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Passion Sud-ouest : Les gemmeurs Posté le Lundi 23 Mars 2009 à 18h39

LE PIN DES LANDES

On ne voit, en passant par les Landes désertes

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eau vertes

D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc;

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,

L'homme avare bourreau de la création,

Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,

Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon.

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,

Le pin verse son baume et sa sève qui bout,

Et se tient droit sur le bord de la route,

Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les Landes du monde;

Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.

Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde

Pour épancher ses vers, divines larmes d'or.

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Quelques notions de base : Le métier de gemmeur ou résinier qui consiste en l'extraction de la résine des pins maritimes, le gemmage. On distinguait 3 méthodes de gemmage.

Le gemmage : action d'inciser ( la carre = entaille ), blesser les pins pour en récolter la résine.

La première méthode et la plus ancienne sous l'appellation de :

" gemmage au crot " Il s'agissait d'un trou au pied de l'arbre qui recueillait la résine produite par l'entaille qui pouvait s'élever jusqu'à 3 ou 4 mètres. Pour aller à cette hauteur le résinier utilisait une sorte d'échelle appelée le " pitey ou tchanque ".

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La seconde méthode : Vers les années 1850, un pot en terre cuite recevait la résine, une gouttière la canalisait. Le tout était ascentionnel et le produit ainsi recueilli se trouvait plus propre et de meilleur qualité.

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La troisième méthode : Apparut dans les années 1950-1960. Il ne s'agissait plus de tailles dans le bois, mais seulement de faire une insicion sans entamer l'arbre. Sur cette rainure , on appliquait une vaporisation d'acide sulfurique, ce qui permettait de rafraîchir la " carre " qu'à peu près tout les 15 à 20 jours.

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C'est à la pointe du jour qu'un gemmeur commençait sa journée, puis retournait chez lui pour le repas du midi, pour de nouveau repartir travailler dans la forêt. Ce n'est que le soir qu'il pouvait s'occuper de ses bêtes.

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On débutait le gemmage au mois de février pour le terminer au mois de novembre. Cependant les gemmeurs ne percevaient leur  première paie qu'au mois de mai, sachant que la résine était payée au cours du moment. De plus ce métier était mal rénuméré, sans compter qu'un gemmeur devait une redevance aux propriétaires. Tout cela a suscité des révoltes et de nombreuses grèves.

Le métayer-gemmeur : En même temps que se développe la forêt landaise, on voit disparaître des métiers, tels les bergers sur leurs échasses, tandis que d'autres prennent de l'essor, tels les résiniers, prolétaires de la forêt au statut de métayer.

Le métayer-gemmeur exploite une métairie composée principalement de terres agricoles et de pièces de pins, qui ne lui appartiennent pas. Le métayer doit céder au propriétaire une partie des grains récoltés, la résine en revanche fait l'objet d'un partage non pas en nature, mai en argent ( moitié/moitié ). La campagne de gemmage commence en mars et s'achève en octobre.

Les grèves des résiniers dans les années 1934-1936 : Années marquées par d'importantes et très dures luttes menées par les métayers-résiniers des Landes. Ces derniers étaient très durement touchés par la crise et notamment par la baisse du cours de la gemme qui avait débuté dès la fin des  " années vingt " et qui entraînait chômage et misère depuis plusieurs années. La manifestation du 18 mars fut un grand succès et mobilisa 15.000 travailleurs. Devant l'ampleur de la mobilisation, 600 gendarmes avaient été réquisitionnés pour parer à d'éventuels débordements.

La grande grève des métayers-gemmeurs de 1937 : Même s'ils étaient toujours légalement considérés comme des métayers, leur activité tendait à les assimiler à des ouvriers puisqu'ils ne partageaient pas la récolte mais le fruit de la vente. Pour mettre fin à cette ambiguïté, la fédération des gemmeurs luttait pour l'obtention d'un statut légal du métayer-gemmeur . Un cahier de revendications fut élaboré. La liste de ces revendications fut aussitôt soumise au syndicat corporatif forestier, qui regroupait les propriétaires, lesquels refusèrent d'accéder à ces revendications, ce qui déclencha une riposte unanime des gemmeurs.

La grève générale fut proclamée et immédiatement suivie pendant un mois par plus de 30.000 gemmeurs. A ce terme, les propriétaires finirent par accepter le dialogue et acceptèrent qu'une timide modification du statut de métayer. Les gemmeurs reprirent le travail.

 

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