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Liberté

cameroun : Chantal BIYA, une dame extravagante Posté le Dimanche 3 Janvier 2010 à 22h02

CHantal Biya, première dame engagée mais contestée

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Chantal Biya multiplie les actions caritatives et se bat pour un Cameroun meilleur, mais peine à faire l'unanimité au Cameroun. Décryptage des raisons de sa non popularité

 

Epouse du président de la République Paul Biya depuis plusieurs années aujourd'hui, madame Biya née Chantal Vigouroux peine à faire l'unanimité au Cameroun, malgré de nombreux points qui pourraient parler en sa faveur ; pour certains, elle n'arrive pas à la cheville de son "prédécesseur", Jeanne Irène Biya, première dame décédée il y a plus de 15 ans, en 1992.
Depuis son accession au titre de "Première dame", Chantal Biya a multiplié les actions caritatives : la fondation Chantal Biya offre de nombreux cadeaux lors des fêtes aux jeunes désoeuvrés et dans les hôpitaux, en plus de lutter contre la prolifération du Vih/SIDA chez les jeunes.
Créatrice aussi du CERAC - CERcle des Amis du Cameroun - qui réunit les femmes des membres du gouvernement et membre de Synergies Africaines, la première dame camerounaise est très active sur le plan de l'entrepreneuriat et de l'associatif. En 2008, elle reçoit d'ailleurs une récompense pour l'ensemble de son oeuvre, en étant nommée ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco.

 

Victime du contraste avec feue Jeanne Irène Biya

Chantal Biya, successeur malheureux de Jeanne Irène

Mais ces nombreuses actions entreprises par la première dame peinent à toucher le coeur du Camerounais moyen, qui n'arrive pas à appréhender Chantal Biya comme une épouse, comme un mère ou comme un modèle pour beaucoup.
La première raison est à chercher auprès de son "prédecesseur", Jeanne Irène Biya, une femme discrète, classe et engagée selon beaucoup. Rentrant beaucoup plus facilement dans le couple de l'épouse modèle et de la femme généreuse, Jeanne Irène Biya s'est inscrit dans les coeurs et n'est toujours pas oubliée. Femme noire et modèle de discrétion, n'ayant pas pu procréer, elle était aux antipodes d'une Chantal Vigouroux métisse, déjà mère de jumeaux et plus extravertie.
En effet, si Jeanne Irène Biya donnait dans la discrétion, se contentant de donner le coup de pouce là où il fallait ou de militer dans l'ombre, Chantal Biya elle est sur le devant de la scène.
La fondation Chantal Biya, le centre de recherches Chantal Biya, le tournoi Chantal Biya, la première dame est partout et un peu trop mise en avant au goût d'une population peu habituée à une telle émancipation.
En effet, les associations, tournois et autres projets créés portent tous le nom de "Chantal Biya" et sont présidés par cette dernière qui se retrouve donc sur le devant de la scène. On arrive donc à une première dame omniprésente et qui garde la main mise sur chacune des actions entreprises ; difficile dans ce contexte de distinguer l'associatif bénévole d'une volonté de se mettre avant.
Nuance d'autant plus difficile dans un pays où la démocratie est mise à mal - ou du moins est considérée comme inexistante par la population - de voir une première dame s'investir autant et être autant à l'affiche.

Si la première dame se veut généreuse et engagée, ses actions sont ternies par tout ce qui est autour et n'est pas du goût du Camerounais moyen qui déplore un peu trop de folklore autour de la première dame. "Officiellement, Chantal Biya n'est pas dans la constitution et n'est pas membre du Gouvernement. Mais elle a droit aux avions privés, aux déplacements officiels, et à tout le confort lors de ses moindres déplacements. Alors c'est dur de prendre au sérieux sa générosité devant tant de pompeux", déplore Loïc, un Camerounais de la diaspora en vacances au Cameroun. "Elle s'en va donner distribuer des cadeaux de Noël à l'hôpital Général de Yaoundé, c'est bien. Mais quand la population souffre parce que les routes sont totalement bloquées pendant des heures et sur plusieurs kilomètres, on oublie même les bonnes actions posées et on pense à tout ce qu'il y a autour", ajoute-t-il.
En effet, la semaine du 25 Décembre, Chantal Biya était en déplacement dans les hôpitaux et centres pour distribuer des cadeaux de Noël. Comme il est de coutume lors de ses déplacements, les routes étaient donc bloquées à Yaoundé durant le laps de temps, les quartiers étant coupés les uns des autres.
Résultat des courses, colère et frustration chez les habitants de la capitale là où il devait y avoir de la reconnaissance pour la première dame. Au point où, lorsque dans un car faisant la route Yaoundé - Douala, le chauffeur met la radio et qu'on parle justement de la première dame en visite à l'hôpital général, les passagers grondent et intiment au chauffeur de changer de chaîne : "on en a marre d'elle. Elle est partout, quand elle va chez le coiffeur, à la manucure, il faut que Yaoundé soit paralysé. Je devais absolument être à Douala hier, mais j'ai raté mon bus parce que les routes étaient bloquées. On la voit trop et à chaque fois il faut qu'on souffre. Il n'y a qu'au Cameroun qu'on voit ça. Dans les autres pays, même quand le président se déplace, on ne bloque pas toutes les routes comme ça.", confie un des passagers dont l'avis semble faire l'unanimité dans le bus.
Cet exemple résume facilement la personnalité qu'est Chantal Biya : les bonnes actions de départ sont occultées par l'exagération du protocole et du "tape à l'oeil", et ce sont ces derniers détails qui sont retenus de l'opinion.

Une image de marque peu flatteuse

Chantal Biya aux côtés de Paris Hilton

Autre point qui ne joue pas en faveur de la première dame, l'image qu'elle dégage. Pour beaucoup, la première dame est l'ambassadrice du pays et se doit de dégager une aura, de donner une image positive du Cameroun et des Camerounais.
Sur ce point, il est reproché à la première dame de vivre et de s'habiller dans un luxe indécent alors que le peuple vit dans la misère, et de donner une image discutable de la femme camerounaise. Tailleurs et sacs de marque, coiffure exubérante et parfois décolletés, la première dame est souvent lors des déplacements en couleurs vives et se démarque clairement de ses homologues africaines, étant plus souvent comparée à une star de la musique ou du cinéma qu'à une première dame.
Et dans le même cadre, certaines de ses fréquentations ne contribuent pas à redorer son blason. Janny Le Pen, épouse de Jean Marie Le Pen, leader d'extrême-droite, Paris Hilton, habituée de la presse à scandale ne sont pas exactement les personnes qu'on s'attendrait à voir auprès de la première dame de "l'Afrique en miniature".
Résultat des courses, à bien y regarder, Chantal Biya est indéniablement une dame au grand coeur, qui oeuvre et construit beaucoup pour le Cameroun, mais qui peine à se faire aimer de ses compatriotes à cause d'interférences inutiles et améliorables.
Ces nuisances qui peuvent paraître anecdotiques pour certains prennent toute leur importance dans un pays en mal de modèles, en proie à la misère et à la souffrance dans son quotidien. Et celle qui figure pour les Américains dans le top 3 des premières dames les plus glamour - aux côtés de Michelle Obama et de Carla Bruni Sarkozy - n'a pas la même côte dans son pays.

© Bonaberi.com

 

 

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