Poème
Il neige des flots sur le désert
Le sol aride reçoit de gros flocons.
Les vautours avaient pour dessert
Les restes asséchés des faucons.
Les lions qui supportent mal la faim
Maigrissaient sous leur belle crinière.
Les ténèbres ont aussi une fin,
La lumière touche aussi la paupière
De ceux qu’ éventre la grande douleur.
Le poète avait un énorme chagrin
Sa vie entière sentait le malheur.
Sa plume n’avait jamais craint rien
Son regard n’avait jamais eu peur,
Son cœur,invisible livre du corps
Lui dictait des notes de stupeur.
Son âme dont tous les décors
Sont les sentiments des hommes
Palissait sur cette scène austère.
Les figues,les abricots ,les pommes,
Tous les fruits de cette terre
Etaient aigres dans sa bouche.
Malgré cette sombre désolation,
Le moustique et son ami la mouche
Ne cessaient de prendre leur collation.
La pluie glissait du ciel sur ce désert,
Les gnous, éternels proies des lions
Chantaient leur retour sur ce sol vert.
Le rossignol volait sur les sillons
De la lumière qui pénétrait soudain
Le cœur du poète triste dans son rêve
Un clin d’œil, et sa vie et son destin
Mettaient un terme absolu à la grève
Du bonheur qu’avait décrété la nature.
Avait-il vu un ange, avait-il vu Dieu ?
Quelqu’un avait-il brisé la clôture
Qui l’emprisonnait dans ce triste milieu ?
Avait-il un nom, cet étrange ange des cieux
Avait-il un visage, ce dieu étincelant.
Il avait un sourire et de magnifiques yeux.
Ce dieu brillant, cet ange éclatant
Portait un nom simple, un visage unique.
Carelle est son nom, Carelle son visage