai vraiment fait des recherches poussées, tant dans les actes de l'église que dans ceux de l'état civil, et je n'ai à ce jour rien trouvé, c'est le mystère, car je ne pense pas que la famille ait fui Nice à cette époque.
Toutefois il faut savoir qu'effectivement bon nombre de jeunes Niçois vont en quelque sorte prendre le maquis dans l'arrière-pays montagneux à partir de l'hiver 1792-1793, assaillant les soldats et les postes isolés, on les appelera les barbets. Mais par la suite, surtout après 1796, ces actions de résistance se transformeront en du simple brigandage. Charles serait-il devenu un de ces barbets ? Ses deux enfants suivants seraient-ils donc nés clandestinement dans l'arrière-pays ? Je ne peux pas répondre à cette question et sincèrement j'en doute, mais si c'était le cas les parents ont nécessairement fait baptiser leurs enfants, si je trouvais la trace de ces actes de baptême dans un village de l'arrière-pays, cela prouverait effectivement qu'ils ont fui Nice à cette époque.

Mais si c'est le cas, il apparaît qu'au plus tard en 1800 ils sont revenus vivre à Cimiez, en effet Françoise va mettre au monde le 30 janvier 1801 deux jumeaux, des garçons prénommés Lazare et François. Ce sont les premiers de la famille pour lesquels j'ai deux actes d'état civil : l'acte de naissance laïc et l'acte de baptême religieux et ce qui est amusant c'est que l'acte civil est daté selon le calendrier révolutionnaire (pluviôse an IX) tandis que l'acte religieux est daté selon le calendrier chrétien.

 

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L'acte de naissance de François et Lazare RAIBAUDO.

 

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Et leur acte de baptême.

 

S'agissait-il de vrais jumeaux ? Je l'ignore. François a pour parrain François CUGIA et pour marraine l'épouse de ce dernier et Lazare a pour parrain un Lazare RAIBAUDO et pour marraine l'épouse de ce dernier. Ainsi le prénom de Lazare était quand même assez courant dans la famille depuis près d'un siècle !

Malheureusement cette naissance va entraîner un drâme : leur mère Françoise va mourir en couches puisqu'elle est décédée à peine un mois plus tard, le 9 février 1801. Je n'ai pas trouvé son acte religieux, mais seulement l'acte civil portant là aussi la date du calendrier révolutionnaire (21 pluviôse an IX), sur cet acte le prénom du père de Françoise est indiqué comme étant André alors que sur son acte de mariage c'était Jean-Baptiste : mystère. Françoise n'avait que 38 ans, on imagine aisément le drâme que cela a dû être : l'aîné des enfants (s'il était encore en vie à cette époque) n'avait que 9 ans et notre ancêtre Honoré n'en avait que 4.

 

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L'acte de décès (civil) de Françoise Andreis épouse Raibaudo.

 

Charles s'est-il remarié ? Un indice me le laisse penser car sur l'acte de mariage de son fils André en 1832 il est mentionné que Charles était veuf de Françoise ANDREIS puis d'une certaine Catherine GHIS (enfin si j'ai bien compris le texte rédigé en Latin !). En revanche sur l'acte de mariage de notre ancêtre Honoré en 1825 il n'est pas fait mention de cette Catherine GHIS. S'agit-il seulement d'une erreur ? Ou bien Charles se serait-il remarié entre 1825 et 1832 ? Un remariage bref puis qu'en 1832 il aurait été à nouveau veuf. A ce jour je n'ai pas trouvé d'acte de mariage entre Charles RAIBAUDO et une Catherie GHIS mais cela n'aurait rien n'invraisemblable, seulement je me dis qu'il se serait plutôt remarié peu de temps après le décès de Françoise afin de redonner une mère à ses enfants.

Entre temps en 1815 après l'épopée napoléonnienne et les Cent-Jours, Nice est retournée au royaume de Piémont-Sardaigne : Charles n'aura été Français que 22 ans environ, certainement sans jamais avoir su parler Français !

J'aborderai la période napoléonnienne et les derniers jours de Charles dans mon prochain message.

               (à suivre)

Un commentaire. Dernier par RAJBAUT le 30-08-2009 à 20h30 - Permalien - Partager
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