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soudaine vision Posté le Vendredi 29 Août 2008 à 16h36

        Tout à coup une vision, ces sortes de rêve qu’on rêve l’œil ouvert

        Sur une face étonnée ; ces sortes de rêve qui sont les flash des cieux

        Dans nos pensées distraites tout le temps par la grisaille du temps,

        Superflu utile qui envahit les âmes. Tout à coup donc cette vision

        Haute dans la plongée du pays qui scintille des éclats sombres,et

        J’aperçois dans une file droite cinq personnes sereines s’avancer

        Dans un pas dignement militaire, les mains des uns sur l’épaule

        Des autres, le premier, pardon la première la main sur le dos du vent

        Qui souffle dans tous les sens.L’un après l’autre, les soldats fiers

        De ce bataillon de fantômes, se détachèrent du groupe pour dévoiler

        Leur identité cachée sous le masque hideux du prisme déformant

        Placé dans l’iris des hommes dont la pensée tout comme la langue

        Change à la couleur du temps ; ces hommes du village des caméléons

        Qui se lèvent avec le soleil mais refusent de s’étendre sur son lit jaune.

        Premièrement une femme aux cheveux longs et au sourire de gomme :

        -je suis la femme de tout le monde, la prostituée sans visage ni parti

        Politique, la sentinelle des libidos insatisfaites et de tous les adultères,

        Celle qui dort quand le pays traîne les pieds, celle qui travaille fièrement

        Quand le pays s’amuse, celle qui n’a ni congé ni férié dans l’année,

        Celle qui ne pleure jamais malgré ses ennuis et qui trouve sans cesse

        La force de conjurer le sort mauvais, celle que la police traque en permanence,

        Celle qui n’a pas de syndicat car n’ayant que des devoirs envers

        Tout le monde qui ne me reconnaît aucun droit, celle qui console

        Les ministres de la république et ceux que les femmes ignorent cruellement.

        Deuxièmement un homme en sueur, une lanière de cuir attachée à son bras :

        -je suis l’homme de toutes les femmes, le porteur de charrette,

        Charrié par les vicissitudes, celui qui use ses reins d’étranger

        Venu des terres sèches du Niger, celui qu’on traîne comme un chien

        Dans les détours des marchés puants, celui qui dort avec treize cousins gueux,

        Riz et haricot tristes dans le ventre qui grossit de misère avilissante

        Troisièmement une femme, jeune avec ses frêles jambes et  son regard entêté :

        -je suis la jeune fille du nord qui de lève quand sommeille le soleil rouge

        De nos tropiques en chaleur, celle qui tient entre ses mains le balai matinal

        Dans la cour familiale de sa grand-mère qui partage ses nuits avec le délire,

        Celle qui prépare le petit déjeuner de son père sévère avec ses principes du Coran,

        Celle qui part avant le réveil tardif du jour sur les routes de nos marchés

        Ou se trouve l’argent du travail, du mérite et de l’abnégation vrais, selle

        Pour une jeunesse sans goût ni sel.

        Quatrièmement un homme, jeune avec ses nauséabondes loques de boulot :

        -je suis le jeune homme sale qui tient en main la portière du Transport,

        Celui qui fait le griot des quartiers d’Abidjan, celui qui parle bien

        Son français à l’envers, celui qui essuie les quolibets des clients qui râlent,

        Des chauffeurs qui grognent au volant de leur vieille voiture, tacot grippé,

        Ferraille qui désengorge les masses, celui qui appelle, accueille, installe

        Et compte les vieilles pièces de monnaie balafrées des clients qui m’amusent,

        Me taquinent, m’encouragent, celui qui tombe malade tous les dix ans grâce à Dieu.

        Enfin s’avança le dernier de cette légion d’honneur que j’écoutais joyeusement

        Sur les ovations des ombres qui me regardaient avec beaucoup de patience.

        -je suis l’être charmant qu’étranglent les mains corrompues,

        L’être doux que brûle le feu de la haine, celui qu’étouffe la grande paresse

        Des hommes aux visions différées. Je suis le rêve qui dort en l’homme,

        La lumière sous le boisseau du chaos de nos Etats aux politiques louches

        Qui bouchent les bouches des couches sur la touche de la pauvreté.

 

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