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la cachina

cuisine et galéjades

l'escalier de l'ébéniste Posté le Lundi 20 Novembre 2006 à 09h34

Article dédié à notre ami La Varlope


Je vous parle d’un temps où avoir le téléphone était quasiment un luxe ou une nécessité professionnelle.  Il fallait attendre quelques fois des années pour avoir cette fameuse ligne tant convoitée.


Une fois cette ligne obtenue vous aviez devant vous un gros appareil en bakélite noir et lourd et solide. Prendre un coup de téléphone pouvait alors occasionner quelques blessures.


Le câble court et très résistant ne vous permettait pas de vous promener dans la maison. De plus le poste était unique et point de téléphone dans diverses parties de l’habitation.


Donc, cet appareil ne comportait pas de cadran avec des chiffres et encore moins de poussoirs. Sous le combiné noir menaçant, il y avait une plaque ronde chromée avec un levier à impulsion, la fameuse magnéto, et  au  dessous sur une étiquette métallique rivée  fortement, il avait inscrit « propriété de l’état ».


Appeler quelqu’un n’était pas instantané, il fallait envoyer quelques impulsions, et en retour, toujours non instantanée, une voix féminine vous demandait le numéro de la personne que vous vouliez joindre. Ensuite il vous fallait raccrocher et attendre un « certain temps……… » mais certainement longtemps, pour avoir votre interlocuteur.


Tout cela pour vous amener à l’histoire du petit chien , qui était une chienne en vérité ,d’un ébéniste.Celui-ci avait fait installer le téléphone, « car il était de bon ton de montrer que l’on gagnait des sous  en faisant installer un  téléphone » dans son appartement.

Malheureusement son atelier se trouvait au rez de chaussée et n’avait pas le téléphone, les PTT de l’époque avait tout de même ajouté une sonnerie de rappel à titre professionnel, dans cet atelier.

Donc ce brave ébéniste,  pour gagner beaucoup de sous et faire sa pignatte, était plus souvent dans son atelier que dans son appartement. Les coups de téléphone était moins nombreux en ce temps là,  mais obligeaient notre brave ébéniste à faire des montées-descentes plusieurs fois par jour. Son brave chien  Chouchou qui le suivait partout, se braquait ces allez retour tout au long des ces journées.


Les Provençaux avaient la fâcheuse manie de faire des escaliers raide comme la justice, et uniquement des escaliers propices à la descente. C’est pour cela qu’ils ne faisaient pas de maison de plus de trois étages, déjà pour les jeunes et en bonne santé ces escaliers étaient raides, mais redoutables pour les vieillards et les alcoolos. C’étaient les escaliers de la mort. Ne vous demandez pas pourquoi dans les villages du Sud de la France et au-delà, les ménagères faisaient descendre leurs paniers au bout d’une ficelle. Même les docteurs faisaient passer leurs ordonnances par ce moyen sans aller voir leurs malades. Les voisines avaient déjà renseigné le docteur sur le malade, et mieux qu’un télé diagnostic par vidéo cam, cela n’existaient pas mais c’était pareil. Point de caméra de surveillance dans les rues,  mais les parents savaient déjà avant vous ce que vous aviez fait toute la journée.


Donc une fin de soirée, notre  bon ébéniste se retrouva tout seul sur le palier du premier étage, Chouchou  était resté en bas, sur la première marche.

- Oh, Chouchou, allez monte et viens manger ! Papa t'a fait du bon miam-miam, allez zou fait pas l'âne!

- Je vais pas descendre encore une fois!

- Si tu montes, pas la chèvre de monsieur Seguin viendra te chercher !

Après être passé de l’amadouement aux pires menaces, il finit par descendre chercher cette bourrique.


Peuchère, Chouchou  était toute molle et sans vie, après l'avoir secoué gentillement et lui dire des mots d'encouragement, il finit par admettre que Chouchou avait sans doute fait une crise cardiaque. Cette gentille chienne qui distrayait les moments de solitude de notre brave ébéniste était morte, certainement d'une crise cardiaque, mais les dernières pensées de Chouchou avaient été pour ces putains de maçons, ce téléphone de merde, et le bon dieu qui lui avait donné des si petites pattes, mais elle savait qu’elle allait se réincarner dans un doberman et qu’elle allait pouvoir dire à coup de dents ce qu’elle pensait  à ces différents corps de métiers.


 

Quand à notre ébéniste, il ne repris plus jamais de chienne ni chien ni autre anima , blessé au plus profond de lui même par la mort de sa petite chienne.Il travailla encore plus dur et grâce à l’argent de sa cagnotte il est maintenant  installé confortablement dans une petite maison de quelques centaines de mètres carrés en rez de chaussée au bord d’une plage que je ne nommerai pas, car il parait que les dobermans savent lire. 

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