Le chasseur de geais
Histoire en 2856 épisodes
Notre chère amie Marithé a choisi le sujet, mais
pas le plus facile et le plus court, en plus c’est une histoire terrifiante.
Tout d’abord quelques précisions : cela se
passe dans mon village début des années 50, j’étais encore un pitchoun gari* à
cette époque, et c’est bien plus tard que cette histoire vraie me fut racontée.
La personne à qui est arrivée cette histoire est encore en vie.
Attention j’enrobe
l’histoire, autrement elle ne fait dix lignes
A la sortie de la guerre de 45 et même après, la
vie était encore rude dans nos campagnes, certains se souviennent peut être
encore du bouillon de corbeau, souvenir
peu réjouissant.
Recette du bouillon de corbeaux
L’on peut tirer un excellent bouillon des corbeaux. (berk)
Il suffit pour cela de les plumer et vider, d'attendre qu'ils
soient mortifiés*, de les saler à dose convenable, et de les faire bouillir
jusqu'à ce que tout leur suc ait passé dans l'eau.
Le bouillon qu'on en retire est de la meilleure qualité, et l'on
peut s'en servir pour tous les potages (re berk)
* Une viande mortifiée est une viande soumise à un commencement de
décomposition pour l'attendrir. (vomir)
Tout cela pour vous dire qu’ici on mangeait encore
les pies et les gaies, en fricot avec
des olives et pomme de terre, tout en sachant que se sont des oiseaux
opportuniste et à la limite charognards.
Oui, jupi a mangé du fricot de geais, mais il y a
très longtemps, maintenant je les laisse manger mes cerises en toute impunité.
Je vous préviens cela va être long.
Donc revenons à notre brave chasseur un peu
simple* qui s’appelle Marceou*. Il chassait comme tout le monde avec son vieux
fusil à piston, antiquité héritée de son grand père.
Mais oui vous connaissez, ce sont ces vieux fusils
que l’on recharge par le canon. Un peu de poudre, un bout de papier journal
(comme ça les oiseaux manqués peuvent lire les nouvelles fraîches au passage,
genre armistice de 14/18) puis on tasse avec la baguette, un peu de plomb en
grenaille, encore un peu de journal (de cette façon les oiseaux peuvent lire
l’autre page), puis on vérifie si les petite cheminées d’amorçage sont bien
remplies et on met une amorce. Ensuite on attend le gibier, et puis Pan ou
Pchuiiiit, oui pchuiit cela veux dire que la cheminée était mal remplie et que
le coup va partir, mais pas tout de suite, cela fait tout drôle de rester le
fusil épaulé en train d’attendre que le coup parte, surtout si c’est un Tyrex
Malinus Malinus en face de vous, je sais ils sont herbivores, et alors, les
taureaux dans les arènes aussi.
Bon, prenons le coup du Pan sec et franc, la
encore vous aurez des surprises, avant l’invention de la poudre T sans fumée,
la poudre fumait énormément. Au bout du canon du fusil se formait un petit
nuage blanc/gris opaque et vous ne saviez pas si le gibier était touché et
utiliser le cas échéant le deuxième coup.
Donc la technique , était de faire quelques pas en
avant pour traverser ce nuages dignes des fumigènes des CRS (chasseur rapide et sûr) et de taper dans la
patte du Tyrex. Attention « Tyrex pas content n’a jamais mal aux
dents »
Stooooooooooop
Retournons chasser lou Gay* tranquillement, je
vous parlerai des œufs de Tyrex plus tard, œufs indispensables pour faire une
bonne brouillade de rabasses*
Donc Marcéou, prenais son fusil, son carnier* sa
quille de rouge, deux beaux oignons blancs du jardin, un bout de pain et
quelques amandes, avec cela il devait faire tout de même quelques kilomètres
pour retrouver son coin à gay, (non, il n’allait pas à la love parade) et
rester la journée entière afin de remplir sa besace.
*pitchoun
gari : petit garçon, ou petit rat
*simple :
tous les villages ont un simple ou plusieurs, mais plusieurs cela fait des
doubles, putaing, je vais pas en sortir.
*Marcéou :
marcel
*lou
gay* : le geai
*rabasse :
truffe noire, fruit abondant et peu cher
*carnier :
besace en cuir pour mettre la carne, heuuuuuuu