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Mes romans

Et si le bonheur...

Suite 19 de ; Et si le bonheur.... Posté le Mardi 6 Novembre 2007 à 16h56

Depuis la veille Marco ne décolérait pas, il avait perdu une partie de son prestige au cours de la réunion. Il le savait, c'était la loi du plus fort qui prévalait dans le groupe, il devait rétablir la situation à son profit, il ne fallait pas laisser José profiter de son avantage, il avait deux épines bien plantées dans l'épiderme, deux épines qui lui faisaient très mal et qu'il devrait extirper au plus vite.

 

Il attendit le début de la matinée pour se rendre à son bureau, il ne voulait rencontrer personne, pas même le personnel de nettoyage, une société privée qui opérait aux premières heures du jour. Il se savait en danger, il lui fallait prendre le maximum de précautions.

 

Comme un clochard, courbé sur lui-même, le col de la veste remonté jusqu'aux yeux, le regard furtif, il emprunta l'impasse, toujours surchargée d'immondices dont les effluves nauséabondes variaient en fonction du temps et ce matin-là ça chlinguait vraiment. Il se mit en apnée, les pieds dans la gadoue, il franchit la distance qui le séparait de la porte secrète, véritable course d'obstacles digne de figurer aux épreuves des jeux olympiques.

 

Il pénétra dans son bureau, bloqua toutes les issues qui conduisaient à la discothèque.

Il eut un haut-le-coeur, se souvint qu'il n'avait rien pris depuis le déjeuner de la veille, il se dirigea vers l'un des quatre fauteuils disposés autour de la seule table basse de cette salle. C'était sa place de prédilection quand il était seul, plongé dans une demi obscurité propice à la réflexion, l'éclairage principal étant orienté vers les tables de jeux.

 

Il se sentait dans son domaine, sûr de lui, il écraserait ses adversaires, reprendrait le pouvoir, ce pouvoir qui lui apportait la jouissance totale, lui donnait droit de vie et de mort sur les êtres qui l'approchaient, et ça il ne voulait pas le perdre.

 

Il sortit son téléphone portable de sa poche, le posa sur la table basse, s'enfonça confortablement dans le fauteuil, ferma les yeux et réfléchit longuement.

 

Quand il rouvrit les yeux ses décisions étaient prises.

 

Il se leva, ouvrit l'une des portes basses de la bibliothèque, il en sortit un magnétophone, orienta convenablement le micro, effectua quelques essais de voix, en modifia la fréquence, en sorte que sa voix ne puisse être reconnue.

 

Il lui donna un son très grave, impressionnant, enregistra un message qu'il effaça et répéta plusieurs fois jusqu'à ce qu'il soit totalement satisfait.

 

Il respira profondément, sortit de sa poche son paquet de cigarettes, regarda machinalement la marque, Royale menthol, en prit une, l'alluma, aspira profondément. La fumée qu'il rejeta par petites saccades, la tête penchée en arrière, lui fit du bien.

 

Ha! la cigarette du matin, la première cigarette, ça se savourait, ça s'aspirait à pleins poumons, la nicotine en traversant les bronches filait directement au cerveau, lui apportant, semblait-il, sa dose apaisante. 

 

Des volutes de fumée s'élevaient dans l'espace, il regardait fasciné ces cercles concentriques qui finissaient par disparaître en approchant du plafond.

 

Il les regarda longtemps, comme s'il avait voulu reculer la mise en application de ses décisions.

 

Il écrasa son mégot de cigarette dans le cendrier, sortit de sa poche son carnet de notes, arrêta son regard sur le nom des parents de Linda, composa le numéro, appuya sur les touches mains libres et HP, approcha le combiné du magnétophone.

 

A la quatrième sonnerie on entendit une voix forte, la voix d'un homme.

 

- Allo, dit cette voix.

 

Marco, masquant sa voix derrière un mouchoir, enchaîna rapidement :

 

- Vous êtes le père de Linda ?

 

Il n'attendit pas la réponse affirmative de l'intéressé, continua.

 

- Ne coupez pas, j'ai un  message pour vous.

 

A ce moment précis Marco déclencha le magnétophone qui cracha dans le combiné téléphonique le message suivant :

 

- Ecoute-moi bien, ne coupe pas, nous avons kidnappé ton petit-fils, nous voulons l'adresse de ta fille, si pas d'adresse nous te taxerons de un million d'euros, si tu préviens la police tu ne reverras pas ton petit-fils et t'auras des histoires. Nous t'appellerons.

 

Marco entendit la voix demander :  mais qui êtes-vous, que me voulez-vous ?

 

D'un  geste sec Marco coupa la communication qui n'avait duré que 20 secondes, impossible, se dit-il, à localiser.

 

Satisfait de lui-même, heureux d'avoir lancé sa bombe, Marco retira la cassette du magnétophone, la mis dans sa poche, replaça le matériel à l'endroit où il avait trouvé.

 

Il lui fallait maintenant stopper le trafic des armes à la frontière espagnole, trafic qu'il avait institué pour son propre profit s'appuyant sur le circuit de la drogue. Il fallait donner le change, momentanément, pour reprendre plus tard lorsque la tourmente se serait calmée.

 

Rien de plus facile pensa-t-il,  il prit son téléphone, composa un numéro, indiqua un mot de passe, à sa mine réjouie on aurait pu constater qu'il avait le montagnard en ligne.

 

Ils échangèrent quelques mots sur le temps, sur l'activité, il demanda au montagnard de se mettre en rapport avec l'ETA et de les inviter à venir chercher les armes et la dynamite stockées dans les galeries.

 

Le  montagnard émit  quelques objections mais Marco insista, terminant la conversation sur l'impératif d'exécuter les ordres. Il raccrocha.

 

Il allait maintenant appeler le motard, qu'est-ce qu'il foutait cet enfoiré ? Il avait besoin de lui secouer les puces, il était depuis deux jours à Royan, aux frais de la princesse et il ne semblait pas avoir encore localisé Linda. Ca ne pouvait pas durer.

 

Il saisit son téléphone, allait composer le numéro du portable du motard lorsque son propre téléphone vibra dans sa main.

 

On l'appelait, il consulta l'écran, ne connaissait pas le numéro indiqué, il appuya sur la touche, une voix inconnue se trouvait à l'autre bout du fil.

 

- Allo Marco dit la voix

- Qui est à l'appareil demanda Marco méfiant.

- Mon nom  ne vous dirait rien,  appelez-moi Doumé, je suis le conseil juridique de Linda Ballard.

Marco  se  leva  d'un bond, la chance était de son côté il n'avait pas l'adresse mais il avait au téléphone quelqu'un qui la connaissait, c'était bon signe, elle était peut-être revenue à de meilleurs sentiments.

 

- Que désirez-vous, demanda-t-il

- Négocier, répondit la voix.

 

Marco se fit plus dur, plus incisif, plus tranchant,

 

- Il n'y a rien à négocier dit-il, tout rentrera dans l'ordre si elle réintègre le domicile, je veux  savoir où elle est, c'est avec elle que je veux discuter directement, pas avec vous.

 - Je ne crois pas que ce soit possible.

 

La voix marqua un temps d'arrêt puis reprit sans laisser à Marco le temps de réagir.

 

- Voici quelles sont mes conditions,

 

 La voix fut couverte par celle de Marco, rouge de colère qui hurla

 

- Qu'est-ce que tu déconnes, conard, c'est moi qui tient l'môme, tu t'trompes d'adresse, Mec, t'as pas de conditions à poser, c'est moi qui dicte les conditions, Marco s'emportait, debout dans la salle, gesticulant, marchant de long en large, comme si l'interlocuteur s'était trouvé en face de lui, s'agitait comme un lion en cage, ne voulait rien entendre, tapait du pied sur le sol.

 

La voix laissa passer l'orage,

 

- Réfléchis, Mec, dit la voix employant le même langage, voici mon numéro de téléphone tu pourras toujours me joindre.

 

Marco, fou de rage, eut malgré tout le temps de noter  le numéro,  Dominique, car c'était lui, coupa la communication.

 

Rapidement Marco repris son sang-froid, il  venait  d'apercevoir sur le tableau de contrôle,  le clignotement d'un voyant lumineux, celui de la porte d'entrée de la   discothèque.

 

Manifestement quelqu'un s'introduisait dans les locaux, ça ne pouvait être que José.

 

Marco respira profondément, domina la panique naissante, se précipita vers la porte qu'il avait bloqués à son arrivée la des verrouilla.

 

Il ne voulait voir personne, surtout pas José, pas aujourd'hui, il fit jouer rapidement la porte secrète, referma et disparut dans la ville.

 

En pénétrant dans le bureau José eut une étrange impression, celle d'une présence, confirmée par une odeur de cigarettes récemment éteinte, il parcourut du regard l'ensemble de la pièce s'attendant  à trouver quelqu'un assis dans les fauteuils, ne vit personne, pourtant il sentait une présence autour de lui.

 

Il se dirigea vers la table basse, se pencha, trouva dans le cendrier un mégot de cigarette encore fumant. Pas de doute se dit-il Marco était bien là il y a quelques instants, mais comment ce fait-il que  je l'ai croisé sans le voir, il a dû m'esquiver dans la discothèque.

 

Il oublia aussitôt l'incident, bien qu'une inquiétude se soit installée dans sa mémoire.

 

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