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WORLDATTIDUDE

FICTION OU REALITE

UN TRUC DE OUF!!! Posté le Vendredi 22 Février 2008 à 19h15
 Février 2008

Et si c’était vrai … ?

IT 169 - Février 2008

vendredi 1er février 2008.


Il y a deux mois, au moment de la Journée Mondiale du sida, les médias suisses ont répercuté les déclarations “fracassantes” de Bernard Hirschel, le spécialiste du VIH à l’hôpital Cantonal de Genève. Le discours était simple : une personne atteinte par le VIH, traitée et ayant une charge virale indétectable, n’est pas à risque de transmettre le virus au cours de ses relations sexuelles.

Est-ce vrai ? Très probablement oui. Ce genre d’information circule depuis longtemps déjà. Julio Montaner, spécialiste canadien du VIH, l’avait lui-même affirmé publiquement dans plusieurs congrès. Bernard Hirschel se distingue, non seulement par ses compétences, mais par son “parler-vrai” qui en fait un homme très sympathique à côtoyer. Il n’a donc pas hésité à diffuser cette information, pour la première fois, dans la presse grand public.

Bien des médecins ont abordé cette question depuis des années avec les patients qui leur semblaient être à même d’en tirer parti : ceux qui, au sein d’une relation stable, reconnaissaient qu’ils avaient des difficultés à utiliser des préservatifs en permanence. Tous (médecins, associatifs) connaissent de nombreux couples stables sérodifférents et qui le restent, sans que le préservatif soit utilisé. Peut-on pour autant se permettre de dire que le risque est quasiment nul ? Oui, puisque B. Hirschel l’a fait ! Non, si on se dit que, dans un contexte de “judiciarisation” grandissante, cela pourrait nuire à la personne qui fait cette affirmation.

Au sein des associations, le malaise est palpable. D’abord, plusieurs des “grandes” associations de lutte contre le sida ont depuis des années un abord différent, pour ne pas dire plus, du discours de prévention et de réduction des risques. Ensuite, au sein même des associations, les points de vue divergent : il n’est qu’à voir la vivacité des discussions qui ont eu lieu dans notre Comité de Rédaction d’InfoTraitements sur ce sujet. Fallait-il en parler ? Les uns étaient pour, les autres non, ou en tout cas de manière plus nuancée.

Être pragmatique et réaliste, c’est prendre acte que le discours de la prévention “pure et dure”, 100 % des relations protégées, fonctionne très mal vingt-cinq ans après l’apparition de l’infection. Les contaminations ne diminuent pas (contrairement au discours lénifiant de l’InVS*), y compris et surtout chez les gays, une population particulièrement touchée et en principe bien informée.

Mais le risque est-il vraiment nul ? Non sans doute, car le risque zéro n’existe pas. Si l’on doit chercher à citer des cas de personnes qui se seraient contaminées au cours de relations avec un partenaire ayant une charge virale indétectable, on peine à en trouver. Cela ne signifie pas pour autant que ces cas n’existent pas.

Et comme on sait que la charge virale dans les sécrétions génitales n’est pas toujours la même que dans le sang, il y a un risque théorique (faible) de contamination. Diffuser cette information en appelle à la responsabilité de chacun.

Les avantages sont importants, tant ce fardeau de la peur de contaminer ou d’être contaminé peut être lourd à porter. Si une procréation est envisagée, elle pourrait l’être sans risque de contaminer le partenaire séronégatif et sans un recours lourd et peu accessible aux techniques de PMA. Un changement radical…

Dans un couple stable (homo ou hétéro) formé de deux personnes responsables communiquant bien, il y a tout à gagner à aborder cette question franchement et à décider, en toute connaissance de cause, d’avoir ou non des relations protégées.

Mais comment ne pas craindre les interprétations risquées de ce principe dans un contexte de relations multiples et anonymes, où le risque de transmission peut exister bel et bien, tant il est difficile de connaître la charge virale de son partenaire, de savoir si son observance au traitement est excellente, et s’il n’est pas à risque de transmettre l’une de ces autres IST en recrudescence (voir notre article dans ce numéro) qui constituent en plus une porte d’entrée facilitée pour le VIH ? Dans de telles situations, le préservatif est irremplaçable, ne l’oublions pas !

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