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le mari, la femme et le voleur Posté le Mercredi 10 Décembre 2008 à 09h54

Le Mari, la Femme, et le Voleur

 

Un mari fort amoureux,

Fort amoureux de sa femme,

Bien qu’il fût jouissant, se croyait malheureux,

Jamais œillade de la dame,

Propos flatteurs et gracieux,

Mot d’amitié, ni doux sourire,

Déifiant le pauvre sire,

N’avaient soupçonner qu’il fut vraiment chéri

Je le crois, c’était un mari

Il ne tint point à l’hyménée

Que content de sa destinée

Il n’en remercia les dieux ;

Mais quoi ? si l’amour n’assaisonne

Les plaisirs que l’hymen nous donne,

Je ne vois pas qu’on soit mieux

Notre épouse étant de la sorte bâtie,

Et n’ayant caressé son mari de sa vie,

Il en faisait sa plainte une nuit. Un voleur

Interrompit la doléance

La pauvre femme eut si grand’ peur

Qu’elle chercha quelque assurance

Entre les bras de son époux

Ami voleur, dit-il, sans toi ce bien si doux

Me serait inconnu. Prends donc en récompense

Tout ce qui peut chez nous être à ta bienséance ;

Prends le logis aussi. Les voleurs ne sont pas

Gens honteux, ni forts délicats :

Celui-ci fit sa main

 

J’infère de ce conte

Que la plus forte passion

C’est la peur : elle fait vaincre l’aversion

Et l’amour quelquefois ; quelquefois il la dompte ;

J’en ai pour preuve cet amant

Qui brûla sa maison pour embrasser sa dame

L’empotant à travers a flamme

J’aime assez cet emportement ;

Le conte m’en a plu toujours infiniment ;

I est bien d’une âme espagnole,

Et plus grande encore que folle

Jean de la Fontaine

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