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Mes romans

Et si le bonheur...

Et si le bonheur c'était pour demain Posté le Vendredi 28 Septembre 2007 à 15h03

Il n'eut même pas la courtoisie, la moindre délicatesse de l'aider à descendre sa valise, une énorme valise qui contenait toute sa richesse, elle tenait son tout jeune fils par la main, il les avait déposés entre deux voitures en stationnement avenue du Maine, dans ce Paris qui lui faisait si peur.

 

Ils avaient roulé toute la nuit, elle était fourbue, cassée, la tête brinquebalante, ils étaient là, sur le bord du trottoir, son petit bonhomme dormant debout, sa petite main accrochée à la valise, comme un petit chien à son os. Qu'allaient-ils devenir perdus dans ce Paris immense, seuls au milieu de cette grande ville, il lui fallait se rendre à la gare d'Austerlitz, c'était écrit sur le papier qu'elle tenait à la main, elle ne savait comment s'y rendre, quelques euros seulement en poche lui interdisaient de prendre un taxi.

 

Elle ne prit pas garde à la voiture qui s'arrêta près d'elle, elle vit, sans  le remarquer, l'homme se pencher à la portière, lui adresser la parole. Elle s'avança, écouta poliment les questions, non elle n'était pas du quartier, non elle ne savait pas où se trouvait le commissariat, l'homme se redressa, excédé, mis les mains sur le volant, accéléra  et la voiture partit en trombe, elle la regarda s'éloigner, haussa les épaules.

 

Elle allait se retourner mais son regard fut attiré, pendant quelques instants, par le manège d'une petite fille poussant de grands cris, et tapant du pied sur le sol, refusant de suivre la jeune femme qui l'accompagnait, conflit de génération pensa-t-elle en souriant.

 

Soudain son sourire se figea, un souffle d'air froid la saisit tout à coup, avertissement ou prémonition ? Elle n'eut pas le temps de répondre, d'instinct elle se retourna, n'en crut pas ses yeux, non, c'était un cauchemar, elle allait se réveiller, elle porta les mains à sa poitrine, son bébé n'était plus là, la valise était seule sur le trottoir, les yeux hagards, comme un automate, les gestes saccadés, inutiles, elle se mit à le chercher autour de la valise, sous les voitures en stationnement, d'un regard de plus en plus anxieux balaya tout le trottoir, entra affolée dans toutes les boutiques du secteur, invisible, son bébé était invisible, personne ne l'avait vu.

 

Elle se mit à courir en tous sens, à arrêter les passants, j'ai perdu mon bébé, disait-elle affolée, l'avez-vous vu, personne ne répondait, elle voyait bien qu'on la prenait pour une folle, on la repoussait, ou on soulevait les épaules comme pour dire qu'on l'excusait.

 

Elle chercha longtemps mais comprit soudain qu'il n'y avait plus d'espoir, vaincue, la mort dans l'âme, elle revint lentement près de sa valise, aspira à pleins poumons, comme pour prendre son élan, laissa échapper du plus profond de son être; un cri déchirant, comme celui d'une bête blessée, hurlant à la mort.

 

Terrassée par la fatigue et l'angoisse, elle tomba sur les genoux comme si elle avait voulu implorer le ciel puis, s'affaissa lourdement sur le sol, sans connaissance.

 

Mady, un sac d'ordures à la main, ouvrait la porte de son immeuble au moment même où la jeune femme s'affaissait lourdement sur le sol, la vieille dame n'entendit pas le cri, elle n'avait pas branché son Sonotone, comprit, sans savoir pourquoi, qu'il s'agissait d'un malaise, se pencha sur le corps inanimé, lui parla doucement tout en lui tapotant les joues.

 

Faut pas nous faire peur, disait-elle, c'est pas bien de rester ici, allons, venez avec moi, je vais vous faire un bon café. L'inconnue ouvrit les yeux, souleva la tête, regarda étonnée autour d'elle, hébétée, comme si elle sortait d'un mauvais cauchemar, aperçut sa valise, fondit en larmes, mon bébé,

Un commentaire. Dernier par Tat le 08-08-2008 à 00h31 - Permalien - Partager
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