Vendredi, dans le train, je lis Voss, mon premier bouquin sur ma liste de romans australiens... nous sommes dans les premiers chapitres, le héros (allemand) rencontre une jeune australienne (Laura) avec laquelle les choses sont ambigües... ils sont sur la plage lors d'un pique-nique avec une troisième larronne (Una) qui leur parle d'un jeune-homme bien vu du coin sur lequel elle a des vues sans oser l'avouer...
"Mais on ne peut s'empêcher de se demander qui sera l'élue.
_ C'est vrai, approuva Voss, Mr McAllister est de toute évidence une des assises de l'édifice."
Tout en marchant, il projetait le sable devant lui et le vent l'emportait pour le disperser dans une blancheur bleutée.
"J'ai été chez lui, dit Voss et j'ai vu sa maison. Elle résistera indéfiniment aux intempéries et aux insectes."Una rayonnait.
[...](Laura) serra les épaules.
"Je ne voudrais pas..." commença-t-elle.
Le sable soulevé par Voss l'hypnotisait.
"Quoi ? interrogea Una sévèrement.
_ Je ne voudrais pas épouser de la pierre."
Una eut un rire forcé.
Mais ce qu'elle voulait, Laura ne le savait pas ; elle le voulait, voilà tout. Elle était hantée par une insatisfaction lamentable, vraiment déraisonnée.
"Vous préférez le sable ?" demanda Voss.
Il se baissa et en ramassa une poignée qu'il jeta en l'air où il brilla et quelques grains vinrent lui piquer le visage.
Voss aussi riait.
"Presque", avoua Laura, non sans amertume.
Elle fut la troisième à rire, mais avec une telle liberté qu'elle semblait ne dépendre plus de personne.
"Vous regretterez, dit Voss, quand le vent aura tout emporté."
Et là soudain c'est l'illumination... car cette petite conversation fait référence à un passage précis de la Bible :
C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande. (Matthieu, 7 24-27)
Un texte que j'ai l'habitude de citer pour décrire ma relation avec Jojo.. Poussin c'est mon roc, celui sur lequel je peux tout construire. Le reste, mes fantasmes, mes fantômes ne sont que du sable. Mon cerveau va alors à toute vitesse pour analyser toute la richesse de sens que ce texte prend dans ma vie.
Et soudain je me dis que je VEUX ce texte pour mon mariage. Que je veux que ce texte soit la pierre angulaire de la cérémonie. Pour que mes amis, ma famille, tous ceux qui soient présents comprennent que le sens du sacrement il est là pour moi, dans cette volonté de construire sur le roc. J'ai une autre phrase qui me vient aux lèvres mais je n'arrive plus à en trouver l'origine : "tout ce que je construis sans le Christ s'écroulera, seul ce que je construis avec le Christ tiendra pour toujours". Phrase dont j'ai pu expérimenter des milliers de fois la profonde vérité.
Et puis autour de ce texte gravitent tellement de choses qui peuvent m'inspirer...
Traditionnellement lorsqu'on prépare un mariage, une des premières choses est de choisir une couleur ou un alliage de couleurs qui va donner la note de toute la décoration, de la robe, des faire-parts, des fleurs, etc. Le choix de cette couleur dans mon cas peut être dur car il ne faut pas ensuite que ma couleur rappelle trop celles des précédents mariages de mes cousines (bordeaux pour l'une ; jaune/orange/vert pour l'autre).
Je me dis donc que je peux m'inspirer de cette fameuse parabole. Choisir de jouer sur le sable et le roc... et pour ma plus grande stupeur, en parcourant rapidement les catalogues en ligne de robe de mariée, je me suis rendue compte que ces couleurs sont TRES à la mode...