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Emakstories

Les réalités du monde

Le trésor du foyer ou la progéniture du pays des merveilles Posté le Dimanche 28 Mars 2010 à 20h34

 

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J’ai été enfant et l’unique image que j’en garde est celle de ma nourrice entrain de me conter l’une de ses histoires imaginaires en attendant impatiemment que je me jette dans les bras de Morphée. Elle m’assistait dans tous mes faits et gestes. Elle était là quand j’avais besoin de quelqu’un et quand je n’en avais nullement besoin. Chaque matin je la revoyais après m’être endormi la veille en la regardant me parler. Elle me rendait tous les services qu’une mère rendrait à son enfant. Tous les jours, elle me lavait, m’habillait, me préparait à manger. Elle faisait même des grimaces dans le but de susciter mon rire. Parfois, je m’amusais bien avec elle mais il eut aussi des fois où aucune expression de bonheur ne pouvait envahir mon visage. Je ne réagissais plus à rien, une seule idée m’obsédait : voir ma mère. Le tendre cerbère se retirait alors dans la cuisine et trouvait quelque chose à faire jusqu’à ce que celle que je réclamais de toute urgence soit revenue de son occupation et m’ait pris dans ses bras. Lors de ma première journée d’école, ma nourrice m’accompagnait. Elle me tenait fortement la main. Quand nous entrâmes dans le bureau de l’institutrice, elle s’entretint avec cette dernière comme si elle était ma mère. Puis les deux me conduisirent devant ma salle de classe. Juste avant d’y pénétrer, j’étreignis jalousement ma nourrice qui me promit de revenir plus tard me chercher.

Je me souviens vaguement des moments passés en compagnie de mon père ; si brefs étaient-ils qu’il m’arrivait parfois d’oublier que j’en avais un. Quand il n’avait rien à m’offrir comme présent, c’était pendant les grandes fêtes annuelles qu’on avait l’occasion d’échanger un peu. C’était un homme très occupé ; il voyageait incessamment pour son travail. Ma mère en souffrait ; je l’ai su peu avant mon entrée au collège. De temps à autre, ils se disputaient et il s’agissait toujours d’une question de travail. Ma mère lui reprochait son absence conjugale, son indisponibilité familiale. Depuis que je venais de franchir une nouvelle étape de l’interminable itinéraire scolaire, je fréquentais beaucoup de jeunes de mon âge. Et je dois avouer que dans la plupart des cas, nous n’avions rien en commun, excepté notre appartenance au même établissement. Après notre premier contact, je réalisais à quel point nous vivions différemment. Ils me parlaient toujours de leurs parents et principalement de leurs pères qui les aidaient à faire leurs devoirs le soir, les emmenaient à l’hôpital quand ils souffraient de maladie, leur faisaient visiter des endroits de distraction en ville. Lorsque venait mon tour de faire l’éloge du dieu des enfants, je restais sans mot dire.           

L’enfance est une sorte de passerelle entre l’état d’innocence et l’état de culpabilité. A l’état initial, l’enfant est susceptible, affectable par les circonstances de son vécu quotidien ; bref il est incapable de faire un discernement entre ce qui est bien ou ce qui est mal pour lui. C’est donc une période au cours de laquelle, il subit des endoctrinements d’origine multiple : il y a premièrement ses parents qui lui définissent une ligne de conduite à tenir au foyer ; deuxièmement ce sont ses enseignants qui apportent leur pierre à l’édifice en lui inculquant des valeurs intellectuelles, morales à l’école ; troisièmement l’enfant est influencé par le comportement de ses amis ou des autres individus qu’il a pour accoutumance de fréquenter. Ses parents doivent par conséquent prendre les mesures nécessaires pour veiller au jour le jour à ce qu’il reçoive une éducation de qualité, autrement dit ce seront les autres qui feront l’éducation de leur progéniture. Le dialogue et l’échange mutuel sont alors de loin les stratégies efficientes pour y parvenir.

Une fois que le socle de la relation est bâti, la tâche des parents à l’état final ne consistera plus qu’à resserrer les liens avec leur enfant. Dès lors, les deux parties entretiendront un rapport basé davantage sur la confiance et le respect. Dans une pareille ambiance, l’enfant se sent généralement libre de se confier à ses parents, il fait ses choix en approbation avec ceux-ci et n’hésite pas à faire recours à son esprit critique pour leur exprimer son opinion par rapport à un sujet. Cependant, l’erreur que certains encadreurs commettent très souvent est de s’imaginer que couper le lien entre leur descendance et le monde extérieur, se démarquer d’elle afin qu’elle ait leur crainte pourraient avoir des effets positifs dans son éducation. Il en résulte plutôt le repliement de l’enfant sur lui-même, la cachoterie des détails liés à sa vie, puis la perte du contrôle des parents sur leur enfant.

Je me souviens qu’en visitant un ami de la famille une fois je fus marqué par un détail très peu commun pour moi à l’époque. Nous n’étions que deux dans la demeure, entrain de regarder un match de tennis à la télévision lorsque la sonnerie retentit. Quand j’allai ouvrir la porte au visiteur, il se présenta comme l’ami de Reine. Je le conduisis ensuite au salon où se trouvait mon parrain. En y arrivant, je fus étonné par la façon amicale dont il salua l’ami de Reine. Par la suite, il lui offrit une place et lui demanda si Reine était informée de sa venue. Mon parrain venait d’émettre son avis par rapport une question sportive et il était curieux de savoir ce que nous en pensions. Naturellement, nous lui rétorquâmes que nous voyions les choses de la même façon que lui. C’est alors que Reine arriva et nous trouva assis dans les fauteuils du salon. Elle embrassa son ami et moi sur les joues. Et comme si ce qu’elle venait de faire ne suffisait pas, elle s’opposa à l’avis de son père au moment où il l’invita à participer à la discussion unanime à laquelle nous avions déjà pris part.

       

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