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Captain Malo

Orgue de barbarie

Les arts de la rue Posté le Dimanche 28 Décembre 2008 à 05h39

Présentation et petit historique

L'expression "Arts de la rue" désigne tout spectacle destiné à être produit dans les rues. Son champ d'application est très vaste, puisqu'il comprend aussi bien le théâtre et la musique, mais aussi tout spectacle forain comme les cracheurs de feu et jongleurs.

     Leur dénominateur commun est d'être présenté dans la rue, pas dans un lieu désigné de spectacle.

     Dans toutes les civilisations on retrouve cette tradition d'art populaire où ceux qui ne pouvaient s'offrir les "lieux officiels" de spectacle avaient ainsi accès à la détente, à la joie.

Au Moyen-âge, les églises servaient aussi de lieu de spectacle, même profanes !

Trouvères et troubadours, s'ils se produisaient devant les "grands", le faisaient plus quotidiennement devant des paysans et les gens du peuple. Il faut bien vivre !

 

Molière et sa troupe ont sillonné les routes de France en roulotte avant leur reconnaissance !

 

La Révolution française a produit plusieurs centaines de chansons de lutte ... et de fête, reprises dans les rues lors des épisodes révolutionnaires (et contre révolutionnaires).

 

Au XIX°siècle, on donnait un orgue de barbarie aux mutilés de guerre pour qu'ils puissent survivre en annonçant les évènements ...

   
Le déclin

Ces spectacles de rue ont bien failli disparaître de nos cités après plusieurs siècles d'existence. 

     En France, cette forme d'art a commencé à décliner avec la radiodiffusion de programmes et la baisse des prix des appareils de réception radio, dès les années 1930.

     La multiplication des moyens de diffusion des loisirs (télé, disques, cassettes ...) a porté un coup qui aurait du être fatal aux arts des rues. D'autant plus que les autorités ont, à une époque, voulu interdire ces manifestations "incontrôlées" de joie populaire.

     Avec l'après guerre et les transformations du mode de vie, l'arrivée de la "société de consommation", la télévision, ... les arts de la rue avaient presque complètement disparu.

     Il est vrai que ces "arts de la rue" ne cadraient plus avec les grands ensembles, les tours de plusieurs dizaines d'étages, la grande distribution, la réglementation. 

   
Le creux de la vague      Seuls de "doux rêveurs" maintenaient cette tradition, à leurs risques : rejetés et pourchassés : ainsi certains organistes barbares on vu leur instrument brisé, lancé dans le car qui les emmenait pour contrôler leurs papiers, pour leur intenter un procès au titre de "troubles sur la voie publique".

     La Préfecture de Paris supprima même le peu d'autorisations données pourtant au "compte goutte"

     Voir l'ordonnance du préfet de police de Paris du 3 mai 1926 (en vigueur jusqu'au début de 1997 !)

   
Le renouveau      Dans les années 80, urbanistes, politiques, acteurs de la vie publique se sont interrogés sur les problèmes posés dans ces  cités, à la rupture des liens sociaux et aux dérives qui en découlaient.

     Parmi toutes les solutions envisagées l'une a été de tenter de recréer des liens sociaux entre habitants d'un même lieu, entre générations et classes d'âge.

     Les arts de la rue qui subsistaient ont répondu "présents" : acteurs, musiciens, saltimbanques et animateurs divers ont recommencé à espérer, sentant que le vent avait tourné.

     
Nouvelles politiques      Dans les années 90, l'État insuffle un nouvel élan avec la décision du "Centre National de Création pour les Arts de la Rue", accompagné d'un soutien financier (timide) des jeunes compagnies de création.

     Les musiciens de rue, les chanteurs reçoivent des autorisations de la part du métro parisien, la fête de la musique apparaît, policiers et gendarmes changent d'attitude et tolèrent ces manifestations publiques.

     Mais ce sont surtout les municipalités qui feront évoluer la situation. En effet les Maires voient l'impact de ces spectacles qui animent villages et quartiers, recréent des liens distendus et ne coûtent pas cher !

   
Aujourd'hui      Les arts de la rue sont presque partout admis, encouragés même ! Il faut dire que tout cela procède d'un mouvement plus vaste : tout ce qui favorise les liens sociaux est en progrès : vide-greniers, fêtes de quartiers, de villages, téléthon, animations diverses ...

Les arts de la rue doivent saisir leur chance, les amateurs comme les professionnels s'investir. Tant de musiciens, de comédiens, d'artistes pourraient eux aussi participer à ce vaste mouvement !

Il est paradoxal qu'aujourd'hui, alors qu'il y a autant de musiciens et chanteurs, tant amateurs que professionnels, qu'il n'y ait pas une explosion formidable des arts de la rue.

   
Malgré tous ses mérites, ce n'est pas le baladeur MP3 qui tissera les liens sociaux de demain !

3 commentaires. Dernier par voyance gratuite le 07-12-2015 à 16h19 - Permalien - Partager
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