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Mes romans

Et si le bonheur...

Suite 23 de : Et si le bonheur Publié le Dimanche 11 Novembre 2007 à 09:02:49

Depuis trois jours qu'il écumait la ville, il l'avait passée au peigne fin, parcourue en tout sens et pas plus de Linda que de fraises dans les épinards, à se demander si la vieille lui avait  craché le bon morceau, la bonne ville, c'est roublard les vieux, ça a du vice dans la peau, et si elle s'était foutue de sa gueule…

 

A cette évocation, il sentit une montée d'adrénaline parcourir son corps, son instinct bestial reprenait le dessus, remontait jusqu'à son cerveau et son désir de vengeance déclenchait en lui une véritable folie meurtrière bien difficile et souvent impossible à maîtriser.

 

La légion et les combats qu'il avait menés sur le continent africain avaient fait de lui une bête à tuer et son cerveau malade n'arrivait plus à contrôler ses pulsions.

 

En quittant la Légion, complètement désorienté, il avait rejoint les commandos mercenaires qui évoluaient en Bolivie, quatre ans de guérilla, d'embuscades, d'enlèvements, de racket, de tortures et de viols avaient modelé son profil psychologique.

 

Bien connu du milieu, il travaillait maintenant à l'international, sur contrat, sous des identités et des nationalités diverses qui lui avaient permis, jusqu'alors, d'échapper à toutes les polices du monde.

 

Il regardait les gens passer assis sur sa moto, à cheval, les pieds rivés au sol, le moteur ronronnant, sur la place de la cathédrale, au pied de l'immense bâtisse aux lignes épurées, grandiose bloc de béton, fierté de la ville.

 

Il était indécis, ne savait plus comment occuper son temps, n'ayant reçu aucune instruction de Marco, il se trouvait totalement largué, abandonné.

 

C'est sûr, il ne s'était pas emmerdé les jours précédents, il avait connu des heures folles avec la patronne de l'hôtel mais il en avait déjà marre, de son corps, de ses caprices, toujours les mêmes mots, les mêmes gestes, ça suffisait, il lui fallait du nouveau, de la chair fraîche, quelque aventure qui lui rappellerait le bon vieux temps, qui lui redonnerait l'oubli de sa triste condition humaine.

 

A cet instant précis, il aperçut, de l'autre côté de la place, une jeune femme, les bras chargés de paquets, se débattre avec son sac à main, elle échappa celui-ci qui dispersa son contenu sur la chaussée et les paquets suivirent le sac.

 

Amusé, le motard contemplait la scène, il avait envie de rire mais soudain une idée lui traversa la tête. Rapidement il baissa sa béquille, stabilisa son engin, coupa les gaz, mis sa clé de contact dans sa poche, se précipita aux pieds de la jeune femme, ramassa les paquets, les lui tendit.

 

Ils se regardèrent, éclatèrent de rire, la jeune femme reprit son sérieux.

- Que pourrais-je faire pour vous remercier lui demanda-t-elle.

- Acceptez de prendre un verre avec moi, répondit-il.

 

Elle hésita un instant et, à sa grande surprise, elle accepta.

- Accordez-moi une heure, le temps de déposer mes achats, je suis de retour, où ? Ici ? demanda-t-elle en jetant un regard autour d'elle.

 

- Oui, ici, dans une heure. Ils se sourirent, elle monta dans sa voiture, démarra, intégra la circulation et disparut au bout de la rue.

 

Il regarda sa montre, il était 18 heures, à 19 il serait, ici, sur la place.

 

Il éclata de rire, se frotta les mains, comme un maquignon qui venait de conclure une excellente affaire.

 

Il retourna à l'hôtel, passa devant la patronne sans la regarder, prit sa clé, monta dans sa chambre, fit une grande toilette, il redescendit, passa à nouveau, toujours sans la regarder, devant la patronne, elle fit la moue, personne ne le remarqua, il sortit, reprit sa moto et attendit sur la place de la cathédrale.

 

A 19 heures pile elle arrêta sa voiture à côté de sa moto sur laquelle il attendait patiemment, elle baissa la vitre, il s'approcha, ils se sourirent.

 

- Que prend-on, la voiture ou la moto ? demanda-t-elle.

- Je vous propose la moto, on ne va pas très loin, ça ouvre l'appétit et, si vous ne connaissez pas, ça procure des sensations.

- Va pour la moto dit-elle avec un peu de crainte dans la voix. Juste un verre lui rappela-t-elle, en le regardant dans les yeux. Ils se sourirent, déjà un peu complices.

 

Il se pencha sur la moto, ouvrit son coffre, en sortit un casque et un coupe-vent imperméable, il les lui tendit, enfilez ça dit-il, c'est plus prudent. Elle s'exécuta.

 

Ils enfourchèrent la moto, il lança le moteur, il se retourna légèrement, elle se pencha vers lui pour mieux l'entendre lui dire : tenez moi par la taille, ne vous raidissez pas. Il se retourna, accéléra progressivement, s'engagea prudemment dans la circulation peu importante à cette heure-là, sur le boulevard Frédéric Garnier et prit la direction des Grottes de Matata.

 

C'était la première fois qu'elle chevauchait une moto, la première fois qu'elle tenait un inconnu dans ses bras, le bruit du moteur, tendre et doux, régulier dans son régime, douce musique à ses oreilles, les deux mains posées à plat sur le torse puissant, elle vivait ce moment avec plénitude.

 

Déjà elle ne s'appartenait plus, grisée par la vitesse, par la chaleur de ce corps qu'elle percevait au travers de la combinaison, par ce paquet de muscles qu'elle sentait jouer contre son corps, les battements de ce coeur, qui lui semblait battre à l'unisson du sien, elle se sentait prête à tout accepter, à tout abandonner, à tout abdiquer.

 

Mais que lui arrivait-il, quel était ce frisson étrange qui parcourait son corps, l'attrait du fruit défendu, une folie, ô combien douce, combien délicieuse, elle ne voulait pas songer à la suite, à la conclusion de cette escapade, elle était bien, heureuse, voulait vivre ce moment de bonheur et le bonheur dans sa vie n'était pas si fréquent.

 

Elle avait fermé les yeux, toute à sa rêverie, l'arrêt brutal de la moto lui fit reprendre conscience de la réalité, elle regarda autour d'elle, aperçu un panneau, faiblement éclairé, elle comprit que c'était le parking des grottes de Matata.

 

L'endroit était désert, pas une voiture, pas un bruit.

- Vous êtes sûr que c'est ouvert ? demanda-t-elle, le son de sa voix la fit frissonner.

Un rayon de lune perça la couche épaisse des nuages, donnant un peu de clarté et soudain le paysage devint moins sinistre.

- On n'a qu'à aller voir répondit-il, en béquillant sa machine il descendit, à contre-coeur elle en fit autant, machinalement il lui prit la main, elle le laissa faire.

 

Ils s'avancèrent sur l'étroit chemin qui conduisait aux grottes, quatre cent mètres à parcourir dans ce chemin qui surplombait les rochers frappés sans cesse au rythme du ressac et des marées.

 

Ne pouvant se tenir côte à côte, elle marchait devant lui, il la suivait et dans ce clair de lune, les yeux rivés sur ses hanches il était fasciné par l'ondulation de sa croupe, le coupe-vent grand ouvert flottant au vent du large battait ses flancs.

 

Il leur fallut se rendre à l'évidence le restaurant était fermé la grille était baissée et aucune lumière brillait à l'intérieur. Dépités ils s'immobilisèrent quelques instants comme s'ils attendaient qu'on vienne le rouvrir.

Ils ne prononcèrent pas un  mot, firent demi-tour et entamèrent le chemin en sens inverse.

 

La lune à nouveau venait de disparaître, soudain une envie de prendre cette femme se manifesta, il s'affola, il sentit comme un étau le prendre à la gorge, il sentit la crise monter en lui, il fallait la stopper, l'anéantir, un baiser suffirait peut-être, un peu de tendresse, un tout petit peu, qui comblerait le trop grand besoin d'amour.

 

Elle marchait toujours devant lui, il se rapprocha, posa doucement la main sur son épaule, elle se retourna brusquement, le repoussa violemment, mais que lui voulait-il cet homme, c'était évident, comme elle avait été naïve.

 

Elle eut peur tout à coup, fuir, il lui fallait fuir, elle se retourna, trop tard, elle sentit deux mains puissantes la saisir à la gorge, elle se débattait, de l'air, il lui fallait de l'air, elle aurait tout donné, tout accepté pour respirer un peu, elle le suppliait dans sa tête mais il n'entendait pas, aucun son ne sortait de sa bouche, et elle eut une pensée pour son mari qui devait venir la chercher à la fin de la semaine, pour ses enfants qui connaîtraient, sans doute une autre maman, c'est bête se dit-elle.

 

Il tenait cette gorge dans ses deux mains de fer, pourquoi se débat-elle ? Il serrait, serrait, elle n'aurait pas dû le repousser, il ne voulait pas lui faire de mal, il voulait l'embrasser, seulement l'embrasser et il la tenait, là entre ses mains, à sa merci, il serrait fort, encore plus fort, comme on le lui avait appris, il entendit craquer les cartilages, et soudain, ce corps ne bougea plus, alors il ouvrit les mains et le corps s'affaissa lourdement sur le sol.

 

Hébété, il sentit le froid de la nuit le pénétrer, il regarda autour de lui, il était seul, au milieu des ténèbres qui favorisaient l'émergence de ses pulsions meurtrières, c'était toujours comme ça que ça commençait, il n'y pouvait rien, les ténèbres, la solitude, le froid, et ce  roulement qui résonnait dans sa tête, qui battait la mesure au rythme de son coeur, et les images, ces images terrifiantes, que jamais il ne pourrait oublier qui se mettaient à tourbillonner devant ses yeux hagards.

 

Où était-il en ce moment ? Dans la jungle bolivienne, le cadavre de son meilleur ami, là, près de lui, il entendait ses cris, ses supplications de l'achever, les aboiements du sergent qui invoquait la survie.

 

Il n'y comprenait plus rien, il fallait donc tuer pour survivre ? Avec ses mains il se boucha les oreilles, mais les cris raisonnaient toujours dans son crâne : survie.... tuer..... survie, l'alternative.

 

Sans pouvoir comprendre, il prit dans sa botte le poignard qui ne le quittait jamais, comme un automate. Par trois fois, avec rage, comme s'il avait voulu tuer les mauvaises pensées qui l'habitaient, il plongea son arme dans le corps de cet ami qui agonisait croyait-il près de lui.

 

Sur les champs de bataille, comme dans la jungle, on ne laissait pas les cadavres derrière soi, on les mettait en terre, on récupérait les vêtements et objets personnels, il se mit en demeure de déshabiller le corps de son ami.

 

Consciencieusement il enleva, les uns après les autres, tous les vêtements, un rayon de lune filtra entre les nuages, une femme nue se trouvait  près de lui, il passa la main sur ce corps blanc encore tiède, la peau était douce et cette douceur réveilla ses pulsions, c'était donc ça, elle ne l'avait pas rejeté, était même consentante, l'attendait couchée là près de lui, il ne fallait pas la faire attendre. Il se précipita sur elle, lui fit l'amour brutalement. Elle s'en souviendra toute sa vie, se dit-il en se retirant.

 

Anéanti, brisé, perdu dans ses errances, incapable de réagir, il sombra, dans un profond sommeil, près du cadavre, la main posée sur son sein.

 

Combien de temps resta-t-il ainsi ? Il n'aurait su le dire. Quand il se réveilla la nuit était toujours profonde, il ne regarda pas sa montre, dans ces moments là le temps n'existait pas, il ne se souvenait de rien, comme dans toutes les autres crises, il avait tout occulté, seul le cadavre était près de lui, mais, les cadavres il connaissait, il en avait vu beaucoup dans sa vie. Il se leva, l'enveloppa consciencieusement dans le coupe-vent, y ajouta les vêtements épars, et précipita le tout dans la mer, par-dessus les rochers.


 

Afficher le commentaire. Dernier par pour aider les jeunes parents le 21-07-2013 à 11h35 - Permalien - Partager
Suite 22 de : Et si le bonheur.... Publié le Vendredi 9 Novembre 2007 à 09:59:01

Il remit le portable dans sa poche, un sourire sardonique sur les lèvres, il la tenait sa revanche, un frisson de plaisir parcourut tout son être, la jouissance à l'état pur, plus forte encore que dans l'extase de l'amour.

 

Marco savait maintenant où se trouvait Linda, cette salope, il ricanait, tout à son triomphe. Je vais en faire une pute de cette nana, il savourait ses propres écarts de langage, comme s'il lui infligeait, déjà, les outrages suprêmes.

 

Il se demandait encore comment il avait pu faire pour obtenir aussi facilement l'adresse de Linda, encore une histoire de nana pensa-t-il.

 

Pas se presser, ça devait être sa devise, il les baiserait tous ces enfants de salaud, ces enculés, José compris. On avait voulu sa perte mais il allait sortir grandi de ces épreuves et qui sait, peut-être, un jour, siègerait-il auprès du grand patron, du boss, c'est qu'il en avait, le drôle, de l'ambition.

 

Pas se presser, il ne fallait pas se presser,  il savait se dominer, calmer ses ardeurs, il avait  appris tout cela à l'école du crime, rester calme, maître de lui même, n'était-il pas l'un des meilleurs joueurs de poker de la région, une référence dans le milieu.

 

Seul dans sa planque, étendu, tout habillé sur le galetas qui lui servait de lit, il éprouva le besoin, soudain, impérieux, de sortir respirer un grand bol d'air.

 

Il se leva, se saisit naturellement de son arme posée sur la tablette du lit, la glissa dans son holster de poitrine, enfila sa veste, poussa la porte à double battant qui ouvrait sur l'extérieur, fit quelques pas.

 

Le pâle soleil d'automne lui sauta au visage, l'air de la colline était vif et froid.

 

Il frissonna, surpris de s'attarder à regarder cette nature sauvage qui l'entourait, les reflets du soleil, les rouges et or des grands arbres contrastaient étrangement avec les verts des cyprès qu'on apercevait dans la plaine,  le ciel moutonné de petits nuages blancs laissait passer de longs rayons de soleil formant au sol de grandes et lumineuses taches claires.

 

L'espace d'un éclair, il se souvint des images découvertes un jour dans le livre de messe trouvé par hasard dans sa famille d'adoption, il souleva les épaules, chassa bien vite ces images pieuses qui lui rappelaient les heures mauvaises de sa toute première jeunesse.

 

Aucun bruit d'une quelconque activité humaine ne venait troubler le calme de cette nature, seuls quelques oiseaux lançaient leurs trilles en traversant le ciel,  il percevait au loin la musique lancinante sensiblement atténuée par la distance, des sonnailles du troupeau de moutons que surveillait son demi-frère.

 

Il l'appelait ainsi mais ce n'était pas son demi-frère, c'était son compagnon de galères, d'infortune, ils s'étaient connus dans la famille d'accueil à qui, la D.A.S. S. les avait confiés tous les deux, à  quelques jours d'intervalle.

 

Ils avaient partagé toutes les misères, toutes les vexations, les privations, toute cette vie misérable qui était la leur.

 

Ca  les avait rapprochés, il était devenu au fil du temps comme des frères mais ils avaient voulu marquer la différence, en se considérant comme des demi-frère tant leur personnalité était différente.

 

Autant Marco  était coléreux, vindicatif violent, ne manifestant en quelque circonstance que ce fut,  le moindre sentiment, la moindre émotion, autant Camille étaient doux, tolérant, calme, amoureux de la nature, il était devenu berger, travaillait  pour le compte d'une coopérative.

 

La montagne était son domaine, son refuge et, lorsque  Marco  avait besoin de disparaître pendant quelque temps, il ne posait aucune question, partageait simplement, avec lui, la baraque, sa bergerie comme il disait, construite de ses mains, en pierres sèches, ramassées l'une après l'autre pendant des décennies.

 

 Marco s'y trouvait pleinement en sécurité, c'étaient l'une de ses planques, la plus sûre, pensait-il, aucune route n'y aboutissait, elle ne se trouvait pas près d'un chemin de randonnée, cette baraque était peu connu des gens du pays tant elle été parfaitement intégrée dans cette nature sauvage, enfin elle se trouvait à deux heures de marche du village voisin.

 

Depuis qu'il avait subi le coup de gueule, lors de la dernière réunion, Marco savait parfaitement que ses jours étaient en danger, prudent, il ne venait à la discothèque que le jour, et encore, empruntait-il le passage secret.

 

Ayant invoqué une absence de quelques jours, il donnait ses instructions par téléphone. De plus les hommes qui lui étaient restés fidèles le tenaient au courant des faits et gestes de chacun et notamment de José.

 

Personne ne savait qu'il  n'était qu'à quelques kilomètres seulement, dans une  bergerie, loin des remous des affaires.

 

Il concoctait tout un scénario pour régler totalement et sans bavure le sort de Linda et de son môme.

 

Pour l'instant le gosse était au vert il pouvait tout à loisir s'occuper de la mère, l'enlever, la conduire dans un centre spécialisé et la mettrait ensuite au turf sur le trottoir à Marseille, il lui préparer un brillant avenir.

 

Il ses dit qu’il n’avait plus besoin des services du motard, il avait l’adresse de son ex et sur ce coup, le motard n’avait pas été d’une grande efficacité, il composa son numéro, laissa sonner une dizaine de fois, Marco constata que le Motard n’avait pas branché son répondeur, il se souvint que c’était lui qui l’avait demandé, il valait mieux ne laisser aucune trace derrière soi, c’était un réflexe, il coupa le circuit, je rappellerai demain se promit-il.

 


 

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Suite 21 de : Et si le bonheur ..... Publié le Jeudi 8 Novembre 2007 à 09:36:22

Sonia, dans son bureau, au premier étage de l'hôtel, préparait les remises bancaires et la passation des écritures comptables. Elle n'était pas arrivée très tôt ce matin, elle était venue à pieds, avait  traversé la ville, jeté un regard sur les devantures des magasins, fait un brin de causette avec les gens connus.

 

Elle n'habitait pas loin de l'hôtel, un kilomètre tout au plus et récompense suprême, avait longé la plage, s'était arrêtée quelques instants pour admirer le spectacle grandiose des paquets de mer projetés en pluie fine, sur la plage, par le vent fort venu du large.

 

Elle était heureuse, insouciante, n'avait pas de problèmes existentiels, elle avait pris sa destinée en mains, du moins le croyait-elle, lorsque, son bac en poche, elle avait décidé d'arrêter ses études. Du reste avait-elle besoin de faire des études, fille unique de parents très aisés, fiancée à l'homme qu'elle avait choisi, elle n'avait qu'une idée en tête, le mariage.

 

Tout en marchant elle songeait à la cérémonie, en mettre plein la vue aux copines, la robe blanche, les demoiselles d'honneur, le grand tralala quoi, la fête, la grande fête que ses parents avaient fixée au début du printemps, le repas de noce aurait lieu dans les grottes de Matata, face à  la mer qui avait fait la fortune de ses parents. C'était prévu, décidé, la salle était déjà retenue.

 

 

 

 

 

Elle aurait dû être pleinement heureuse, et pourtant, depuis quelques jours,  inconsciemment, elle sentait peser sur elle une grave menace et ça, se disait-elle, c'est depuis le retour de Linda dans la vie de Dominique.

 

Elle avait voulu en parler avec lui mais à plusieurs reprises il s'était dérobé, lui avait demandé simplement de lui laisser quelques jours, de lui faire confiance, que le problème allait se régler de lui-même.

 

Elle voulait bien le croire, mais n'en était pas très sûre, la présence de Linda présentait bien une menace, mais quelle genre de menace, peut-être s'aimaient-ils encore, et cet enfant kidnappé, que venait-il faire entre eux. Plus elle se posait de questions moins elle était capable d'y répondre.

 

La matinée s'étirait en longueur. Dominique, dans la pièce à côté, recevait les fournisseurs de l'hôtel, un mercredi matin, comme tous les mercredi matins.

 

Sonia sans y prêter autrement attention percevait, au travers de la cloison, des bribes de phrases, des éclats de rire, auxquels s'ajoutaient les bruits atténués de la ville qui montaient de la rue. C'était rassurant ?

 

Cependant quelque chose inquiétait Sonia, Dominique venait d'avoir une conversation téléphonique, elle avait surpris des éclats de voix inhabituels de sa part, les battements de son coeur s'étaient brusquement accélérés, elle ne savait pas pourquoi, mais elle était certaine qu'il s'agissait de Linda.

 

Elle avait tendu l'oreille mais sans résultats et son anxiété n'avait fait qu'augmenter, elle s'était promis de demander une explication à Dominique.

 

Il était près de midi, le dernier visiteur avait quitté le bureau, Dominique était seul, c'est le moment se dit-elle, elle se leva et, d'un pas décidé, pénétra dans le bureau de Dominique,

Elle lui sourit, il lui rendit son sourire, elle prit une chaise, la transporta près du bureau, s'assit, ils se regardèrent quelques instants, elle ne savait pas ce qu'elle allait lui dire, ne voulait surtout pas donner l'impression de nourrir un quelconque sentiment de jalousie.

 

- Tu restes à l'hôtel cet après-midi lui demanda-t-elle d'un ton anodin.

- Non, répondit-il, j'ai rendez-vous avec mes banquiers pour monter le dossier de financement, tu le savais, je te l'avais déjà dit, il ajouta, et puis j'ai diverses démarches à faire en ville.

- Ha, fit-elle en ajoutant d'un ton interrogatif, Linda ?

 

Il ne répondit pas.

 

À cet instant le téléphone sonna dans la pièce que venait de quitter Sonia.

 

Elle se leva, furieuse d'être dérangée, se dirigea vers son bureau, le portable s'arrêta de sonner au moment même où elle le mit à son oreille.

 

Agacée, son portable à la main, elle regagna le bureau de Dominique, reprit sa place, posa son portable sur le bureau, à côté de celui de Dominique, cela la fit sourire c'était les deux mêmes appareils, elle se souvint, ils les avaient achetés ensemble le même jour.

 

Elle ne savait pas comment reprendre la conversation, ne voulait pas être trop directe, éveiller ses soupçons, elle attaqua par la bande.

 

- J'ai déjà des demandes pour la location de la maison de Pontaillac, sera-t-elle libre pour le mois de mai ?

 

Elle se disait qu'il allait  lui parler de Linda, de la durée de son séjour, il n'en fit rien.

 

- Sans aucun doute dit-il d'une voix peu convaincante et pour clore la conversation, il ajouta, on a le temps d'y penser.

 

Elle en fut pour ses frais et ne reçut aucune autre précision.

 

La réceptionniste de l'hôtel vint les prévenir que les premiers clients pour le restaurant étaient arrivés. Ils descendirent ensemble, Dominique se rendit aux cuisines et Sonia se dirigea vers le restaurant.

 

L'horloge sonna 3 coups, machinalement Sonia leva les yeux, 15 heures dit-elle. Les derniers clients du restaurant s'étant éclipsés, ils se retrouvèrent à la réception et remontèrent ensemble au bureau. Sonia reprit sa place devant l'ordinateur, Dominique sortit de l'un des tiroirs de son bureau un dossier volumineux qu'il parcourut rapidement afin d'être sûr de ne rien oublier, peut-être aussi pour se le remettre en mémoire. Il prit son portable, le mis dans sa poche, entrouvrit la porte du bureau de Sonia.

 

- A tout à l'heure dit-il.

 

Sans attendre de réponse, il referma la porte et se dirigea vers l'ascenseur.

 

Sonia rongeait son frein, elle était  furieuse contre elle-même, se reprochait de ne pas avoir su poser les bonnes questions, elle était certaine que cet après-midi il allait passer voir encore Linda, que ferait-il quand il serait près d'elle ? Peut-on oublier les moments intimes et ne pas les prolonger quand on se retrouve ? Elle était jalouse à en mourir, que pouvait-elle faire, elle ne pouvait quand même pas la tuer cette Linda ?

 

Elle se jeta à corps perdu dans son travail, elle voulait chasser les mauvaises pensées qui tournaient et se bousculaient dans sa tête.

 

Le téléphone sonna elle se souvint qu'elle avait laissé son portable dans le bureau de Dominique, elle se leva, se précipita, le téléphone sonnait toujours, elle le prit, le porta à son oreille, n'eut pas le temps de réagir, une voix qu'elle ne connaissait pas, éructa, comme un volcan crachant sa lave.

 

- Espèce de connard je vais te donner une dernière chance.

 

Surprise elle ne sut quoi dire, la voix enchaîna :

- tu vas me donner l'adresse de cette salope, sinon c'est toi qui vas avoir à faire à moi. Compris ?elle murmura timidement n'y comprenant rien :

- Mais qui demandez-vous ?

 

A l'autre bout du fil la voix hésita, surprise, sans doute, de parler à une femme, reprit aussitôt

- Tu es qui toi ? La secrétaire du conseil de Linda ?

 

Elle hésita, hocha de la tête, compris que l'individu ne la voyait pas.

 

- Oui dit-elle timidement.

- Alors espèce de pucelle, tu diras à ton patron que je veux l'adresse de Linda il pigera.

 

Une idée folle lui traversa l'esprit, elle connaissait l'adresse de Linda, cet homme au téléphone, c'était peut-être le père de son enfant, si elle donnait l'adresse, il viendrait la chercher, elle serait débarrassée, Dominique aussi, ils pourraient reprendre leur vie passée, tout serait redevenu comme avant

 

- Je peux vous la donner cette adresse

- T'as intérêt dit la voix, et heureuse de se débarrasser de ce fardeau, elle donna, sans manifester le moindre regret, l'adresse de Linda.

 

L'individu coupa la communication. Elle resta incrédule, le téléphone en main, ne comprenant pas pourquoi on l'avait appelée, elle eut un doute, examina le téléphone, c'était celui de Dominique qu'elle tenait dans la main. En sortant Dominique s'était trompé de téléphone, avait emporté celui de Sonia et laissé le sien par erreur, sur son bureau.

 

 

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Suite 20 de : Et si le bonheur .... Publié le Mardi 6 Novembre 2007 à 20:10:12

Linda se réveilla très tôt, elle avait peu dormi, cette nuit-là, les images de ces jours derniers repassaient en boucle dans sa tête sans qu'elle puisse les discipliner, ça l'énervait et ça la fatiguait. 

 

La veille, au cours de l'après-midi, Dominique était passé la voir en coup de vent, il lui avait fait signer une procuration pour qu'il puisse retirer la lettre qu'elle s'était envoyée en poste restante et qui contenait un dossier sensible qu'elle pensait pouvoir lui servir comme monnaie d'échange.

 

Dominique n'était pas resté, elle avait compris que Sonia développait à son encontre un sentiment de jalousie prononcé.

 

Si elle réfléchissait bien, si elle était sincère avec elle même, il lui semblait qu'elle en avait autant à son service. Elle ne la connaissait pas, ne l'avait vu qu'une seule fois mais n'avait aucune sympathie pour cette jeune femme, pourquoi Dominique l'avait-il choisie. Elle est moche dit-elle tout haut, comme si elle avait voulu s'en convaincre.

 

Dominique avait téléphoné ce matin à Marco, elle se sentait  fébrile, était inquiète, se demandait quel serait le résultat de cet entretien. Elle connaissait les colères de Marco, un ouragan, une tempête, la foudre, tout ça mélangé, malaxé, sans savoir où, ni sur qui ça allait  tomber.

 

Elle se leva, fit une rapide toilette, prendrait son bain cet après-midi, s'habilla, et but un grand bol de café chaud, Dominique n'était pas venu ce matin lui apporter son petit déjeuner et surtout n'était pas venu lui tenir compagnie, la faute à Sonia.

 

Elle s'ennuyait, ne savait pas quoi faire, pensait sans cesse à son bébé, l'attente la rendait folle, elle se demandait si ça ne serait pas mieux de retourner auprès de Marco, mais bien vite chassait cette idée se souvenant de ce que Marco voulait lui faire subir, jamais, se disait-elle, plutôt mourir.

 

Dominique lui avait recommandé de ne pas sortir, elle savait bien que c'était dangereux, mais combien de temps pourrait-elle tenir sans aller se promener le long de la plage ?

 

On sonna à la porte d'entrée, Linda sursauta, elle eut un sourire, Dominique pensa-t-elle, en se précipitant vers la porte.

 

Par prudence, elle approcha son oeil de l'oeilleton de la porte, elle ne connaissait pas ce visage, ce n'est pas celui de Dominique se dit-elle, elle regarda à nouveau alors que le visiteur appuyait une seconde fois sur la sonnette.

 

Qui cela peut-il bien être se demanda-t-elle, eut un  moment d'hésitation, elle ouvrit simplement parce qu'elle trouva qu'il avait de beaux yeux et finalement une tête sympathique.

 

La porte ouverte ils se regardèrent, surpris de se trouver face à face

 

- Tu ne me reconnais pas dit-il ? Voyant la moue de Linda il ajouta aussitôt, il est vrai que si  j'ai changé autant que tu as changé, c'est pas surprenant.

 

Elle le regardait toujours sans comprendre, les yeux agrandis par l'étonnement. Il eut un moment de doute, qu'il est beau ce mec pensait-elle, il poursuivit la fixant avec ses grands yeux clairs,

 

- Tu es bien Sylvie, Sylvie Berthier ?

 

Elle sentit son coeur battre la chamade dans sa poitrine, elle eut chaud et froid en même temps, que devait-elle répondre, si elle disait non il allait partir, se retirer, elle ne le reverrait peut-être jamais, si elle répondait par l'affirmative c'était, à coup sûr, des ennuis qui s'ajoutaient.

Elle ne savait pas si elle pourrait s'en sortir.

 

Elle s'entendit répondre,

 

- Oui, c'est bien moi Sylvie, s'imagina que c'était son double qui répondait à sa place. Julien se détendit,

- Mais qui es-tu toi lui demanda-t-elle et ajouta, sachant qu'elle ne risquait pas de se tromper, nous étions nombreux à jouer sur la plage.

- C'est vrai dit-il Je suis Julien, Julien Cheminot.

- Je suis tellement surprise de te revoir, j'en oublie de te proposer d'entrer quelques instants, dit-elle en le laissant passer. Qu'il est beau se dit-elle une fois encore.

- Je t'offre un café dit-elle.

- Volontiers très fort, pas de sucre.

 

Elle se dirigea près du fourneau, il prit une chaise, s'installa près de la table et pendant quelle préparait le breuvage il lui demanda :

 

- Tes  parents sont là ? Je voudrais bien les saluer.

 

Elle hésita, ne sut que répondre, mais elle se souvint que Dominique avait acheté récemment cette maison, elle improvisa.

- Non ils ont vendu la maison et je prépare le déménagement.

- Alors tu restes quelques jours encore, dit-il

- Oui quelques jours, on va pouvoir sortir, c'était plus une affirmation qu'une question.

 

Elle ne répondit pas, prit deux mazagrans sur la desserte, les posa sur la table, sans dire un mot,  servit le café brûlant, prit une chaise, s'assit en face de lui.

 

Il commença à boire, par petites lampées.

 

Elle le regardait subjuguée, observait les moindres détails de ce visage, le trouvait si beau, si parfait, les yeux clairs d'un bleu d'océan, les sourcils bien dessinés, les cheveux noirs, la coupe sportive, lui donnait cet air conquérant qui la fascinait.

 

Elle ne pouvait détacher son regard. Mais qu'est-ce qui m'arrive se dit-elle, un trouble étrange parcourait  tout son corps. Elle eut peur tout à coup, ne sut pas pourquoi, subitement elle souhaita qu'il ne resta pas plus longtemps

 

Comme s'il avait compris son désir, il se leva, prit congé, elle le raccompagna jusqu'à la porte, il se retourna, on s'embrasse lui dit-il, elle acquiesça de la tête, la prit dans ses bras, elle se troubla, lui sembla qu'il appuyait un peu plus son étreinte; posa deux baisers timides sur ses joues qui s'empourprèrent, il ne le vit pas, sortit, elle referma la porte, s'appuya, défaillante sur le chambranle.

 

Elle resta un long moment, silencieuse, savourant les instants qu'elle venait de vivre

 


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Suite 19 de ; Et si le bonheur.... Publié le Mardi 6 Novembre 2007 à 16:56:54

Depuis la veille Marco ne décolérait pas, il avait perdu une partie de son prestige au cours de la réunion. Il le savait, c'était la loi du plus fort qui prévalait dans le groupe, il devait rétablir la situation à son profit, il ne fallait pas laisser José profiter de son avantage, il avait deux épines bien plantées dans l'épiderme, deux épines qui lui faisaient très mal et qu'il devrait extirper au plus vite.

 

Il attendit le début de la matinée pour se rendre à son bureau, il ne voulait rencontrer personne, pas même le personnel de nettoyage, une société privée qui opérait aux premières heures du jour. Il se savait en danger, il lui fallait prendre le maximum de précautions.

 

Comme un clochard, courbé sur lui-même, le col de la veste remonté jusqu'aux yeux, le regard furtif, il emprunta l'impasse, toujours surchargée d'immondices dont les effluves nauséabondes variaient en fonction du temps et ce matin-là ça chlinguait vraiment. Il se mit en apnée, les pieds dans la gadoue, il franchit la distance qui le séparait de la porte secrète, véritable course d'obstacles digne de figurer aux épreuves des jeux olympiques.

 

Il pénétra dans son bureau, bloqua toutes les issues qui conduisaient à la discothèque.

Il eut un haut-le-coeur, se souvint qu'il n'avait rien pris depuis le déjeuner de la veille, il se dirigea vers l'un des quatre fauteuils disposés autour de la seule table basse de cette salle. C'était sa place de prédilection quand il était seul, plongé dans une demi obscurité propice à la réflexion, l'éclairage principal étant orienté vers les tables de jeux.

 

Il se sentait dans son domaine, sûr de lui, il écraserait ses adversaires, reprendrait le pouvoir, ce pouvoir qui lui apportait la jouissance totale, lui donnait droit de vie et de mort sur les êtres qui l'approchaient, et ça il ne voulait pas le perdre.

 

Il sortit son téléphone portable de sa poche, le posa sur la table basse, s'enfonça confortablement dans le fauteuil, ferma les yeux et réfléchit longuement.

 

Quand il rouvrit les yeux ses décisions étaient prises.

 

Il se leva, ouvrit l'une des portes basses de la bibliothèque, il en sortit un magnétophone, orienta convenablement le micro, effectua quelques essais de voix, en modifia la fréquence, en sorte que sa voix ne puisse être reconnue.

 

Il lui donna un son très grave, impressionnant, enregistra un message qu'il effaça et répéta plusieurs fois jusqu'à ce qu'il soit totalement satisfait.

 

Il respira profondément, sortit de sa poche son paquet de cigarettes, regarda machinalement la marque, Royale menthol, en prit une, l'alluma, aspira profondément. La fumée qu'il rejeta par petites saccades, la tête penchée en arrière, lui fit du bien.

 

Ha! la cigarette du matin, la première cigarette, ça se savourait, ça s'aspirait à pleins poumons, la nicotine en traversant les bronches filait directement au cerveau, lui apportant, semblait-il, sa dose apaisante. 

 

Des volutes de fumée s'élevaient dans l'espace, il regardait fasciné ces cercles concentriques qui finissaient par disparaître en approchant du plafond.

 

Il les regarda longtemps, comme s'il avait voulu reculer la mise en application de ses décisions.

 

Il écrasa son mégot de cigarette dans le cendrier, sortit de sa poche son carnet de notes, arrêta son regard sur le nom des parents de Linda, composa le numéro, appuya sur les touches mains libres et HP, approcha le combiné du magnétophone.

 

A la quatrième sonnerie on entendit une voix forte, la voix d'un homme.

 

- Allo, dit cette voix.

 

Marco, masquant sa voix derrière un mouchoir, enchaîna rapidement :

 

- Vous êtes le père de Linda ?

 

Il n'attendit pas la réponse affirmative de l'intéressé, continua.

 

- Ne coupez pas, j'ai un  message pour vous.

 

A ce moment précis Marco déclencha le magnétophone qui cracha dans le combiné téléphonique le message suivant :

 

- Ecoute-moi bien, ne coupe pas, nous avons kidnappé ton petit-fils, nous voulons l'adresse de ta fille, si pas d'adresse nous te taxerons de un million d'euros, si tu préviens la police tu ne reverras pas ton petit-fils et t'auras des histoires. Nous t'appellerons.

 

Marco entendit la voix demander :  mais qui êtes-vous, que me voulez-vous ?

 

D'un  geste sec Marco coupa la communication qui n'avait duré que 20 secondes, impossible, se dit-il, à localiser.

 

Satisfait de lui-même, heureux d'avoir lancé sa bombe, Marco retira la cassette du magnétophone, la mis dans sa poche, replaça le matériel à l'endroit où il avait trouvé.

 

Il lui fallait maintenant stopper le trafic des armes à la frontière espagnole, trafic qu'il avait institué pour son propre profit s'appuyant sur le circuit de la drogue. Il fallait donner le change, momentanément, pour reprendre plus tard lorsque la tourmente se serait calmée.

 

Rien de plus facile pensa-t-il,  il prit son téléphone, composa un numéro, indiqua un mot de passe, à sa mine réjouie on aurait pu constater qu'il avait le montagnard en ligne.

 

Ils échangèrent quelques mots sur le temps, sur l'activité, il demanda au montagnard de se mettre en rapport avec l'ETA et de les inviter à venir chercher les armes et la dynamite stockées dans les galeries.

 

Le  montagnard émit  quelques objections mais Marco insista, terminant la conversation sur l'impératif d'exécuter les ordres. Il raccrocha.

 

Il allait maintenant appeler le motard, qu'est-ce qu'il foutait cet enfoiré ? Il avait besoin de lui secouer les puces, il était depuis deux jours à Royan, aux frais de la princesse et il ne semblait pas avoir encore localisé Linda. Ca ne pouvait pas durer.

 

Il saisit son téléphone, allait composer le numéro du portable du motard lorsque son propre téléphone vibra dans sa main.

 

On l'appelait, il consulta l'écran, ne connaissait pas le numéro indiqué, il appuya sur la touche, une voix inconnue se trouvait à l'autre bout du fil.

 

- Allo Marco dit la voix

- Qui est à l'appareil demanda Marco méfiant.

- Mon nom  ne vous dirait rien,  appelez-moi Doumé, je suis le conseil juridique de Linda Ballard.

Marco  se  leva  d'un bond, la chance était de son côté il n'avait pas l'adresse mais il avait au téléphone quelqu'un qui la connaissait, c'était bon signe, elle était peut-être revenue à de meilleurs sentiments.

 

- Que désirez-vous, demanda-t-il

- Négocier, répondit la voix.

 

Marco se fit plus dur, plus incisif, plus tranchant,

 

- Il n'y a rien à négocier dit-il, tout rentrera dans l'ordre si elle réintègre le domicile, je veux  savoir où elle est, c'est avec elle que je veux discuter directement, pas avec vous.

 - Je ne crois pas que ce soit possible.

 

La voix marqua un temps d'arrêt puis reprit sans laisser à Marco le temps de réagir.

 

- Voici quelles sont mes conditions,

 

 La voix fut couverte par celle de Marco, rouge de colère qui hurla

 

- Qu'est-ce que tu déconnes, conard, c'est moi qui tient l'môme, tu t'trompes d'adresse, Mec, t'as pas de conditions à poser, c'est moi qui dicte les conditions, Marco s'emportait, debout dans la salle, gesticulant, marchant de long en large, comme si l'interlocuteur s'était trouvé en face de lui, s'agitait comme un lion en cage, ne voulait rien entendre, tapait du pied sur le sol.

 

La voix laissa passer l'orage,

 

- Réfléchis, Mec, dit la voix employant le même langage, voici mon numéro de téléphone tu pourras toujours me joindre.

 

Marco, fou de rage, eut malgré tout le temps de noter  le numéro,  Dominique, car c'était lui, coupa la communication.

 

Rapidement Marco repris son sang-froid, il  venait  d'apercevoir sur le tableau de contrôle,  le clignotement d'un voyant lumineux, celui de la porte d'entrée de la   discothèque.

 

Manifestement quelqu'un s'introduisait dans les locaux, ça ne pouvait être que José.

 

Marco respira profondément, domina la panique naissante, se précipita vers la porte qu'il avait bloqués à son arrivée la des verrouilla.

 

Il ne voulait voir personne, surtout pas José, pas aujourd'hui, il fit jouer rapidement la porte secrète, referma et disparut dans la ville.

 

En pénétrant dans le bureau José eut une étrange impression, celle d'une présence, confirmée par une odeur de cigarettes récemment éteinte, il parcourut du regard l'ensemble de la pièce s'attendant  à trouver quelqu'un assis dans les fauteuils, ne vit personne, pourtant il sentait une présence autour de lui.

 

Il se dirigea vers la table basse, se pencha, trouva dans le cendrier un mégot de cigarette encore fumant. Pas de doute se dit-il Marco était bien là il y a quelques instants, mais comment ce fait-il que  je l'ai croisé sans le voir, il a dû m'esquiver dans la discothèque.

 

Il oublia aussitôt l'incident, bien qu'une inquiétude se soit installée dans sa mémoire.

 

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