Bel Eclat

Deux petites réflexions que nous nous sommes faits ces derniers temps (enfin surtout moi) :

Tout d'abord nous aimerions demander à nos convives DE NE PAS NOUS FILMER. Je ne payerais pas de caméraman pour "faire le film du plus beau jour de ma vie" et je me tâte pour les photographes (j'ai suffisament de connaissances qui font de la photo pour ne pas avoir à passer chez un "professionnel"). Quand aux caméramans amateurs, je n'en veux pas. Je ne veux pas être troublée pendant que j'écoute l'homélie parce que je me rends compte que mon oncle Robert est en train de me filmer et que je ne sais pas quel tête faire ou quelle attitude prendre. Je ne suis jamais naturelle face à une caméra. Et je veux surtout que mes convives soient assis à écouter les choses forcément passionantes que nous dira Pierre ou que je puisse chanter les yeux fermés en savourant l'instant. Je veux pouvoir verser ma petite larme si je dois le faire, lorsque nous entendrons "Shalem" pour les signatures en serrant la main de mon mari, sans que cela soit gravé pour l'éternité, rendant le geste forcément ridicule et caricatural.

Je veux que mon mariage soit quelque chose d'unique, qui se vive sur le moment présent, sans être conservé "en apparence" à tout jamais.

Je prends de toute façon très peu de photos "touristiques" quand je voyage, considérant que si je veux une vue du Louvre, je peux m'acheter une carte postale qui sera forcément mieux prise et détestant les albums "moi et la pyramide du Louvre" " moi et la Tour Eiffel" "moi et la plage". Je trouve cela d'un ridicule achevé. Ceci dit je ne jette la pierre à personne hein, et je pense que beaucoup de ceux se photographiant devant les monuments trouveront les photos que je fais lors de voyages complètement ridicules elles aussi "un panneau qui m'a fait rire" "un nuage qui était joli" "Truc qui prend Machin en photo pendant qu'elle regarde Bidule".

Donc pas de film et le minimum de photos pour que tout le monde puisse profiter du moment présent.

Deuxième truc qui me posait un énorme problème et qui donne son nom à cet article : le gros bisou qu'on échange après les consentements.

Cette pratique n'est pas traditionnellement européenne ni bien sûr catholique. Le rituel n'en fait pas mention. C'est une tradition américaine qui s'est introduite chez nous par le biais des romans et surtout des films et des séries américaines. Jusqu'à il y a une vingtaine d'années, personne ne s'embrassait devant l'assemblée. C'est pas vraiment le genre de la maison d'ailleurs.

Il y a une certaine magie lorsque deux personnes s'embrassent, que je ressens toujours lorsque les lèvres de Jojo se pose sur les miennes 5 ans après, que je veux ressentir ce jour là mais que je ne peux pas ressentir en public.

Et franchement le jour de mon mariage, le jour du sacrement ultime de mon union à mon Jojo, je ne veux pas d'un baiser sans saveur.

Mais en même temps, si on ne fait rien, ça va paraître fade et j'aime bien l'idée d'un geste symbolique montrant que le mariage est "consommé".

Alors j'ai réfléchi et la solution s'est présentée d'elle-même. Une solution que je trouve parfaite car pudique et symboliquement très forte à la fois.

On va tout simplement prendre l'injonction au pied de la lettre.

Jojo va donc tout simplement me prendre chastement dans ses bras.

Parce que c'est un geste qui a du sens pour moi. Parce que je prends dans mes bras les gens que j'aime dans certaines circonstances. Mais que là, subtile différence qui change tout, le geste ne viendra pas de moi, mais de Jojo.

Je trouve ce geste riche de mille et un sens qui vont tous dans le sens de notre union. Et en même temps qui bouscule les habitudes établies avec une pointe d'humour.

Bon bien sûr là je viens de vous gâcher l'effet de surprise. Mais en fait ce n'est pas grave, parce que ce n'est pas l'effet voulu. Je ne cherche pas à bousculer à tout prix la tradition en refusant un voile ou d'embrasser mon mari devant mes parents. Je veux simplement que chaque geste ait un sens et que chacun soit capable de le comprendre.