Je ne cesse tous les jours qui passent
De me souvenir de temps jadis,
Lorsque dans la foi, loin des vices
Mon cœur plein de vie se vidait d’angoisse
Je ne cesse toutes les nuits qui coulent,
Calmes avec leur suave odeur de froid,
Dans la force que procure Jésus sur la croix,
De voir mon âme prendre plaisir hors des foules.
Elle est pourtant bien loin derrière,
Cette époque d’amour, de zèle, époque de foi
Avec ses cantiques, ses méditations sur
Dans l’espérance que donne une bonne vie de prière.
Déjà bien longtemps, depuis un bon moment,
Mon cœur réduit sa ferveur de demi
Et comme un chien qui après avoir vomi
Retourne sans gène avec envie à ses vomissements.
Mon âme erre çà et là dans un vaste désert
Avec son sable dans le vent, avec son froid dans la nuit
Noire qui d’un feu tout rouge brille et luit,
Une nuit noire que perce les yeux d’Eben-Ezer.
Mon cœur de remords regrettables est envahi,
Mordu par les violents cris d’amères douleurs
Qui naissent par la marche à reculons vers la lueur
Quand on sait en vérité Dieu avoir trahi.
La lumière qui sauve touche mon corps par le dos
Pendant que mon visage baigne dans la marre ténébreuse
La marre mouvante profonde, mouvante boue vénéneuse
Qui ronge mon âme jusqu’au loin vers les os.
Assis pourtant dans la foule nombreuse et bruyante,
Mangeant pourtant avec mes amis, priant avec l’église
Je me sens seul, si seul que mon cœur se brise
Là-bas tout au fond que ma main flotte dans la fente.
Couché pourtant dans le noir de ma chambre,
Mon souvenir se noie dans la mer de délices
Que Dieu prépare pour tous ses nouveaux fils
Qui du corps du Christ se réclament être membres
Il ne me reste plus rien, plus rien que des souvenirs,
Moi qui autrefois pénétrait les secrets de Dieu
Moi qui autrefois connaissait la sagesse des cieux ;
Il ne me reste plus rien, je ne connais plus mon avenir.