le blog de Maneuge

Dans les ombres abyssales de ma réalité se cachent des monstres au sourire carnassier . Protégés par un éthéré voile d'intemporalité, ils m'observent, prêts à me dévorégurgiter . N'attendant que mon faux-pas vélléitaire, les siècles n'effraient pas ces chimères séculaires , pour qui, ma vie n'est qu'éphémère et qui ne dégage qu'un fumet de vieille chaire amère . Toujours, ils tournoieront sans que je les voies, dansant frénétiquement jusqu'aux abois . Et quand, enfin, je chancellerai , mon esprit ballant, tous, avec avidité, se jetteront sur mon corps pantelant . Je n'aurai alors plus aucun moyen de défense, sinon espérer le néant pour que ma vie ait un sens . Et si celui-ci me reconnait une parcelle d'intelligence, il me dégueulera pour une éventuelle renaissance . Jusque-là, mes tourments n'ont pas encore sonné l'hallali . Patients, tenaces, rôdant près des rives de ma folie, ils m'observent sans répit dans la froideur de la nuit, désirant que, de mes cauchemars, je caresse la lie . Et soudainement, de nulle part, ils surgissent, me forçant à reculer au bord du précipice . Finalement, ils versent la goutte qui fait déborder le calice, laquelle m'entraîne vers le lieu où plus rien de moi ne subsiste . S'il me reste encore un peu de lucidité, je peux indéfiniment essayer de les esquiver . Je prie pour que la nuit ne soit pas encore tombée car je crains qu'ils ne me fassent auto-suicider . S'il est une morale dans cette histoire morbide, je la cherche éperdûment entre ces pages vides . Si quelqu'un veut me guider sans me tenir la bride, je n'appréhenderai plus l'indicible .
                                          Maneuge