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822km...

...entre Aix et Saarbrücken

L'Allemagne me manque. Posté le Lundi 7 Septembre 2009 à 14h10

En me baladant dans la cité U, j'ai fait connaissance de deux gars, qui, lorsque j'ai dit que je venais de Moselle, m'ont dit « ah, t'es Allemande alors. On parle pas aux Allemands. C'est fini la guerre ? Ah oui, ça s'entend en fait quand tu parles, haha ». Ils plaisantaient, mais tout de même. Ça vaut le coup de développer un peu l'idée. Pour l'accent, ça ne m'a pas gênée, car j'ai bien l'habitude, et j'en suis assez fière de mon accent dégueulasse (non, pitié, je veux pas prendre celui du Sud...le mélange des deux, imaginez un peu !). Le problème, c'est que pour eux la Moselle est encore associée à l'Allemagne, et surtout que l'Allemagne est associée à la guerre. Je trouve ça assez énorme. On habite pourtant le même pays. Une fille de ma classe m'a dit samedi « mais t'habites près de l'Alsace ? Ah oui, donc tu sais parler allemand. J'ai un ami qui venait de MeTz(ouais, prononcez le T). C'est vrai que la région là-bas, Français, Allemands, on sait pas trop. » Si, justement. On sait. Et si tu apprenais un peu la géographie et l'histoire de ton pays, tu saurais aussi.

Pourtant... ils n'ont pas tout à fait tort. Non, ne vous inquiétez pas, la Moselle n'a pas été encore annexée au pays de la bière. Mais dans le fond, ils ont raison.

Je suis une Lorraine, ou plus précisément une Mosellane, certains iront jusqu'à vous dire une Bitcherländer, en manque de son pays. Pardon ? Je suis à Aix-en-Provence (13) et mon pays me manque. L'Allemagne me manque. Non, je n'ai pas la prétention de me considérer Allemande plus que Française sous prétexte que j'y aie passé 1 an et demi. Non. Il ne s'agit pas de ça.

On a pu me charrier sur mon accent, sur mon parler, sur mes expressions, et même me dire que j'allais partir à l'étranger en allant dans la France, la vraie. Eh bien, j'ai ri, mais au final c'est bien ce qui se passe.

Tout d'abord, les différences que l'on remarque, c'est au niveau du cadre. Oui, ici il fait 30 degrés depuis le début de la semaine, et beau, même s'il y a pas mal de vent. Oui, ici les bâtiment sont clairs à tuiles rouges. Oui, ici ça sent la lavande (okay, pas partout, mais si on va près de l'IAE, oui). Mais il y a, bien au-delà de ces quelques différences environnementales, des différences culturelles. (Spéciale dédicace à Prof. Dr. Mme Mathieu)

Ici, on peut traverser n'importe comment. Ici, on peut klaxonner comme un fou quand l' « engculé » de devant n'avance pas assez vite. Ici, on ne trie pas les poubelles. Ici, on paie nos courses plus cher. Ici, si on passe au secrétariat, on se fait envoyer sur les roses. Ici, les gens sont superficiels. (ce dernier point ayant été confirmé par des Aixois). Ici, deux personnes qui font la queue peuvent entamer une conversation. Ici, on dit merci au chauffeur quand on sort du bus.

Bien sûr, le soleil donne un air de vacances dont on a du mal à se défaire. Bien sûr, la ville est magnifique. Mais j'ai vraiment du mal à me sentir chez moi. Pas parce que je trouve la façon dont se passent les choses ici mauvaise. Non. Simplement parce que je n'y suis pas habituée. Et pour être franche, je n'ai pas trop envie de m'y habituer.

J'aime pouvoir attendre au feu que le petit bonhomme passe au vert avant de m'engager, sans que les gens autour me regardent bizarrement. J'aime ne pas me sentir stressée en conduisant, parce que le Arschlöchel de derrière trouve que je ne roule pas assez vite. (oui, je dis « rouler », et alors ?) J'aime pouvoir respecter l'environnement en triant mes poubelles. J'aime pouvoir avoir le frigo plein pour trois fois rien. J'aime demander un renseignement et savoir qu'on se donnera la peine de me répondre. J'aime avoir quelques amis mais savoir que je peux compter sur eux.

Bon, j'aime aussi le fait de pouvoir discuter dans une queue et d'être polie avec le chauffeur de bus, tout ne me déplait pas ici, soyons honnêtes.

Le fait de vivre à la frontière, et de passer pas mal de temps en Allemagne, m'auront peut-être donné un style de vie plus « outre Rhin » qu'à la normale. Et c'est surement pour cette raison, que maintenant, j'ai l'impression d'être partie pour un semestre à l'étranger. Évidemment, les habitudes ça se perd, et ça se prend. Mais la façon dont on ressent intimement les choses ne change pas.

Alors qu'en est-il finalement ? Je suis bien Française, ma carte d'identité vous le confirmera. Mais je dirais que je suis Allemande par adoption. J'aime l'Allemagne. Et si j'en doutais encore, maintenant j'en suis convaincue. Je le ressens.

Je vais donc vivre ses 6 mois dans le Sud de la France comme une étudiante Mosellane, qui vient de loin et qui vit les choses d'une autre façon que quelqu'un qui a grandi avec le Mistral (qui commence à me rendre folle d'ailleurs... le bruit du vent c'est fichtrement insupportable !) et un verre de Pastis à la main. Mais au bout de ces 6 mois, je vais rentrer. Je vais rentrer chez moi, là où on vous sert les verres par demi-litres, avec une petite mousse blanche sur le dessus.

Noémie et Solenne nous ont demandé « aigle ou coq ? » lors de notre dernière soirée à Sarrebruck, eh bien les filles, je suis maintenant en mesure de répondre « aigle ! », sans aucune hésitation.

Par conséquent, je sais où je vais chercher mon stage en priorité...


K.

2 commentaires. Dernier par anaïs le 10-09-2009 à 15h54 - Permalien - Partager
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