Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

Mes romans

Et si le bonheur...

Duite 5 de : Et di le bonheur.... Posté le Jeudi 4 Octobre 2007 à 08h34

 

Linda extirpa de sa poche l'un des deux billets dérobés le matin même à Mahdi, le tendit au chauffeur qui attendait patiemment dans la voiture, elle rangea prestement la monnaie, adressa un sourire au chauffeur qui lui souhaita bonne chance.

 

Elle avança jusqu'à l'entrée de l'autoroute, eut un mouvement de recul, ils étaient nombreux à attendre la voiture de leur chance, elle prit la file et observa que les candidats au voyage en stop arboraient tous une pancarte sur laquelle était indiquée la destination qu'ils recherchaient.

 

Elle n'avait rien entre les mains, que son charme et le diable savait qu'elle en avait du charme, un corps superbement élancé, un visage attachant qu'on ne pouvait oublier ne l'aurait-on vu qu'une seule fois, une peau légèrement cuivrée, lisse et douce, des lèvres charnues appelant les baisers les plus fous, les cheveux bruns, souples, fluides, disciplinés à grands coups de brosse, tombant en vagues sur les épaules et des yeux d'un vert tendre, à faire damner un saint.

 

C'était vraiment un beau brin de fille, Linda et sa beauté naturelle, sans aucun artifice était mise en évidence par les vêtements sobres, jean et pull à col roulé, portés avec élégance.

 

Et une fois de plus, bien vite, le charme opéra. Lorsque le couple arrêta son cabriolet Volkswagen à sa hauteur, elle ne fut pas surprise, entendit quelques murmures de protestation autour d'elle, n'y prêta aucune attention. Le conducteur, sans arrêter son moteur, descendit, replia son siège pour la laisser monter à l'arrière, c'était une 3 portes, elle s'introduisit, déposa son sac à côté d'elle et se cala, le mieux possible sur son siège, comme si elle se préparait à faire un long voyage. Le conducteur reprit sa place, accéléra et la voiture s'insinua dans la circulation.

 

- Où vas-tu ? Lui demanda le conducteur sans autre forme de préambule.

- A Royan dit-elle.

Un éclat de rire lui répondit et le conducteur enchaîna :

- T'as pas de chance, t'es pas prête d'arriver, nous on s'arrête à Fontainebleau.

Ce fut à son tour de rire, va pour Fontainebleau, dit-elle en se calant à nouveau au fond de son siège.

 

Ils n'eurent pas le temps d'engager une conversation et puis qu'auraient-ils pu se dire, ils ne se connaissaient pas. La voiture s'arrêta à l'entrée de la sortie vers Fontainebleau, le couple lui souhaita bonne chance, elle resta seule sur le bord de l'autoroute. Dommage se dit-elle, ils avaient l'air sympa.

 

 

Au travers des nuages qui parsemaient le ciel, le soleil chauffait la terre que les pluies de la veille avaient profondément mouillée, assise sur son sac Linda somnolait, elle en avait vu passer des voitures depuis près d'une heure, aucune ne s'arrêtait, c'était compréhensible, elles passaient à grande vitesse, avaient à peine le temps de la remarquer. Un crissements de pneus sur la chaussée, comme une plainte qui se prolonge, lui fit lever les yeux, elle aperçut une voiture qui empruntait la bande d'arrêt d'urgence, elle comprit que c'était pour elle, se leva d'un bond, prit son sac à la main et se mit à courir pour rejoindre la voiture.

 

Essoufflée elle arriva près de la voiture alors que le conducteur descendait la glace, ils se regardèrent quelques instants, le courant passait bien entre eux, il prit un air enjoué.  

- Votre voiture est avancée Madame dit-il

-  Où allez-vous lui demanda-t-elle ?

- Au bout du monde, répondit-il en ajoutant, si vous n'êtes pas pressée, il enchaîna : trêve de plaisanterie, je vais à Poitiers mais je m'arrête quelques instants à Orléans, si ça vous dit j'ai une place de disponible. Elle accepta, fit rapidement le tour de la voiture, il ne descendit pas, se pencha pour lui ouvrir la portière, elle s'engouffra à l'intérieur, s'installa confortablement sur le siège de cuir, mis sa ceinture et la voiture s'engagea sur la chaussée.

 

Le voyage lui parut très court, il était agréable, sympathique, le visage ouvert, un début de calvitie, il donnait l'impression d'une grande honnêteté, il était bavard, parlait beaucoup. Il lui raconta sa vie avec force détails, elle fit mine de le croire, ne lui raconta pas la sienne, une certaine intimité s'installait entre eux, il voulu en profiter, tenta sa chance, pensa que le moment de l'estocade était venu, il étendit le bras, posa délicatement sa main sur la cuisse de Linda, tenta une caresse plus précise, elle sourit, lui prit la main, la déposa doucement mais fermement sur le volant, il avait compris, n'insista pas. Il la déposa à la sortie de Poitiers, elle lui déposa deux baisers sur les joues, voulut le remercier, et lui dit simplement : en d'autres circonstances bien des choses auraient pu se passer.

 

Un routier sympa, accompagnée par sa femme, l'avait prise à Poitiers, ils descendaient à Bordeaux, avait fait un léger détour pour la déposer à l'entrée de Royan. Elle avait particulièrement apprécié ce dernier trajet, ils lui avaient proposé de s'allonger sur la couchette de la semi-remorque, sa fatigue avait fait le reste, le ronronnement du moteur et la douce musique au rythme chaloupé diffusée par Nostalgie, avait bercé ses rêves.

 

En touchant le sol elle reprit rapidement conscience de la réalité, elle était  arrivée au bout de son voyage mais pas au bout de ses ennuis, elle se dirigea vers le front de mer, il était tard, tout en marchant,  elle sorti de sa poche le papier comportant l'adresse de son point de chute : Les Flots bleus - face à la plage.

 

Elle eut un choc en découvrant la mer, une vision féerique s'offrait à sa vue, le soleil, immense boule de feu, embrasait tout l'horizon, transformant cette étendue d'eau, lui donnant l'aspect d'une lave en fusion, venant doucement mourir sur la plage. Elle s'arrêta, une émotion intense la submergea, contempla un long moment ce spectacle de fin du monde puis émue, bouleversée, elle reprit sa marche vers son destin.

 

0 commentaire - Permalien - Partager
Commentaires