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En août, la police de Shanghai a démantelé un réseau de
contrefaçon de Tamiflu, le médicament anti-grippe du géant pharmaceutique
suisse Roche, mais malgré la volonté affichée de Pékin de lutter contre
l'industrie du faux, le phénomène est encore en bonne santé.
Le piratage, que Pékin s'est engagé à combattre en entrant à l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), ne s'attaque pas seulement aux marques de luxe ou
de sport, mais aussi aux médicaments, un sujet de préoccupation pour
l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"C'est un problème complètement différent des chemises, montres ou DVD faux, car vous ne mourez pas de ces produits", explique le représentant en Chine de l'OMS, Henk Bekedam.
"Certains des faux médicaments n'ont pas la substance active dont le
patient a besoin, certains ont des substances dangereuses, d'autres
l'ingrédient actif mais pas le bon dosage. C'est particulièrement grave quand
il s'agit des antiviraux et des antibiotiques, car un dosage faible peut
entraîner une résistance du virus", poursuit-il.
"Ce n'est donc pas du tout la même chose que de marcher dans la rue
avec un sac copié. C'est mauvais pour l'industrie et cela tue des gens",
met en garde le représentant de l'OMS, selon lequel le nombre de personnes
tuées "n'est pas petit".
En 2005, selon les chiffres officiels, les cas de médicaments contrefaits se
sont élevés à 310.000 et quelque 8% des médicaments vendus dans le pays sont
faux.
Selon M. Bekedam, depuis plusieurs années, le gouvernement central a pris la
mesure du problème.
Cependant, avec plus de 5.000 entreprises pharmaceutiques et environ 10.000
pharmacies sur tout le territoire, tout contrôler est une tâche difficile. Et
un succès comme celui de
"Le vieux dicton, Les montagnes sont élevées et l'empereur est loin
est encore d'actualité", juge le professeur Andrew Mertha, spécialiste de
la contrefaçon à l'Université de Washington, aux Etats-Unis.
"Ces trois dernières années, nous avons vu une volonté politique plus
forte, particulièrement au sein du gouvernement central, pour combattre les
violations de la propriété intellectuelle. Mais les ressources de la police
chinoise sont très limitées par rapport à l'étendue des activités
criminelles", constate Jack Chang, responsable de la commission propriété
intellectuelle à la Chambre de commerce des Etats-Unis à
Certaines entreprises étrangères peuvent d'ailleurs considérer ces atteintes
comme le prix d'entrée pour le marché chinois, dit M. Mertha.
"De nombreuses entreprises ont appris douloureusement qu'elles devaient
s'adapter à l'environnement chinois, pas le contraire", conclut-il."