Dans sa lettre de démission adressée à MM. Olmert et
Peretz, le général Haloutz affirme que sa «conception de sa
responsabilité» l'a poussé à démission. «J'ai atteint l'objectif que je
m'étais fixé à la fin de la guerre du Liban qui consistait à étudier puis
à tirer les leçons de ce qui s'est passé. Je considère dans ces
conditions qu'il est de mon devoir de quitter mes fonctions
immédiatement», y a souligné le général Haloutz.
M. Olmert a
pour sa part tenté en vain de le convaincre de reporter sa démission
afin d'attendre les conclusions d'une commission d'enquête sur la
guerre au Liban, a ajouté la radio publique. Les conclusions de cette
commission devraient être rendues publiques le mois prochain.
Le
général Haloutz, ainsi que M. Olmert et Peretz, ont été très durement
critiqués par les médias et l'opinion publique à la suite des
opérations menées contre le Hezbollah.
Durant l'offensive
lancée du 12 juillet au 14 mi-août, l'armée israélienne n'est pas
parvenue à empêcher les tirs de roquettes contre le nord de l'État
hébreu contrairement aux assurances données par les responsables
militaires et politiques au début des combats.
Le général
Haloutz a justifié sa démission en expliquant qu'il entendait ainsi
«assumer ses responsabilités». Jusqu'à présent le chef d'état-major
avait résisté aux pressions estimant qu'une démission constituerait
«une solution de facilité».
Des dizaines de milliers de
personnes, dont des réservistes ayant servi au Liban, avaient pourtant
manifester pour exiger dès la fin des combats la constitution d'une
commission d'enquête.
Les manifestants dénonçaient notamment
l'impréparation des unités régulières et des réservistes engagés dans
la guerre, la confusion et les contre-ordres fréquents du commandement
et le fait que l'armée n'avait pas rempli ses objectifs, à savoir
briser l'appareil militaire du Hezbollah et obtenir la libération de
deux militaires israéliens. Leur enlèvement début juillet par le
Hezbollah avait déclenché le conflit.
Le gouvernement avait
voté le 17 septembre la création d'une commission gouvernementale de
cinq membres présidée par le juge à la retraite Eliyahu Winograd, afin
d'enquêter sur l'offensive contre le Hezbollah.
La guerre a fait 162 tués dans les rangs israéliens, dont 41 civils.
L'image
du général Haloutz avait également été sérieusement ternie lorsque la
presse avait révélé qu'il s'était livré à des opérations boursières
quelques heures avant le déclenchement de la guerre en prévision d'une
baisse des cours.
Le général Haloutz (58 ans) est le premier
aviateur à avoir accédé au sommet de la hiérarchie militaire le 1er
juin 2005, après en avoir gravi tous les échelons depuis l'âge de 18
ans.
Ses pairs le considéraient alors comme le plus apte à
faire face à la menace nucléaire iranienne qui est ce qui inquiète le
plus les dirigeants israéliens, civils comme militaires.
Par
la suite toutefois de nombreux commentateurs lui ont reproché d'avoir
surestimé les capacités de l'armée de l'air, qui a multiplié les raids
au Liban en vue de «casser» l'appareil militaire du Hezbollah sans y
parvenir, alors que les unités d'infanterie et de blindés mal
entraînées et sous-équipées ont été négligées ce qui a provoqué de
lourdes pertes lorsqu'elles sont intervenues sur le terrain.