Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

Mes romans

Et si le bonheur...

Suite 17 de : Et si le bonheur..... Posté le Dimanche 4 Novembre 2007 à 20h16

Cet après-midi-là, Marco arriva à la discothèque beaucoup plus tôt que d'habitude, il avait convoqué ses sbires et ses gardes du corps à une importante réunion. Alors qu'il franchissait la porte dérobée, issue  de secours, seule connue de lui-même, il regarda sa montre, il était quinze heures.

 

Par prudence, avant de refermer, il osa jeter un regard rapide derrière lui.

 

L'impasse dans laquelle s'ouvrait cette  porte était une ancienne ruelle totalement abandonnée, ouverte jadis entre deux groupes d'immeubles, débouchant à une extrémité dans une petite artère peu passante et obstruée à l'autre par un vieux grillage rouillé et percé par endroit, encombrés de détritus, de vieux bidons défoncés, de cartons débordant d'ordures ménagères de toutes sortes déposés là sans doute par des riverains en mal de décharge et peu soucieux de l'environnement. L'ensemble exhalait des odeurs nauséabondes de pourriture, d'urine et de déjections humaines et animales. C'était le royaume des rats et des chats du voisinage qui, curieusement semblaient faire bon ménage.

 

Marco frissonna, plus de froid que de peur, un souffle d'air fraîchissant lui rappela que l'hiver serait bientôt là.

 

Il se reprit, ferma la porte, plongé dans l'obscurité la plus totale, sortit de sa poche une minuscule commande à infrarouge, dirigea le faisceau lumineux sur un point bien précis du mur à droite de la porte, appuya légèrement sur la commande, un glissement se fit entendre, le panneau du fond de la pièce pivota sur lui-même découvrant un passage secret donnant directement accès à son bureau.

 

Il entra, se dirigea vers un interrupteur, la lumière se fit, Marco poussa un soupir de soulagement, une fois de plus le mécanisme avait bien fonctionné, il était dans son bureau, il ne lui restait plus qu’à remettre en place le panneau de la bibliothèque qu'il avait déplacé, à nouveau il se servit de sa commande à  infrarouge et la cloison pivotante qui n'était qu'une partie de sa bibliothèque pivota dans l'autre sens, le bureau repris son apparence habituelle.

 

La pièce dans laquelle Marco venait de pénétrer n'avait rien d'un bureau traditionnel, on l'appelait le bureau par commodité, c'était plutôt un clandé, salle de jeux clandestins, sans roulette ni installation spécifique, seulement plusieurs tables faciles à réunir en fonction du nombre des joueurs présents, dont une immense, au centre, et beaucoup de sièges, disséminés dans cette vaste pièce. Pour décor, une bibliothèque couvrait entièrement deux des quatre murs, sans ouvrage ni dossier, tout dans la tête disait Marco, les étagères garnies de trophées divers et de bibelots de toutes nationalités et puis une très belle collection de trente-trois tours.

 

Des posters d'artistes récents, offerts par de nombreuses maisons de disques, couvraient la totalité des surfaces disponibles, une épaisse moquette rouge sombre habillait le sol, pas de rideau, parce que pas de fenêtre, un ventilateur aspirateur encastré près d'une petite cheminée, assurait le renouvellement de l'air.

 

Il se sentait chez lui Marco, à l'aise dans ses baskets, il était confiant, se sentait en sécurité, ici ce n'était pas comme dans la rue où le danger pouvait prendre toutes les formes possibles et venir de n'importe où. Ici il n'avait que la porte d'accès à la discothèque à surveiller et en cas de danger, avait la possibilité de s'éclipser par le passage  secret.

 

Il s'installa à l'extrémité de la grande table, dans l'axe de la porte d'entrée, ouvrit les tiroirs au-dessus de ses genoux, constata que les armes qu'il y avait déposées s'y trouvaient encore, une mitraillette Stern et un superbe Luger, armes de prestige des officiers de l'armée allemande. Il vérifia le mécanisme et referma le tiroir.

 

Il se sentait fort, invulnérable, il avait été placé à la tête de l'organisation sud de la France, il maîtrisait parfaitement les activités du groupe qui n'avaient fait que prendre de l'ampleur depuis sa désignation.

 

Il allait revoir José, de retour dans la nuit il l'avait attendu pour prendre les décisions nécessaires au retour de Linda au bercail. Une bouffée de chaleur empourpra son visage, la garce, dit-il tout haut, il faut en finir, elle me bouffe cette nana.

 

Ses hommes arrivèrent comme il l'avait demandé, par petits groupes pour ne pas se faire remarquer, quatre gardes du corps se placèrent aux deux portes d'entrée puis à la suite les trois responsables logistiques puis enfin deux autres gardes du corps prirent leurs quartiers à la porte du bureau. José arriva le dernier. La réunion pouvait commencer.

 

Marco n'était pas un orateur, il n'y avait pas de préambule dans ces réunions, il était direct, allait droit au but, à l'essentiel, comme il disait.

 

- La Taule, dit-il en s'adressant à Bobby, ça boum ? la Taule, c'était la discothèque qu'il avait toujours appelée comme ça, peut-être parce qu'il y passait la plupart de son temps enfermé comme dans une cellule de prison.

 

Bobby se gratta la tête, regarda les autres comme pour se donner du courage.

 

- J'ai plus de videur dit-il en observant José qui ne cilla pas.

 

- Comment, pas de videur ?

 

- Et oui, José est toujours absent.

 

- T'embauche, t'as quelqu'un sous la paluche, demanda Marco.

 

- Ouais, deux mecs, un prof de gym et un catcheur.

 

- J'ai dit un, pas deux, tu prends le plus méchant, le plus balaise, enfin tu vois c'que j'veux dire.

 

Ce fut ensuite le tour de Manu à être sur la sellette, beau garçon, brun, les yeux noirs, perçants au fond de leurs orbites, svelte, sportif, baratineur à fond, c'était le chéri de ces dames. Responsable des filles en action, il surveillait, avec ses acolytes, le circuit de la prostitution du sud, qu'ils avaient fortement développé dans les principales capitales régionales. Il était puissant Manu et très lié avec José, dont il avait souvent partagé les galères.

 

- J'ai un nouvel arrivage, samedi prochain, en provenance de l'Amérique du sud, via l'Espagne, j'ai pris contact avec le montagnard chargé du passage des filles, il ne peut pas assurer leur protection dans les circonstances actuelles a-t-il précisé.

 

Marco prit un air étonné, je ne comprends pas dit-il.

 

Ce fut José qui prit la parole.

 

- Fais pas ton cinoche Marco, tu sais bien que c'est toi qui fout le bordel.

 

Marco se raidit sur sa chaise, posa les deux mains sur le bureau comme pour se retenir de prendre son arme, il fusilla José du regard, José qui avait eu le culot de prendre la parole, sans l'avoir sollicitée et de plus encore qui se permettait de le mettre en accusation devant son équipe.

 

- Explique-toi José hurla Marco.

 

La tension était montée d'un cran dans la  salle, le silence se fit, lourd, palpable, oppressant, on entendit plus que le ronronnement de l'extracteur de fumée qui n'arrivait pas à assainir la salle, tous les regards étaient tournés vers les antagonistes, ne sachant encore quel parti prendre et même s'il y aurait un parti à prendre.

 

José marqua une longue hésitation, il se demandait s'il devait lancer le pavé dans la mare, le matin même il avait consulté le boss par téléphone qui lui avait donné carte blanche, il savait que l'avenir du groupe dépendait en grande partie de ce qu'il allait dire.

 

- Le trafic d'armes, tu connais Marco ? Tes conneries ont excité l'ETA, tu connais cette organisation, il avait été précisé que jamais nous ne toucherions aux armes, il a fallu que tu foutes le bordel. José continuait ses accusations, de plus en plus en colère sa voix montait de plus en plus fort, il accusait, pointa son doigt sur Marco, tu as transgressé la loi du groupe, à ton seul profit, j'ai risqué ma peau, Hélène a laissé la sienne, tu es responsable Marco.

 

L'ensemble des participants s'était levé, Marco était livide, José enchaîna d'une voix plus forte, je demande dit-il l'arbitrage du grand patron et je lève la séance.

 

Puis, s'adressant à Marco, j'ai besoin de te parler dit-il il, appela Manu qui s'approcha, tu restes avec nous dit-il.

 

- Reste un problème à régler celui de Linda et de son môme.

 

Marco l'interrompit sèchement.

 

- Ca ne regarde que moi répondit-il.

 

- Je regrette enchaîna José, je t'ai donné la main, je ne veux pas me retrouver dans le pétrin, il faut négocier et rendre l'enfant, éviter que les flics soient mis au parfum.

 

- Ya rien à négocier hurla Marco, je veux tout récupérer, la fille, le gosse le dossier et pourquoi ne pas prendre un peu de blé au passage, les parents sont pleins aux as.

 

Ne - Fais pas le con Marco, tu dois passer la main,

 

Avant que Manu ait pu s'interposer, Marco bondit, saisit José à la gorge, hors de lui, Le regard plongé dans celui de José, crachat toute sa haine, lança cette menace : si tu me double, j'aurai ta peau, je te le jure.

 

Manu n'eut pas à intervenir, Marco lâcha prise, tourna les talons, sortit à l'air libre, laissant les deux comparses seuls dans le bureau.


 

Un commentaire. Dernier par Une bibliothèque numérique le 21-07-2013 à 10h30 - Permalien - Partager
Commentaires