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Mes romans

Et si le bonheur...

suite 14 de : Et si le bonheur .... Posté le Vendredi 2 Novembre 2007 à 09h50

Linda se réveilla de bonne heure ce matin là, elle avait passé une courte nuit, sa première nuit à Royan, dans ce petit appartement mis à sa disposition par son ami Dominique.

 

A son arrivée la veille, l'émotion de leurs retrouvailles dissipée, il l'avait fait monter dans son bureau, ils étaient restés un long moment à se regarder, à se demander si c'était vraiment possible qu'ils se soient retrouvés après ce long silence de plus de douze mois.

 

Elle regarda sa montre, 8 heures, je n'ai pas envie de me lever se dit-elle, pas tout de suite, elle retrouvait les réflexes de son enfance, rester bien au chaud, la couette remontée au ras des yeux, et repasser dans sa tête les événements de sa jeune vie.

 

Elle se sentait bien dans ce lit douillet, elle était calme, détendue, elle avait pu parler à Dominique de ses angoisses, de sa vie avec Marco, de sa fuite, à la suite de la découverte du sort qu'il lui réservait, de l'enlèvement de son fils.

 

Dominique l'avait écoutée, prise dans ses bras, consolée, il avait pris sur ses larges épaules toutes ses peines, il l'avait apaisée, l'avait accompagnée dans cet appartement qui lui appartenait, qu'il offrait en location pendant la période estivale et se trouvait libre en ce moment.

 

Il n'avait pas voulu qu'elle resta à l'hôtel, trop dangereux lui avait-il déclaré, Marco devait, sans aucun doute la faire rechercher par ses sbires, peut-être même savait-il qu'elle se trouvait à Royan.

 

Elle frissonna à l'évocation de cette éventualité, la repoussa aussitôt, on verra se dit-elle en remontant sa couette et en se raccrochant à la visite que Dominique devait lui faire dans la matinée. Nous essaierons demain, lui avait-il dit, de mettre au point une stratégie pour retrouver ton bébé.

 

Elle regarda à nouveau sa montre, il était neuf heures, allons, se dit-elle, avec regret, il faut que je me lève.

 

D'un  coup de rein agile elle sauta hors du lit, ramassa sur le sol la robe de chambre qu'elle avait laissée choir la veille en se couchant, le soleil filtrait ses rayons au travers des volets clos projetant sur le sol des petites tâches de lumière.

 

Subitement elle eut envie d'un grand bol de café chaud, avec de la crème et du pain frais, elle sortit de la chambre, pénétra dans le vestibule puis, dans la cuisine, se dirigea vers le frigidaire, l'ouvrit, il était vide, c'était normal, il lui faudrait faire des courses ce matin si elle ne voulait pas mourir de faim, mais Dominique lui avait demandé, par mesure de prudence, de ne pas quitter l'appartement.

 

Résignée elle pris dans son sac déposé dans l'entrée ses affaires de toilette, pénétra dans la salle de bains, se déshabilla et se glissa sous la douche. L'eau tiède ruisselait sur son corps, une douceur pénétrante l'envahissait toute entière, le bruissement des gouttelettes d'eau apaisait sa souffrance, c'était une renaissance, sa renaissance, son retour à la vie.

 

Trois coups de sonnette, deux brefs suivis d'un plus long la rappelèrent à la réalité. C'était Dominique, son signal, ça la fit sourire. Elle coupa l'arrivée de l'eau, prit au passage sa robe de chambre, l'enfila tout en courant à la porte d'entrée, c'était bien Dominique, elle reconnut son visage bien que déformé par la vision au travers de l'oeilleton de la porte.

 

Elle le fit entrer, referma la porte, sans dire un mot, il se dirigea vers la cuisine, déposa sur la table des sacs à provisions remplis de victuailles. Tu peux tenir un siège de plusieurs semaines, dit-il en se retournant, il reçut Linda dans ses bras, elle voulait le remercier, l'embrassa tendrement sur les joues, il la serra un peu plus fort contre lui, sans rien dire, mais toute la tendresse se lisait dans leurs yeux, ils se regardèrent un long moment.

 

Ce fut Linda qui rompit le silence.

 

- Je suis morte de faim dit-elle en vidant de leur contenu les sacs à provisions, as-tu déjà pris ton petit déjeuner ? demanda-t-elle à Dominique.

 

- Non je n'en ai pas eu le temps et puis je pensais bien que tu m'inviterais.

 

Elle rangea les provisions, prépara le café, mit le lait à chauffer sur le gaz, dressa rapidement la table. Dominique la regardait, un sourire amusé sur les lèvres, il la retrouvait sa petite Linda, elle n'avait pas changé, l'espace d'un instant il se prit à penser qu'ils ne s'étaient pas quittés, qu'ils vivaient toujours ensemble. Brusquement le sourire disparut pour faire place à un sentiment de tristesse, non, ce n'était plus comme avant, il manquait au décor le petit lit dans lequel dormait le petit Paul, le bébé de Linda.

 

Ils prirent leur petit déjeuner à côté l'un de l'autre, amusés, émus de se retrouver ensemble, il la regardait, la trouvait toujours aussi belle que lorsqu'il l'avait prise en stop à la sortie de Dijon un soir du mois d'octobre, elle attendait sur le bord de la route une voiture qui pourrait la conduire loin de cette ville qui l'avait perdue et de ses parents qui l'avaient rejetée.

 

Pendant qu'elle s'habillait il se remémora les différentes étapes de leur histoire.

 

Il rentrait de vacances, se rendait à Aix-en-Provence et devait reprendre sa place de cuisinier dans un restaurant de la région. Timide, elle s'était assise à côté de lui, ne parlait pas beaucoup, il apprit cependant qu'elle venait de quitter ses parents, qu'elle était enceinte, ne savait pas où aller.

 

Il lui avait demandé son âge, elle avait un peu menti, il l'apprit plus tard, en lui disant qu'elle avait dix-huit ans.

 

Il avait eu pitié d'elle, lui avait proposé de l'héberger un jour ou deux, pour lui permettre de se ressaisir. Elle resta douze mois.

 

Il se souvenait Dominique, assis là dans cette cuisine, elle s'était installée dans sa vie tout doucement sans faire de bruit, de la paume de la main il essuya une larme, le regard perdu sur le lointain, les images nostalgiques remontaient à la surface. Il ne les refoulait pas, bien au contraire il s'en délectait, c'était si tendre de revoir ces moments où sa vie aurait pu facilement basculer.

 

Il se souvenait, elle semblait si fragile, si paumée, si vulnérable, mais si belle, peut-être déjà était-il tombé amoureux. Quand il lui avait proposé de s'installer dans la chambre d'amis elle avait eu un regard où il avait pu lire toute sa reconnaissance.

 

Les jours s'ajoutaient aux jours mais plus le temps passait moins il avait envie de la voir partir et puis où serait-elle allée ?

 

Sa grossesse aussi les avait rapprochés, il avait été profondément troublé par ce petit être qui vivait bien au chaud dans le ventre de sa mère, tiens, lui disait-elle parfois, mets ta main là, sur mon ventre tu vas le sentir bouger, il s'exécutait autant pour découvrir les mouvements désordonnés du bébé que pour sentir la chaleur et la douceur de sa peau. Il l'avait épaulée, soutenue, réconfortée dans les moments d'abattement,  l'avait conduite à la clinique lorsqu'elle avait perdu les eaux, à la naissance il avait tenu ce bébé dans ses bras, comme s'il avait été son père. Ces moments-là ne s'oublient pas.

 

A son retour de couches, peut-être pour le remercier, peut-être aussi pour calmer ses angoisses, ou pour combattre la solitude, une nuit, Linda, comme une petite souris, s'était glissée dans le lit auprès de lui, elle ne l'avait pas réveillé, ce n'est qu'au matin qu'il l'avait découverte pelotonnée dans le mitant du lit, l'émotion avait été immense, il n'en croyait pas ses yeux, ce n'est que lorsque, éveillée à son tour, elle s'approcha, se blottit contre lui, qu'il prit la mesure de tout ce qu'elle lui offrait, sa jeunesse et, pour la première fois il avait pensé qu'il pourrait faire sa vie avec elle.

 

Soudain, Linda sortit de la chambre toute fraîche, ses longs cheveux au vent, elle s'avança, étonnée de le retrouver à la même place.

 

- Si on s'installait plus confortablement, lui dit-elle avec un sourire.

 

Il ne répondit pas, sortit difficilement de sa rêverie, se leva et ils s'avancèrent jusque dans la salle de séjour.

 

C'était une grande pièce, confortable, meubles modernes, canapé et fauteuils en cuir blanc, télévision grand écran, chaîne hi-fi avec, dans la bibliothèque, tout un rayon de CD.

 

Dominique ouvrit les volets des deux portes fenêtres qui accédaient à un minuscule jardin d'agrément, très coloré, planté de tamaris et de roses trémières.

 

- Tu pourras laisser ces volets ouverts, personne ne peut te voir, ce ne sont que des propriétés privées rarement occupées hors saison.

 

Ils s'installèrent à côté l'un de l'autre sur le grand canapé blanc, les pieds repliés sous ses fesses, la tête contre son épaule elle était prête à entendre toutes ses  suggestions.

- Si tu es d'accord lui dit-il, je vais me mettre en rapport avec Marco, il faut savoir ce qu'il a derrière la tête, il ne faut pas que ce soit toi qui téléphone, moi, il ne me connaît pas, du moins je le suppose,  je serai, disons, ton conseil juridique.

Elle ne répondit pas, acquiesça de la tête, se pelotonna un peu plus contre lui.

 

- Qui était cette femme, cette très belle femme, qui se trouvait auprès de toi lorsque je suis arrivée hier soir, lui demanda-t-elle à brûle-pourpoint.

 

Surpris par cette question en dehors du sujet il marqua une courte hésitation, se demandant si elle n'exprimait pas un sentiment de jalousie, elle n'a aucune raison, pensa-t-il, il décida d'être franc dans sa réponse.

 

- Tu veux parler de Sonia, c'est la jeune femme qui doit partager sa vie avec moi, enfin je l'espère.

 

- Tu la connais depuis longtemps ?

 

- Six mois, c'est la fille d'un ostréiculteur de la région, dit-il amusé par la tournure que prenait la  discussion.

 

C'est Linda qui revint au sujet principal.

 

- Je ne dois pas sortir, pas du tout, demanda-t-elle ?

 

- Ca vaudrait mieux tant que nous ne savons pas ce que mijote Marco, en tout cas, il ne faut pas te montrer en ville, s'il a un homme qui te recherche, non seulement il a ton signalement, ta photo, sans doute, il va commencer dans tous les hôtels, les commerces, les boulangeries, la poste.

 

A l'évocation de ce nom, Linda fit un bond.

 

- Mon Dieu dit-elle affolée, j'ai oublié de te dire que j'avais entre les mains un dossier que je crois être sensible, concernant Marco. Pour être sûre de ne pas le perdre ni me le faire voler je me le suis envoyé, par lettre, à mon nom en poste restante à Royan. Il y est encore.

 

- Que contient ce dossier ?

 

- Je sais pas, des listes, avec des noms, et des chiffres, il était dans son coffre et il semblait en prendre grand soin.

 

Dominique regarda sa montre, il faut que je rentre surveiller le service de midi, je repasserai plus tard, dit-il en se levant.

 

- Tu vas la retrouver demanda Linda d'une petite voix ?

Dominique ne répondit pas, sortit sans se retourner, fit un geste de la main et lança : à plus.


 

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