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Le blog de Chérif BOUTAFA

Parler de Grenoble, etc.

MON SENTIMENT SUR LA CRISE! Posté le Dimanche 14 Avril 2013 à 13h43

L’Europe continue de trembler. Après l'Irlande, le Portugal, la Grèce, l’Italie c'est au tour de Chypre, troisième puissance économique de l'Union européenne, d'être touchée de plein fouet par la crise de sa dette publique. Et pourquoi la France doit se préparer à subir le même destin ?

C’est le nouveau crincrin franchouillard : la France, bien que « touchée » par la crise, en serait pourtant largement « épargnée ». Pour preuve, un recul de l’activité mesurée, alors que c’est beaucoup plus chez nos principaux voisins, Allemands et Italiens en particulier.

Les chiffres avancés sont sans doute exacts. Et l’explication par les « amortisseurs » de la protection sociale, par le poids de la sphère publique, par les garanties et les sécurités publiques paraît pertinente ?

Mais faut-il s’en réjouir ? Ce ne serait que la contrepartie positive du fait que, quand la croissance battait son plein au niveau mondial, notre pays avait du retard dans la compétition. En somme : nous souffrons moins parce que nous avons moins profité.

Nous nous dirigeons vers l'austérité générale en Europe. En ce qui concerne la France, elle est le prochain pays sur la liste. La question n'est donc pas de savoir si nous serons touchés, mais plutôt quand ? Il faut savoir que la France possédait une dette publique importante, avec 85 % de son PIB, ainsi qu'un déficit annuel de 7 %. En d'autres termes, la situation de la France est meilleure qu'en Italie, mais empire beaucoup plus vite. D'où la simple question : pourrons-nous nous permettre de ne rien décider avant la fin 2013.

Il suffit de pousser le raisonnement jusqu’à l’absurde pour en voir les limites. Si la protection sociale et la sphère publique nous protègent partiellement des conséquences de la crise, et si c’est cela que nos dirigeants cherchent, alors la solution serait d’aller vers encore plus d’Etat et de protection. Car on se souvient que l’URSS pouvait se vanter d’être « épargnée » par le chômage. Mais c’était aux dépens de toute productivité.

Sur le long terme, moins de croissance en général et plus de protection en période de récession n’est pas un bon choix : il est globalement perdant.

Pour absorber cent milliards d'euros, le gouvernement français n'aura d'autre choix que d'augmenter les impôts et la TVA, comme c'est déjà le cas en Grèce, en Irlande, au Royaume-Uni ou en Espagne. Or, le plus difficile à accepter pour le contribuable reste que ces prélèvements ne financeront pas le service public, mais le remboursement de la dette, et qu'il n'en verra donc pas la couleur. Face à ces sommes énormes, la mesure actuelle de ne pas remplacer les fonctionnaires à la retraite ne pèse pas lourd.

Surtout, il s’agit d’une fausse alternative. D’un raisonnement macro-économique, qui n’a rien à voir avec la vraie vie, qui est dans la microéconomie.

La moindre récession observée par l’Insee dont il est question est une moyenne entre des situations très contrastées : des salariés protégés dans la sphère publique, dont les salaires continuent d’augmenter, et qui osent sans pudeur manifestée dans la rue pour qu’ils soient encore revalorisés, et d’autres, dans le secteur privé exposé, qui perdent  leur emploi ou qui  sont au chômage partiel. La crise n’est pas plus douce en France qu’ailleurs. Certains y échappent, statutairement, pour l’instant.

Les crises économiques ne se mesurent pas seulement à l’intensité de la récession et du chômage. Elles s’apprécient encore et principalement par leur durée. Observons simplement que la France  des années trente, qui était déjà en état de « protection sociale avancée » par rapport à ses concurrents, a mis 20 ans pour retrouver un niveau de production d’avant crise, quand d’autres pays s’en sortaient beaucoup plus rapidement.

En vérité la protection sociale pourrait faire beaucoup pour soutenir l’activité et la croissance économique. Cela supposerait qu’on revienne à une vraie et solide protection, qui ne peut s’appuyer que sur l’épargne. Et qu’on tourne le dos à la fausse protection à la française, financée par la dette.

Nos économistes ne se sont pas montrés très brillants dans leurs prévisions passées : nous en subissons aujourd'hui les conséquences. Et ce à travers une crise économique sans précédent, plus ou moins totalement imprévue. Malheureusement cette crise, en France du moins, peut en cacher d'autres, et en particulier celle qui concerne le batiment. Une crise encore plus mal prévue que la crise générale, et qui pourtant devrait s'accélérer. Deux indices le prouvent :

D'abord, en France, un manque de logements de plus en plus criant.

Ensuite, une activité du bâtiment qui chute depuis deux ans, la chute atteignant -18% en construction de maisons individuelles au premier trimestre de cette année.

L'euro est clairement menacé si la Banque centrale européenne s'écroule. Cela représente à la fois le risque d'effondrement du commerce international ainsi que d'une profonde crise géopolitique, qui peut aboutir à une guerre mondiale. C'est ce qui arrive lorsque les États sont confrontés à une impossibilité d'échanger leurs marchandises, que seule une monnaie internationale saine permet.

Il y en a plusieurs, mais l'un des plus flagrants tient au cadre gouvernemental français, que je juge de plus en plus absurde sans qu'il s'agisse de position politique. C'est relativement simple : nos intellectuels continuent à parler de réformes profondes du bâtiment, faisant état de progrès plus ou moins liés à une complexité croissante.

Nous sommes toujours dans la même crise. En 2009, il s'agissait aussi d'une crise de la dette, mais privée, qui touchait des banques et provoquait leur faillite. On a espéré s'en sortir avec la croissance, mais celle-ci n'est pas au rendez-vous. Aujourd'hui, ce sont les États qui font faillite. Cette dette folle traduit simplement le fait que l'Occident vit au-dessus de ses moyens.

5 commentaires. Dernier par blog le 17-04-2013 à 02h46 - Permalien - Partager
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