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Non peut-être ?

Oui sans doute ?

Bob l'ami des femmes Posté le Mercredi 27 Septembre 2006 à 10h27

S’il vivait au rez-de-chaussée et si je vivais au premier, S. et V., pour leur part, vivaient au deuxième…  C’était un jeune couple assez sympa, mais jeune tout de même : Bob trouvait qu’ils étaient bruyants, et puis ce n’était pas normal que S., à seulement vingt-trois ans, puisse payer  loyer, voiture, téléphone et en plus de permettre de sortir jusqu ‘à pas d’heure les vendredi et samedi soir…  Selon Bob, S. était un gamin de m… pourri par ses parents.

Et puis le scooter de V. qui avait été volé une nuit, quelques semaines plus tôt, c’était probablement une arnaque, à l’assurance, entendons bien,…Selon Bob, V. était une petite C… qui prenait les gens de haut.

Bref, Bob passait son temps à apostropher les habitants de l’immeuble quand il les croisait dans la cage d’escalier.  A moi, il disait du mal de S. et V. à qui il disait probablement du mal de moi.

 

Jusqu’au jour où j’ai rencontré D. 

Française exilée à Bruxelles pour la fin de ses études agrémentées d’un stage aux institutions européennes, D. gardait la maison de Y. et M. pendant que ceux-ci profitaient de leur récent statut de retraités pour accomplir un tour du monde bien mérité.  Tandis que les propriétaires arpentaient les couloirs en marbre du Taj Mahal ou contemplaient les couchers de soleil donnant tous leurs charmes aux paysages sud africains, D. et moi profitions alternativement du calme de leur maison et du charme relatif de mon petit appartement.

L’arrivée de D. dans ma vie avait contribué à réchauffer feu les relations que j’entretenais encore avec Bob, qui semblait sincèrement heureux de voir que j’avais enfin trouvé quelqu’un pour partager mon quotidien.

 

D. était partie rendre visite à ses parents et c’est un soir de célibat que je tombai sur lui, une nouvelle fois éméché mais bien éveillé, dans la cage d’escalier et j’en appris un peu plus sur sa vie.

Plus jeune, il avait rencontré une fille et leur couple avait l’air de fonctionner. Quelques mois plus tard, devant accomplir son devoir patriotique, il partit en Allemagne effectuer son service militaire et lorsqu’il rentra quelques douze mois plus tard, ce fut pour découvrir que sa petite amie ne l’avait pas attendu. Il ne s’en est jamais remis.

Commencé à boire, prendre du poids, perdre ses cheveux, entrer dans le cercle peu restreint et peu convoité des personnes résignées…  Ceci explique peut-être un cela…

 

Un jour, quelques semaines ou quelques mois plus tard, je ne sais plus, nous étions, D. et moi, dans mon appartement.  Bob frappe à la porte, bouteille de gros-rouge-qui-tache à la main, l’air d’humeur sociale.

Restitution d’un dialogue resté dans les annales…

« - (accent bruxellois prononcé !) D., samedi dernier, je faisais ma sieste et tu as claqué la porte…

- Bob, samedi dernier, on n’était pas là, on était en France chez mes parents…

- Arrête tes frais, tu veux ?  Je te dis que tu as claqué la porte, moi j’étais là et tu m’as bel et bien réveillé !!!

- Bob, je te répète que nous n’étions pas là samedi dernier…

-  Arrête un peu de zieverer (N.d.T. : parler beaucoup pour ne rien dire en langage bruxellois) et de rigoler, tu as claqué la porte… »

La discussion a continué à se dégrader.  Bob était de plus en plus mauvais, D. de plus en plus désarçonnée…  Quant à moi, moi, je commençais à sentir le temps de plus en plus long...

Je me rappelle m’être extirpé de mon canapé, avoir empoigné Bob par le col de sa chemise et lui avoir dit quelques phrases comme « maintenant, tu vas reprendre ton vin de merde, tu vas fermer ton gros bec et tu vas sortir de chez moi », emporté par l’énervement, je ne me souviens plus des termes exacts…Au même instant, S. et V. étaient chez eux avec des amis et chahutaient…Au même instant, il s’est passé ce qui se passe dans la jungle lorsque l'orage éclate : la nature s’est tue pendant ce même instant où  j’étais le seul à hurler sur lui, l’attention s’est focalisée sur ce qui se passait dans la pièce.

Je me souviens de sa couleur qui a brusquement changé…  Je me souviens qu’il a subitement repris sa bouteille de picrate et qu’il est sorti de chez nous, qu’il s’est dépêché de descendre l’escalier comme une otarie outrée, de geindre que de toutes façons, chaque fois qu’il y avait une femme ici, c’était la merde…

Par cruauté, je l'avoue, je me suis surpris à avancer vers lui et à frapper le sol avec le pied droit, ce qui a eu pour effet de le voir détaler encore plus vite pour s’enfermer chez lui…

 

Après cette journée, on décidait par un accord tacite de s’éviter quand c’était possible…

 

Pour définitivement clore le chapitre « Bob », c’était quelque temps après mon retour d’Asie…

Saturé par les tâches du laboratoire photo et frustré de ne plus faire de prises de vues, j’avais démissionné sur un coup de tête pour visiter le nord de l’Inde pendant quelques mois.  Les images que j’avais ramenées avaient donné lieu à une exposition au succès certain, mais j’étais désormais à la recherche d’un emploi.

S’il existe un organisme belge qui représente à lui tout seul une caricature obscène de ce que peut être une administration digne d’un film d’épouvante post-communiste, il s’agit bien de l’Office National de l’Emploi, ou Onem pour ses trop malheureuses victimes…

 

Mon dossier de demandeur d’emploi était géré par « eux » et pour prouver ma volonté de retravailler, j’étais sommé de répondre à leurs convocations en présentant divers documents censés attester une recherche active d’emploi.

Un matin, le facteur m’adressa un courrier recommandé et j’appris avec effroi que j’avais manqué trois convocations successives.  En conséquence, je devrais produire la semaine suivante devant une sorte de tribunal inquisiteur des documents justifiant ces absences …

Je n’avais malheureusement aucune raison valable de manquer ces rendez-vous, sauf de ne pas avoir reçu ces lettres.  Je me rendis à cette convocation de la dernière chance mais rien n’y fit, je fus puni, privé d’allocations durant deux mois, jugement habituel pour sanctionner ce genre de sortie de route.

 

En ressassant les évènements, je finis par trouver la raison la plus plausible à ce problème : l’immeuble dans lequel nous habitions ne possédait qu’une seule boîte aux lettres et Bob devait se servir dans le courrier des autres locataires.

C’est la raison pour laquelle nous avons déménagé quelques mois plus tard…

Un commentaire. Dernier par Sandrine le 27-09-2006 à 10h38 - Permalien - Partager
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