Le prisonnier ne porte pas toujours aux pieds des chaînes,
Pourtant il sait faire la différence entre Paradis et Enfer.
Lorsqu’on marche droit dans le désert de la nuit vilaine
Et qu’on regarde la voûte se recouvrir de nuages,
Il n’est pas impossible qu’on tombe dans l’abîme de la vie.
La vraie prison pour l’homme, geôle hermétique et infranchissable
Avec ses murailles plus solides que Bastille, plus hautes que Jéricho,
Se trouve dans l’âme orgueilleuse, dans l’esprit démesurément hautain.
Lorsque les hommes, prisonniers de leurs loisirs exécrables
Feignent de voir à leur cou le joug inflexible de l’insouciance assassine
Il ne reste plus qu’à Hitler de s’asseoir à la droite de Jésus-Christ.
Lorsque les hommes avec leur long poil, leurs logues moustaches noires
Se bercent à trente ans dans les douces rêveries de Noël,
Il ne reste plus qu’aux enfants de diriger le monde.
Quand l’âme semble enchaînée dans le bagne de notre intérieur,
Elle ne peut en sortir que grâce à la clé des convictions fortes.
Si un fils a le malheur d’avoir un père ami des bouteilles,
Il ne devrait pas s’attendre à Alice au pays des Merveilles ;
L’Etat ne viendra jamais vêtu de laine rouge et monté sur un char
D’où scintilleront pimpantes et claquantes de nombreuses liasses d’argent.
Si entre deux maux on devrait choisir le moindre,
Misère et Pauvreté c’est la même chose qu’Apartheid et Esclavage.
Deux cents ans de ségrégation ont enfanté le peuple noir d’Amérique
Cent ans de colonisation ont engendré Césaire et
Mais cinquante ans d’Indépendance n’ont eu rien que des poupées d’occident
Tout est possible à l’Afrique qui croit, à l’Afrique des Africains
Qui croient qu’au-delà de la réalité des inutiles tueries et guerres insensées
Se cache un continent plein d’un rayonnant avenir, riche et prospère.
Si l’on vous prêche, frères d’attendre dans vos chaises handicapées
Que Dieu envoie du ciel du riz et du poisson, on vous trompe,
Jésus-Christ n’est pas le cuisinier des prisonniers de l’esprit.