Enfant je batifolais dans les rues de mon village ;
Je rêvais tous les jours me rendre à la métropole.
Je n’avais pas dix ans, mon père m’empêchait de m’y rendre
Mais comme je risquais de pleurer, le vieil instituteur me gavait de sucreries.
Personne ne pouvait m’éloigner de mes belles et douces rêveries.
Tous les jours j’y pensais, car il n’y avait rien de plus splendide
Que la belle ville avec ses grands immeubles et ses grandes tours,
Et la lagune Ebrié comme une chaîne de perle à un cou
Donnait à ce pittoresque décor une touche que mon esprit seul
Percevait. Mon rêve n’avait pas de prix, personne ne pouvait le ravir.
Je tentais en vain de faire du vide en mon âme,
Mais le spectre de notre fausse capitale envahissait mes pensées.
Un jour vint comme une lueur dans la nuit, c’était le temps des vacances.
Une grande ville portait au cœur de ses habitants sa griffe,
Guiglo, le village de mon père ou le jour m’a vu naître de ma mère
Avait réussi à me mettre au cœur beaucoup de nostalgie.
Le sommeil n’arrivait plus à comprendre ma joie et ma larme
Qui me sortaient, l’une des pores, l’autres des yeux.
J’étais sincère ainsi que le rhumatisme chez les vieux,
Je n’avais pas d’autres pensées ni soucis, j’aimais Abidjan
Et pour cet instant si spécial j’avais oublié tout même ma famille.
Il y est des fois quand l’ennui semblait se trouver au sommet du comble
Une heure paraissait être un jour, un jour un siècle
Et six cents kilomètres de route semblèrent une trop longue distance.
Je dévorais du regard les villes et villages, les paysages de la foret.
Finalement sans peine ni douleur j’atterris les deux pieds dans l’eau
Du bonheur ;j’étais à Abidjan, ce beau village Tchaman
Qui étalait par cette première nuit la toile de ses charmes
Sur les yeux rêveurs du petit broussard venu des bords du Nicla.
L’émotion et ses compagnes d’un instant, la joie et l’éblouissement
Chantaient en chœur à la même minute dans l’intérieur de mon âme.
Si on m’avait parlé d’un quelconque paradis de Dieu dans un quelconque ciel
Je n’aurais pas accepté Jésus-Christ.Je sentais le parfum du fruit de la vie
Gardé en Eden, c’est vrai ! Je me trouvais au paradis.
Si j’étais au ciel ou sur terre, je ne peux le dire avec justesse,
Cependant je me trouvais à Abidjan, ville de mes rêves, l’autre nom du paradis
Et lorsque l’éveil dans sa tunique blanche vint me délivrer du sommeil
A peine j’avais la force d’ouvrir les yeux, tant j’étais loin de tout,
Près de Dieu, au ciel, à Abidjan, le vrai nom de