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collectif des jeunes diplômes

lutte contre Chômage

Cri du coeur d'une jeunesse désespérée! Publié le Mercredi 5 Septembre 2007 à 13:39:10

CRI DU CŒUR D’UNE JEUNESSE DESESPEREE !!!!!!!!!

 

Depuis les années 90, la misère et le chômage sévissent dans le milieu de la jeunesse en général et des jeunes diplômés en particulier. Le constat est à la fois triste et alarmant.

Triste d’abord, parce que, au terme de sa formation, la jeunesse se retrouve sans issue. Il lui est de plus en plus difficile de s’insérer dans la vie active si bien que nombre de ces jeunes multiplient les équivalences dans presque toutes les facultés pour bénéficier des avantages liés au statut d’étudiant mais plus encore de la modicité du coût du titre de transport (carte de bus SOTRA). En outre, ils s’installent à demeure dans les résidences universitaires pour éviter d’en rajouter aux difficultés de leurs familles qui ploient déjà sous le poids de nombreuses charges. Ainsi, pour leur survie, certains se convertissent-ils en gestionnaires de cabines téléphoniques, d’autres en précepteurs (répétiteurs), d’autres encore se livrent au commerce de la drogue et parfois même à la prostitution. Pour s’en convaincre, il n’est que de faire un tour sur le parking de l’Université ainsi que dans les résidences universitaires. Plus grave, d’autres étudiants, en dépit de leur âge avancé (30,35 ans) et nantis de diplômes (DESS, DEA, Maîtrise, Ingénieur, BTS, etc.) continuent de vivre aux crochets des parents à la retraite ou de paysans aux productions agricoles mal rémunérées.

Alarmant ensuite, parce que, nul n’ignore que l’insécurité est avant tout le fruit du chômage et de la précarité de la vie. Aujourd’hui, la jeunesse est exposée à tous les vices notamment le vol, le banditisme, le viol, l’alcoolisme, etc. Pire, elle est un vivier pour les marchands d’illusions. Si donc, aucune mesure d’urgence n’est prise, si aucune véritable politique d’emploi n’est mise en œuvre pour sauver ces jeunes diplômés en détresse, pourtant supposés être l’avenir de ce pays, il en résultera, si cela n’est pas déjà, des conséquences inestimables. Car, en effet, qui sème la misère, récolte la colère.

On le sait, en général, deux possibilités s’offrent à l’étudiant après sa formation pour son insertion dans la vie active : le secteur privé et la Fonction Publique. Pour ce qui concerne le secteur privé, dans la situation actuelle de notre économie, très peu d’entreprises s’engagent à offrir des emplois stables. L’autre alternative que constitue le projet mis sur pied pour l’incitation des jeunes à la création des petites et moyennes entreprises (PME) est quasiment inopérante pour insuffisance de financement. La preuve ; seulement 10% des projets et besoins exprimés sont financés. Toutes ces raisons amènent donc la jeunesse diplômée à se ruer sur les concours de la Fonction Publique (ENA, ENS, CAFOP, Gendarmerie, Police, …). Mais là encore, c’est la désolation. Les candidats se heurtent à une corruption bien organisée. Il est de notoriété publique qu’en Côte d’Ivoire pour être admis à un concours de la Fonction Publique deux (2) cas de figure se présentent aux candidats : soit on dispose d’un bon réseau social c’est-à-dire qu’on bénéficie d’une protection dans les arcanes de décisions, soit on dispose de suffisamment de moyens financiers pour « payer le concours ». Dans ce dernier cas, les montants exigés varient selon l’importance de la place sollicitée par l’impétrant. Nous voulons citer pour preuve le cas de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) qui constitue en l’espèce l’exemple le plus honteux et le plus ahurissant. Pour le cycle supérieur par exemple, le candidat doit débourser une somme allant de deux millions cinq cent milles (2,5 millions) à trois (3) millions de francs CFA, pour le cycle moyen supérieur une somme allant d’un million cinq cent milles (1,5 millions) à deux (2) millions, et enfin pour le cycle moyen une somme comprise entre un (1) million et un million cinq cent milles (1,5 millions).

Avouons que c’est une pratique totalement aux antipodes des règles de bonne moralité, de bonne gouvernance et d’une société qui se veut égalitaire. Cette école, supposée être une école d’élite comme c’est le cas en Europe et notamment en France, fait la promotion de la médiocrité et d’un clientélisme de mauvais aloi. Cela sape inévitablement les fondements même de la société et le pire est que, cette situation se passe dans l’indifférence totale de nos dirigeants et parfois même avec leur caution.

Nous voulons dire avec Aimé Césaire qu’une société qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une société décadente. Un gouvernement qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est un gouvernement atteint. Une nation qui ruse avec ses principes est une nation moribonde.

Le fait est que, la société ivoirienne, telle que l’ont façonnée quatre (4) décennie de gestion approximative est incapable de résoudre les deux (2) problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : la CORRUPTION et le NEPOTISME. Cela est regrettable à bien des égards. Il est donc grand temps de revenir aux principes édictés du reste par notre constitution : l’égalité des chances, le droit au travail et la justice sociale.

Car, la sagesse scientifique enseigne qu’à partir d’un certain degré d’échauffement de l’eau, les molécules d’air se solidarisent localement pour monter à la surface et évacuer l’excédent de calories. Alors, au moment où les concours de la Fonction Publique pointent à l’horizon, qu’on ne s’étonne pas de la naissance d’un vaste mouvement de revendication du droit au travail et de l’égalité des chances de l’ensemble de la jeunesse si aucune mesure d’urgence n’est prise. La jeunesse s’insurge contre cette politique qui fait des riches les plus riches et des pauvres les plus pauvres. Elle revendique au contraire la mobilité sociale dans cette démocratie naissante.

Il faut voir dans la mobilisation de toute la jeunesse, dans l’avènement de la deuxième République et dans les péripéties de l’avènement de la paix, comme une cristallisation de sa volonté de rompre avec les méthodes du passé et de voir luire pour elle un avenir meilleur. En témoignent les sacrifices de toute cette jeunesse pour sauver la Côte d’Ivoire d’un chao.

Il convient donc de ne pas l’oublier mais au contraire de faire d’elle le centre des préoccupations. Cela passe par :

l’assainissement de l’organisation de tous les concours de la Fonction Publique,

la promotion de l’excellence,

la création et la mise en place d’une véritable politique d’insertion de la jeunesse,

la création des conditions d’une meilleure mobilité sociale.

Nous appelons donc toute la jeunesse concernée à ne pas céder à la résignation au motif que la cause est perdue d’avance mais plutôt à lever la voix pour l’avènement d’une société aux fondements sains, justes et égalitaires comme elle a su le faire dans un passé récent.

A l’endroit de nos autorités, nous voulons qu’elles contredisent par leurs actes Anatole France qui dit : « On croit mourir pour la patrie. On meurt pour des industriels » et davantage le sociologue italien Pareto cité par John Hallowell dans son œuvre les Fondements de la démocratie : « Tous les discours philosophiques, les discussions politiques, les essais relatifs aux conceptions de la morale ne sont que les divers aspects de « chicanes », exercices vocaux inutiles ou simples griffonnages. Car ce n’est pas la raison qui détermine le destin des hommes, mais la ruse, la tromperie et la force. Les gouvernements, quel que soit le nom qu’on leur donne dans un but de propagande, sont toujours dirigés par un petit groupe et pour la défense de ses propres intérêts. »

Jeunesse diplômée ivoirienne, sors de cette apathie, de cet avenir gris. Gris, la couleur de l’absence de couleur, l’absence de perspective, le symbole de la claustration, l’archétype de la solitude, la quintessence de la désolation, le paroxysme du désespoir. Oh ! Jeunesse ivoirienne ! Ne te revêts jamais de gris, serait-ce en esprit.

 

Collectif de jeunes diplômés de Côte d’Ivoire

collectifdesjeunesdiplomesci@yahoo.fr

+225 05 47 45 18

+225 01 38 26 29

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la nevrose du Millénaire Publié le Dimanche 2 Septembre 2007 à 17:48:54

« La Névrose du Millénaire »

 

          La situation que vit la jeunesse ivoirienne ressemble de loin à ce que Colleen Mc Cullough dans son roman La Passion du Dr Christian appelle la névrose du millénaire. « La névrose du millénaire, dit-il, c’est la perte de tout espoir dans l’avenir et de toute foi dans le présent. Une impression persistante de futilité et d’absence de perspectives. Une sorte de rage à la fois morne et stérile qui se nourrit d’elle-même. Un état de dépression pouvant conduire au suicide. L’apathie ».

 

          Nous inaugurions il y a quelques jours une série d’articles sur le phénomène de la corruption dans les concours de la Fonction Publique et de son impact socio-économique sur l’avenir du pays en général et sur la jeunesse diplômée en particulier. Aujourd’hui encore, nous revenons à la charge pour dire à la jeunesse ivoirienne qu’elle contribue par son mutisme et par son attentisme à son propre sacrifice et à celui des générations futures, tant la situation va en s’amplifiant d’année en année. La désintégration lente mais sûre de la société ivoirienne qui résulte de l’absence de perspectives appelle les réflexions suivantes : L’Education en général et l’école en particulier constituent-elles vraiment une priorité pour les gouvernements ? Quelle place occupe encore l’avenir de la jeunesse aux yeux de nos dirigeants ? Que fait cette jeunesse elle-même pour refuser ce suicide collectif auquel elle est forcée ?

 

          Telles sont à notre avis les questions essentielles auxquelles nous devons réfléchir et dont les causes devraient mobiliser tout ce que nous avons d’énergie. C’est peu dire en effet, pour répondre à ces interrogations, que d’affirmer que très peu d’actions sont envisagées de part et d’autre pour remédier au problème, et qu’en outre, le laxisme, la mauvaise foi et l’indifférence semblent être les choses les mieux partagées par chacune des deux parties.

 

          L’école en Côte d’Ivoire est sinistrée : fermeture des Universités, grèves de longue durée, vieillissement des étudiants  qui à force d’années académiques tronquées se retrouvent entre le premier et le deuxième cycle à l’âge de 30 ans, démotivation des enseignants sont devenus le lot quotidien du système éducatif ivoirien depuis des années. Dans une parution de Fraternité Matin d’il y a quelques années et qui résonne encore d’actualité, Monsieur Konan Jacques imputait cela à un manque de volonté politique. Aussi poursuivant son analyse, il en déduit que le dépérissement de la situation a contribué d’une part à donner des étudiants et des enseignants une image particulièrement dégradante, et que d’autre part, en refusant d’analyser correctement les signaux d’alerte, le système ne pouvait qu’évoluer de façon erratique jusqu’à atteindre son point d’extrême dérive.

 

          Il faut se convaincre, jeunesse ivoirienne diplômée et jeunesse ivoirienne tout court que notre avenir a cessé de préoccuper les autorités et que cet avenir s’assombrit chaque jour davantage et ce, par l’incurie de certains de nos autorités et gouvernants atteints de corruption et de nombrilisme. Ce n’est un secret de Polichinelle que notre pays souffre, pour emprunter l’idée à Comi M. Toulabor (Le Monde Diplomatique, Octobre 2001- N°571-48è année) d’une absence de catégories sociales qui portent véritablement les idéaux et les valeurs démocratiques et qui les fassent leurs. Mis à part quelques personnalités actives, les élites ne luttent pas forcément pour les principes démocratiques, mais sûrement pour la conquête du pouvoir et pour des intérêts personnels. Il y a de bonnes raisons, soutient-il, de les soupçonner d’être des démocrates par convenance. L’exemple de la grève prolongée des instituteurs du primaire est là pour nous rappeler, s’il en était encore besoin, que notre avenir reste le cadet de leurs soucis. Sinon, comment comprendre qu’on ait laissé pourrir la situation sans égard aucun pour le devenir des pauvres enfants qui ne revendiquent que le droit à l’éducation. Et dire que c’est une personnalité de la société civile qui a aidé au dénouement de la crise, cela ne peut que choquer davantage. Si donc on traite ainsi le bois vert, qu’adviendra-t-il du bois sec ? Si les tout petits enfants qui constituent le fleuron de demain sont traités de la sorte, qu’en sera-t-il de nous, leurs aînés, qui sommes au confluent de deux stades de l’évolution de l’homme et qui avons fini le processus de maturation ?

 

          Que cela soit entendu et clair, nous ne faisons pas de la politique. Nous n’avons pas non plus la prétention de saper les bases du programme des autorités en place. Nous voulons plutôt attirer leur attention et celle de la jeunesse sur une situation de corruption généralisée qui, si l’on n’y prend garde, risque à terme de nous entraîner dans d’autres situations pires que celle dans laquelle nous nous trouvons.

 

          Enumérant les enjeux de la réconciliation lors de la cérémonie d’installation du Comité de Médiation, le lundi 20 Novembre 2000, le Chef de l’Etat déclarait : « … Enfin, dernier enjeu, nous devons réussir la réconciliation au nom de la jeunesse, pour les jeunes qui sont morts comme pour les jeunes qui sont vivants. Il s’agit de construire pour notre jeunesse une société meilleure que celle dont nous avons hérité. Ceux qui sont tombés sont morts pour nous dire qu’ils voulaient un monde nouveau. Si nous les avons compris, alors nous devons travailler sans délai à l’avènement d’une société qui garantit L’EGALITE DES CHANCES  dans la solidarité(Notre Voie N°754 du Mercredi 22 Novembre 2000 page2).

Si nous avons salué en son temps les espoirs nés d’un tel discours, nous en sommes aujourd’hui au constat que la traduction de ces promesses en réalités concrètes tarde à se manifester. On invoquera assurément à la décharge des autorités le fait de la guerre. Mais la Côte d’Ivoire de ces cinq dernières années, pour paraphraser Eduardo Galéano dans son article Vers une société de l’incommunication ? paru dans Manière de voir 52, le Monde Diplomatique, Juillet- Août 2000, paradisiaque pour quelques uns et infernale pour le plus grand nombre, est marquée au fer rouge par un double paradoxe : l’enrichissement fulgurant d’une minorité qui ne s’en cache pas et la pauvreté rampante qui touche la masse et qui suscite de moins en moins d’indignation.

 

          Il convient donc de nous interroger nous-même, jeunes de Côte d’Ivoire sur la représentation que nous avons de notre avenir, sur les moyens dont nous nous dotons pour infléchir le cours des événements. La réponse nous est donnée par le Président de la République, alors Président du FPI, lors de la 10è édition de la Fête de la liberté au Parc des sports de Treichville le Samedi 05 Août 2000 : « Quand on parle des problèmes en Côte d’Ivoire, on parle du chômage, on parle de l’école bloquée, on parle du « bôrô d’enjaillement », on parle de retour à la terre, on parle du SIDA, on parle de la prostitution ; les problèmes de la Côte d’Ivoire, c’est les problèmes des jeunes. Et puis, vous dormez. Vous avez des problèmes et puis vous dormez ? Chez nous, on dit : « vous dormez comme le serpent boa.» (Notre Voie, N°671 du Mardi 08 Août 2000 p.7).

 

          Si donc les campagnes antérieures menées contre la corruption n’ont pas produit les effets escomptés, c’est bien parce qu’elles étaient conduites par les autorités elles-mêmes. Celle qui prend forme aujourd’hui est le fruit d’une prise de conscience de la jeunesse excédée et exaspérée par tant d’années de navigation à vue, d’immobilisme pernicieux et de la disqualification de la classe sociale.

Appel est donc lancé à tous les jeunes de se départir de toute considération et appartenance politiques pour emboucher la trompette du changement. Car en fait notre lutte transcende les chapelles politiques pour porter au pinacle le désespoir d’une jeunesse désorientée et désabusée.

 

          Depuis la parution de notre premier article le Vendredi 03 Août 2007 dans les colonnes des quotidiens L’inter et Nord Sud, vous ne cessez de nous manifester par millier votre soutien. Nous remercions la société civile qui apprécie à sa juste valeur la noblesse du combat et qui nous encourage à persévérer dans la lutte. Pour terminer, nous voulons dire à la jeunesse que l’idée de la jeunesse qui serait au centre des préoccupations de nos autorités est l’un des mobiles les plus fréquemment évoqués dans les discours politiques, mais elle est sûrement l’un des slogans les plus rassembleurs et les plus flagorneurs car « la jeunesse est devenue ce qui peut être manipulé en vue du profit maximum ».

 

          John Hallowell, dans Les fondements de la démocratie nous édifie une fois de plus sur ce constat lorsqu’il affirme : « L’art de gouverner consiste à savoir se servir de … sentiments, et non à perdre sa peine à vouloir inutilement les détruire… Celui qui sait se soustraire à la domination aveugle de ses propres sentiments est capable de se servir de ceux d’autrui à ses propres fins. »

 

           

Fait à Abidjan, le 26 Août 2007

 

                                                                        Collectif des jeunes diplômés de Côte d’Ivoire

                                                                               collectifdesjeunesdiplomesci@yahoo.fr

                                                                                                                      05 47 45 18

                                                                                                                      01 38 26 29

 

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