Transférée à l'Abbaye puis à la Conciergerie, Charlotte Corday a demandé comme avocat Doulcet de Pontécoulant, Girondin réfugié sur la Montagne, qui affirmera n'avoir pas reçu sa lettre. Elle comparaît devant le Tribunal révolutionnaire qui siège au Palais de justice dans les anciens locaux du Parlement. Le Président Montané lui assigne pour défenseur d'office: Chauveau-Lagarde. Gracieuse sous son bonnet brodé, les cheveux épandus sur les épaules, elle répond d'une voix claire à l'interrogatoire du président:
- Que haissiez-vous en Marat?
- Ses crimes!
- Qu'entendez-vous par là?
- Les ravages de la France!
- Cet acte a du vous être suggéré?
- On exécute mal ce qu'on n'a pas conçu soi-même!
- En tuant Marat, qu'espériez-vous?
- Rendre la paix à mon Pays!
- Croyez-vous donc avoir tué tous les Marats?
- Celui-là tué, les autres auront peur peut-être!
Réponses au son cornélien... Sa fermeté fléchit un peu quand on lui présente le couteau. Elle détourne les yeux et dit vivement
- Je le reconnais!
L'accusateur public Fouquier-Tinville ayant insinué:
- Apparemment vous vous étiez exercée à ce crime?
Elle le soufflette d'une phrase dégoûtée
- Monstre! Il me prend pour un assassin!
Président et jurés voudraient que Chauveau-Lagarde plaidat la folie. Mais l'avocat n'ose: il déclare que Charlotte a avoué son attentat de sang-froid et que seule l'exaltation du fanatisme politique lui a mis le poignard à la main.
- Je m'en rapporte à votre prudence, conclut-il.
Charlotte l'approuve de la tête. A l'unanimité, elle est condamnée à mort. Elle se fait mener près de Chauveau-Lagarde et le remercie avec élégance en le priant de payer pour elle ses petites dettes de prison trente-six livres. Redescendue dans son cachot, elle refuse poliment les secours d'un prêtre constitutionnel qui se présentait pour l'assister. Un peintre allemand, Hauer, fait rapidement son portrait. Charlotte s'y prète volontiers, cause avec lui et lui demande de brosser une petite copie qu'il enverra à sa famille. En souvenir elle lui remet une boucle de ses cheveux.
Peu après vient le bourreau, porteur d'une chemise écarlate, l'uniforme des Parricides.
- Quoi, déjà? dit-elle.
Le jeune Henri Sanson, un géant, prépare sur sa nuque la place du couperet. Charlotte passe elle-même la chemise rouge. Elle monte ensuite dans la charrette qui l'attend dans la cour du Mai. Le ciel est lourd de nuées qui éclatent bientôt en un court orage. Il est sept heures du soir. Une grande foule suit la charrette. Elle a hué d'abord Charlotte et chanté le ça ira, mais peu à peu elle se lasse. On n'entend plus que le bruit sourd de ses pas uni au bruit des roues sur le pavé. Elle, toute droite dans cette pourpre éclatante sous le soleil revenu, regarde la ville qu'elle n'a pas eu le temps de connaître.
A la Place de la Révolution le peuple de nouveau l'insulte. Elle blémit en apercevant la guillotine, mais monte à la plate-forme d'un pas égal. Les derniers apprêts achevés, elle se hâte vers le couteau. Un bouquet de sang jaillit du col et la tête tombe dans le panier.
Récit du bourreau Sanson: http://mon-coeur-chemin-de-mes-mots.over-blog.com/pages/Charlotte_Corday__fin-636940.html
Films: http://www.dailymotion.com/video/x5lthp_charlotte-corday-1_shortfilms
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