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Mes romans

Et si le bonheur...

Suitr 6 de : Et si le bonheur..... Posté le Samedi 6 Octobre 2007 à 10h22

 Julien quitta Limoges très tôt ce matin là, il se rendait à Paris.

 

Jeune journaliste, récemment diplômé de l'école de journalisme de Lille, il était  employé comme pigiste, au journal Le Populaire, très vieux journal, vénérable ancêtre, de gauche, bien connu des habitants de Limoges.

 

A la suite d'une lettre de motivation, particulièrement bien charpentée exposant ses désirs, ses ambitions, ses prétentions, envoyée à plusieurs journaux nationaux, Julien avait décroché un entretien avec les responsables du journal Libération.

 

A vingt quatre ans, il était bel homme, actif, volontaire et sportif, pratiquait la course à pied, la natation, le tennis et entretenait sa musculation au centre sportif Saint-Pierre. Il habitait  un petit deux pièces, avenue du Pont Neuf acheté pour lui par ses parents. On ne lui connaissait aucune liaison sérieuse.

 

Il était de fort bonne humeur lorsqu'il enfourcha sa moto, une BMW grosse cylindrée, une bête, 6 cylindres en V, 400km à parcourir, l'autoroute, le vent, la griserie de la vitesse, les rencontres et puis à l'arrivée sa grand-mère qu'il adulait, Mahdi.

 

Il respira profondément, d'un coup d'oeil rapide vérifia ses compteurs, il était heureux, filait comme une flèche, semblait glisser sur le long ruban grisâtre, attentif, les yeux rivés sur le lointain. Anticiper, prévoir l'imprévisible, dompter la bête. Il aimait ces longues et solitaires chevauchées.

 

Il s'arrêta près de Vierzon, dans une station-service, fit le plein d'essence, pénétra dans le self service, choisit un casse-croûte, un Coca-Cola, s'assit à une table restée vide. Tout en regardant les usagers se substanter autour de lui, il songeait à son avenir, à l'entretien qui allait, peut-être, changer le cours de sa vie. Il aurait aimé être un journaliste d'investigation, il avait envie de bouger, de remuer, il était curieux par nature, persévérant, aimait le juridique, beaucoup moins l'économique, enfin, se dit-il, on verra demain, en se rapprochant de sa moto.

 

Il reprit la route bien dégagée, la circulation fluide, la douce chaleur de cet été de la Saint-Martin lui donnèrent soudain l'envie de pousser une pointe de vitesse, il accéléra, la moto bondit littéralement, le compteur s'affola, 135, 150, 170, 185, la bonne bête obéissait au doigt et à l'oeil, la puissance jusqu'à l'overdose, la radio à fond, la station à Europe 2 qui diffusait Sirocco, un rock alternatif d'un jeune groupe de Perpignan.

 

C'était une chevauchée infernale, il vivait, dominait le danger, tous les indicateurs étaient sous tension, en éveil, le vent jouait avec la musique, il traversait l'air comme une fusée, doublait des véhicules qui lui semblaient lents comme des tortues.

 

Soudain l'un de ces véhicules, se rabattit, brusquement, sur la ligne gauche, dans la milliseconde, tous les clignotants de son cerveau s'allumèrent activant des milliers de connexions, il freina à mort, le klaxon se mit à hurler, il ne pouvait éviter l'accident. Dans un éclair il visualisa la trajectoire qu'il devait emprunter, la seule qui pouvait limiter les dégâts, se dit-il, passer coûte que coûte entre la voiture et le rail de sécurité, il crut fermer les yeux, ressentit une très forte secousse, un bruit sec traversa le casque protecteur, la moto partit en une glissade qui n'en finissait pas, la redressa, la remit dans sa trajectoire et ne sut trop comment il se retrouva arrêté sur la bande d'arrêt d'urgence, il tremblait de tous ses membres, il retira son casque, fit quelques pas, aspira profondément, se calma, examina sa machine. Il comprit que le choc entendu c'était son rétroviseur droit sectionné net. Il avait eu de la chance, beaucoup de chance.

 

Il arriva, vers onze heures, avenue du Maine, coupa le contact, retira son casque, souffla quelques instants, heureux d'être arrivé à bon port, il mit la béquille, l'antivol et descendit de son engin.

 

Il fut surpris de constater que la porte de l'appartement était restée entrouverte, machinalement il regarda autour de lui, ne vit rien d'anormal, n'entendit aucun bruit, il se décida, poussa la porte, entra dans le vestibule, referma derrière lui.

 

Tout semblait normal, il haussa les épaules, comme pour se moquer de lui-même. Il avança dans la cuisine, étouffa un cri, en découvrant sa grand-mère qui gisait là, sur le sol, le visage tuméfié, couverte de sang, inerte et recroquevillée.

 

Elle respirait à peine. Sans plus attendre, sans chercher à comprendre ce qui était arrivé, il appela SOS médecin, puis il revint près d'elle, se baissa, la prit dans ses bras, comme elle était légère cette petite chose toute cassée, il la porta avec d'infinies précautions dans sa chambre, la déposa délicatement sur le lit, elle ouvrit les yeux, le reconnut, lui sourit, un léger soupir lui fit comprendre qu'elle était heureuse de le voir, elle referma les yeux, il lui prit la main, ils attendirent ensemble le docteur.


Un commentaire. Dernier par TOP 10 Des jouets de Noël le 23-07-2013 à 10h32 - Permalien - Partager
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