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chroniques ironiques

et autres élucubrations

LA MANIF' Posté le Jeudi 27 Septembre 2007 à 14h25
LA MANIF'


       Aprés une période de somnolence estivale, la traditionnelle révolte sociale secoue une fois de plus notre chère patrie afin de manifester son désaccord avec l'ensemble des réformes gouvernementales et continuera probablement jusqu'à la traditionnelle trêve hivernale "parce que bon y fait froid dehors pis y a noel, les cadeau aux gosses tout ça pis nouvel an aussi c'est important...mais on revient faire la révolution au printemps ok?" (respirez)

       Afin, moi aussi, de faire entendre ma voix de minorité individualiste et dégagée mais pas totalement indifférente à l'hypocrisie politicienne, patronale et intersyndicale (pendant qu'on y est) qui chaque année berce tendrement l'actualité monotone de notre beau pays, j'ai revêtu ma panoplie stéréotypée de rebel invétéré. N'écoutant que le naturel anti-conformiste de mon esprit révolté, je me suis lancé en mon âme et conscience dans une contre manifestation individuelle et solitaire.

       Malheureusement, le ridicule me terrifiant encore plus que les milices sarkoziennes chargées de maintenir l'ordre, (force de l'ordre que l'on nommait naguère gardien de la paix... Pourquoi un tel changement?) je me senti obligé de manifester mon indignation colérique avec humilité et en toute discrétion. Je battis donc le pavé tête baissée, poings serrés au fond de mes poches, en scandant à plein poumons de ma voix interieure des slogans rageurs et percutant du genre:

       "Je suis pas content!!! Je veux pas travailler si longtemps!!!"
       "Non à la redevence, la tva et tout ça!!!"
       "Non à la pluie!!! oui au prolongement de l'été sur douze mois!!"

       Emporté par une témérité croissante j'invectivais un agent de police en faction devant la préfecture qui puissamment armé d'un carnet de contredanses verbalisait à tour de bras les automobilistes inciviques. Je lui lançais outrageusement un "bonjour monsieur l'agent" narquois avant d'enchainer une demi douzaine de sittings sauvages visant à bloquer l'accés des bancs publics à quelques retraités outrés. Aprés environ six kilomètres de militantisme acharné, je décidais de durcir mon action en m'attaquant à un transport public afin d'alerter l'opinion publique (elle aussi) sur les valeurs symboliques de mon combat. Par la seule force de ma volonté d'acier portée par d'inebranlables convictions, je stoppais un bus en pleine course et réussi à m'y engouffrer en prenant du même coup les usagers en otages et j'obligeais le chauffeur à me déposer à quelques pas de mon domicile. Juste avant de rentrer chez moi goûter à un repos bien mérité, je bloquais à moi seul, afin d'étancher une dernière fois ma soif révolutionnaire, tout un carrefour d'une seule pression de l'index sur le bouton d'appel piéton.
       
          Le civisme gonlé à bloc, débordant de fierté après cette action revendicatrice rondement menée, je m'enpressais de regagner mon domicile afin de vanter mon oeuvre auprés de mon alter égo Durito (1). Je le trouvais comme à son habitude nonchalemment affalé dans le canapé à se légumer en s'abreuvant de crétineries audio-visuelles. Après mettre assuré que l'abus de télé ne lui avait pas provoqué une irréversible lobotomie hertzienne, je lui racontais avec enthousiasme de quelle admirable façon j'avais défendu nos acquis sociaux.

       Mon passionnant récit n'inspira à mon chat qu'un long baillement suivi d'un interminable silence. Puis, s'apercevant que j'attendais anxieusement un commentaire de sa part, il se lança dans un discourt assassin désintégrant méthodiquement mon orgueilleuse fierté. Il m'assura tout d'abord qu'une manifestation silencieuse et solitaire n'était rien de plus qu'une vulgaire balade en ville. Il se moqua ensuite de mon manque d'endurance puisque je m'étais  plusieurs fois arrêté pour me reposer sur un banc avant de finalement rentrer en bus.
       Gagné par une fougue oratoire peu commune, il m'expliqua ensuite sur un ton professoral que, n'étant moi même pas inscrit sur les listes électorales, j'étais en parti complice par ma passivité militante des ses réformes aberrantes. Enfin pour écraser ma révolte une bonne fois pour toute, il m'expliqua que nous autre humain étions tous responsable de cet immonde bordel et que vu notre sale habitude de nous rejeter la faute les uns sur les autres ce n'était pas pret de s'arreter. Il continua en m'assurant que la prétentieuse auto proclamée espèce la plus évoluée de la planète n'avait même pas l'intelligence de controler ces propres créations. N'avions nous pas, grâce à notre intelligence supérieure, créé l'argent pour nous simplifier la vie? Et cet outil n'était il pas devenu l'un des problème majeurs de notre société? L'humain n'était il pas passé maître dans l'art de la simplification compliquée?

       Enfin pour clore le débat, il me rappela qu'étant lui même un chat les pitoyables affaires humaines n'avait pour lui qu'un intéret limité. Sur quoi il se leva, s'étira doucement et trotta gaiement jusqu'à sa gamelle.

       Quand à moi, abattu, vaincu par son imparable logique féline et résigné à lui donner raison, je me soumis à sa volonté en remplissant sa gamelle avant d'aller me coucher désabusé en me promettant, la prochaine fois, de raconter mes exploits militants à mes tortues. Elles au moins elles me soutiendront... peut être...



1 note de moi même: Avant qu'on m'accuse de plagia je tiens à préciser que ce nom est un hommage au sup marcos mais aussi que mon chat s'appel réellement durito.

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