La fille du sultan
Plante de verdure est une
fille très belle avec une chevelure dorée très longue. Elle habitait dans une
ile verte, un beau palais autour duquel volaient des mouettes blanches qui
glissaient à travers les grandes fenetres comme les rayons du soleil se
refletant dans les cheveux dorés de Plante de verdure, et faisant un véritable
arc en ciel.
Un beau matin, Plante de verdure demanda à
ses parents de la laisser jouer avec ses amies. Elles désiraient partit dans
une foret pour ramasser du bois mort. Ayant peur pour elle, le père lui refusa
cette sortie.
Après moult insistances de la fille, le père
finit par accepter à condition qu’elle rentra avant le crépuscule. Plante de
verdure éprouva un réel plaisir, embrassa son père et partit avec ses amies.
Le long du chemin, elles entonnèrent de très
belles chansons du terroir. Dans la foret, elles commencèrent à jouer à
cache-cache. Au moment fort du jeu, les nattes de cheveux de Plante de verdure
s’accrochèrent aux branches des arbustes. Ses amies s’en éloignèrent et la
perdirent de vue.
Elles la cherchèrent longtemps sans la
trouver. Elles retournèrent en ville sans Plante de verdure.
Plante de verdure resta seule dans la foret
épisse, pleurant, appelant ses amies et son père. Elle s’égara entre les grands
arbres. Le soir venu, elle commença à chercher sa route en écoutant les cris de
la chouette, et le coassement des grenouilles. Elle s’assit au bord d’un étang
en pleurant jusqu’à ce que le lièvre blanc l’entendit et s’inquiéta des raisons
de ce chagrin. Il l’aida à se défaire des branches accrochées à ses cheveux
dorés.
Plante de verdure marcha longtemps dans la
foret sans trouver son chemin. Quant tout à coup, elle aperçut, au loin, une
lueur. Elle se précipita, et alla dans sa direction. La faim, la soif et la
fatigue eurent très bientôt raison de son petit corps frèle.
En parcourant la distance qui la séparait de
la lueur, Plante de verdure rencontra une femme géante, possédant de gros seins
pareils à des mamelles pendantes. Cette dernière broyait du blé et de l’orge
avec un moulin traditionnel.
Elle se jeta sur ses seins pour téter le
lait. La femme-géante la laissa faire jusqu’à satiété. Elle lui dit
ensuite : « Si tu n’avais pas tété les mamelles de Ramous et Djamous,
je t’aurais laissée en dehors de la hutte, en proie aux loups et aux lions qui
feraient de ton petit corps qu’une seule bouchée et de ton sang qu’une seule
gorgée ! ».
Les frères Ramous et Djamous revinrent à la
maison et s’étonnèrent de la présence de Plante de verdure, de sa beauté
magnifique et envoûtante, et de ses cheveux dorés qui lui couvraient
entièrement son corps. Ayant appris par leur mère qu’elle est leur sœur de
lait, ils lui souhaitèrent la bienvenue.
N’étant pas habituée à vivre en dehors de sa
famille, elle tenta de s’adapter à sa nouvelle situation, mais en vain. Elle
pensa donc à se frayer un chemin pour s’échapper et revenir dans sa vraie
famille. La géante avait un enfant dont elle confia la charge à Plante de
verdure. Cette dernière devait s’en occuper quotidiennement.
Un soir, Plante de verdure voyant un berger
passer avec son troupeau, lui demanda de lui donner un petit poulain pour
permettre à son frère de lait de s’amuser. Il lui répondit : « Depuis
l’absence de plante de verdure, il n’y a pas eu de pluie et la terre n’a pas
donné de verdure, et la jument n’a pas mis bas pour le donner à ton petit frère
de lait ».
Mécontente, plante de verdure pleura à chaudes
larmes. Des précipitations devinrent très violente et arrosèrent tout le
royaume. Quelques instants après, elle sourit et le soleil réapparut très
intense.
Le berger revint au palais des mouettes, ne
crut pas ce qu’il avait vu et garda le secret.
Quelques jours après, il revint aux lieux
déjà visités pour vérifier s’il s’agissait bien de la fille du roi
« Plante de verdure ». Il rencontra la petite fille en train de jouer
avec son frère. Elle demanda de nouveau au berger de lui donner un poulain pour
que son frère puisse le monter. La réponse fut alors : « Depuis
l’absence de Plante de verdure, il n’y a pas eu de pluie et la chamelle n’a pas
donné de petit ». Elle sourit… Il comprit qu’elle était bien Plante de
verdure, fille du roi.
L’étonnante nouvelle parvint aux oreilles du
roi qui se dirigea vers la foret verte pour vérifier le bien fondé de la
nouvelle. Etonné, le roi s’approcha de cette belle fille pour avoir d’autres
informations en vue de s’assurer qu’il s’agissait bien de sa fille adorée. La
fille ayant grandi, le père ne pouvait la reconnaître et s’en s’assurer
convenablement.
Plante de verdure raconta son histoire. Le
père comprit qu’il s’agissait bien de sa fille chérie qui s’était égarée, un
jour, dans cet immense foret. Il l’entoura de ses grands bras et lui demanda de
se préparer pour le grand retour à la maison. L’enfant consciente de sa
responsabilité, lui dit : « Je suis responsable de mon petit frère e
je ne peux pas l’abandonner ». Son père la reprit sur son cheval avec le
petit frère. Ce denier était inquiet de son sort ;
Constatant que le voyage devenait assez
long, et que la course effrénée du cheval devenait fatigante, le petit
descendit sans que Plante de verdure et son père ne s’en aperçoivent et s’égara
dans les ronces.
Après avoir traversé plusieurs lieues,
Plante de verdure s’aperçut de la disparition de son frère de lait
« Makous ». Le père et sa fille le cherchèrent partout, sans
résultat. Plante de verdure se mit en deuil et pleura amèrement sa disparition.
La géante apprit la disparition de son fils
et tint pour responsable Plante de verdure en lui imputant la chute de
celui-ci. Elle chercha à se venger de plante de verdure, en la poursuivant d’un
lieu à un autre.
Elle chercha à lui apparaître sous diverses
formes afin de s’approcher de la maison de Plante de verdure pour pouvoir
l’enlever et se venger.
Un jour, elle se transforma en chamelle en
train de paître tout prés du palis des mouettes, attendant l’apparition de
Plante de verdure, pensant que celle-ci serait tentée de la monter, et ainsi,
elle pourrait l’emmener très loin du château pour lui faire subir la sanction
la plus atroce.
Plante de verdure sortit du palais et
aperçut la chamelle douce, calme et gentille, elle voulut la grimper sur son
dos pour s’amuser un peu. Au moment ou plante de verdure tenta de grimper sur
le dos de la chamelle, es vents violents e déchaînèrent et se transformèrent en
un tourbillon de sable qui rendit la vue impossible. Chacune des deux resta à
sa place.
Une fois le calme revenu, la visibilité
devenue très nette la poussière se dissipa et un événement étonnant apparut. Au
loin, tout le monde vit une silhouette s’approcher doucement, et calmement.
Cette silhouette devenait de plus en plus nette : l’enfant égaré revenait.
Il était devenu un jeune homme, beau et merveilleux.
Sa mère reprit sa forme initiale, le
reconnut et alla directement vers lui. Ils s’embrassèrent pendant longtemps et
se dirigèrent vers la foret. Etonnée, Plante de verdure, ne croyait pas ce
qu’elle venait de voir et retourna au château où elle raconta toute l’histoire
à sa mère. Chacun revint vers sa mère et chacun vécut dans son milieu naturel
et familial.
C’est ainsi, que se termine l’histoire de
Plante de verdure fille du sultan.
Rabah Khedouci et A. Bent el-mamoura
(Conte
populaire algérien)
La fleur des montagnes
Un jour « Ahmama » découvrit un
œuf étrange et imagina qu’elle devrait le prendre à dos de veau. Elle pensa le
prendre et le préserver comme si elle avait trouvé une véritable fortune.
Elle scruta les environs d’une manière
inquiète, regardant à gauche puis à droite et ensuite elle se précipita vers le
lieu ou se trouvait l’œuf. Elle le prit et alla le cacher entre deux rochers.
Qu’adviendrait-il si l’œuf se cassait et
qu’elle apprenait ce qu’il contenait ? Est-ce qu’elle supporterait cette
nouvelle ?
Les jours passèrent, Ahmama ne cessait de
visiter les lieux ? L’œuf éclôt un jour, et il en sortit un être
vivant, ressemblant à une vipère.
Oh ! Combien son étonnement fut grand !
Mais Ahmama continua régulièrement ses visites sans avoir aucune crainte.
Les jours passèrent, la petite vipère
grandissait de plus en plus, jusqu’à devenir géante, pouvant menacer la
sécurité des habitants dans leur vie, dans la vie de leurs animaux et même
menacer leur pâturage.
Terrorisés, les habitants finirent par
choisir de combattre la vipère par les moyens qu’ils possédaient.
Après de nombreux combats, les villageois
eurent raison d’elle, ils l’étendirent sur le sol et elle ressembla à un
véritable dinosaure dangereux. Ils voulurent en finir avec elle par le feu.
Ils préparèrent un grand bûcher ou les
fagots de bois furent entassés les uns sur les autres. Le corps de la bête fut
recouvert par les branchages de bois sec et ils y mirent le feu, dans une
ambiance de fête ou les chants des enfants n’ont pas tari.
La fumée s’éleva dans le ciel emportant avec
elle l’odeur acre du brûlé. Subitement, me ciel s’assombrit d’une nuée
d’abeilles venant de toutes les directions qui s’abattit sur le cadavre,
dévorant et suçant les quelques parties du monstre restées encore non brûlées
par le feu. Les fleurs de la région, même, perdirent leur arome.
C’était la plus grande catastrophe qu’avait
connue l’homme depuis qu’il était en vie : le poison se mélangeait au
miel.
Une question se posa donc. Périrons-nous
tous si nous goûtions au miel des abeilles mélangé au poison de la
vipère ?
Partout, dans toutes les discussions, sur
leurs lèvres, nous n’entendions que l’interrogation sur le désastre. Ils
séparèrent réfléchissant à une possible solution pour éviter l’hécatombe. Ils
dirent :
« Il est nécessaire que quelqu’un soit
volontaire pour effectuer l’expérience malheureuse que nous sommes tenus de
vivre : il s’agit donc de vie ou de mort. Mais qui pourrait se dévouer à subir
l’atroce mort qui viendrait du poison que les abeilles déposeront dans les
alvéoles de la ruche ; Qui mettrait en danger sa vie ?».
Après, un court instant parcouru par un
silence effrayant ressemblant à une éternité, quelqu’un osa dire :
« la réponse est chez le vieux « Bourak » à qui nous
administrerons le miel récolté chez ces abeilles pour voir l’effet l’expérience.
Le vieux « Bourak » est au bout d’une vie malheureuse, sur le point
de rejoindre l’au-delà».
Tous poussèrent un cri de joie et de
soulagement, il continua :
« S’il mourait empoisonné, il serait
délivré d’une pénible vie que la pauvreté cruelle n’a cessé de rendre de plus
en plus difficile, et ainsi, nous aurions réalisé notre expérience et nous
connaitrions la réalité ».
Lorsqu’arriva la période de la cueillette du
miel, les villageois recherchernt le vieux Bourak, ils le retrouverent vec le
thorax fragile, ayant perdu la vue, devenu bossu, édente avec des cheveux
blancs et n’ayant point d’amis.
Le miel empoisonné fut donc donné au puvre
vieux. Tout le monde attendit l’arrivée brutale de la mort que les etres de ce
monde lui avaient imposée. Est-ce que la vie voudrait de lui ?
Le vieil aveugle recouvrit la vue.
L’assistance ne crut point ses yeux, meme le vieux commença à douter. Depuis ce
moment, il emprunta un nouveau corps : il devint jeune, avec des cheveux
noirs, son dos se redressa et sa bouche se garnit d’une très belle dentition.
Le printemps de sa vie reécut dns un corps comme u jour de la résurrection.
Tout
le monde s’étonna y compris le vieux lui-même. Qui dit :
« Dieu a plusieurs soldats dans le miel
et ceci est la récompense de toute personne qui croit en lui ».
Et il continua en disant :
« Il a eu raison celui qui a dit :
craint Dieu, tu verras des miracle ».
Les villageois regrettèrent leur acte et
présentèrent des excuses au vieux Bourak qui ne les accepta que difficilement
en disant : O ! Bandes de criminels, vous avez voulu ma mort ?
Ils baissèrent la tête et laissèrent le
vieux continuer à les maudire : « je demande le prix du sang selon la
loi divine ».
L’un d’entre eux rétorqua avec la tête
toujours baissée : « demande ce que tu veux ».
Le vieux Bourak répondit alors :
« ma redevance ! Ahmama Mon mariage avec Ahmama la plus belle des
filles. »
Le père de Ahmama qui était parmi
l’assistance acquiesça de la tête. Le vieux (devenu très jeune) se maria avec
Ahmama et s’installa sur la rive de la rivière. De leur noce, ils eurent
plusieurs enfants qu’ils nommèrent « Ouled Abdi ».
Le temps passa, la beauté de Ahmama
flétrissait de plus en plus et son corps prenait de l’age malgré les
applications de toutes les crèmes et les plantes qu’elle savait mélanger pour
en tirer une onction spéciale pour le rajeunissement.
Le temps ne pardonne pas. Est-ce que
l’herboriste peut rénover ce que le temps a terni ? Ahmama vieillissait
malgré toutes les potions qu’elle fabriquait seule, à partir de certaines
plantes.
Le vieux rajeunissait de plus en plus
jusqu’à avoir la corpulence et la vigueur d’un jeune d’une vingtaine d’années.
Notre jeune chercha donc une jeune fille,
plus belle qu’Ahmama. Il s’installa avec « Touba », sa nouvelle femme
sur l’autre rive, juste en face de la progéniture d’Ahmama. Il eut de nombreux
enfants qu’il nomma « Touwaba » ;
Le fleuve qui séparait les frères ennemis
devint alors le témoin numéro un de cette guerre fratricide qui s’empara des
deux clans. Une guerre sans merci, éclata entre les frères ennemis. Ils
s’entredéchirèrent comme des animaux. Les mères finirent aussi d’être de la
partie.
Le père resta bouche bée, ne sachant quoi
faire, et quel parti prendre. Toute sa descendance hérita de cet état d’esprit
qui fut plein d’inquiétude et de révolte. Le temps finit par calmer cette
querelle O, combien difficile. Les deux groupes se boudèrent pendant un long
moment. Ils restèrent fâchés jusqu’au moment ou un peuple étranger, venant
d’autres contrées, au-delà des mers, vint les coloniser.
Les deux tribus finirent par comprendre que
la seule façon de défendre le pays était l’union. Donc, les deux tribus se
rassemblèrent en une seule tribu et firent un seul corps pour combattre
l’ennemi et défendre leur territoire.
Rabah Khedouci et A. Bent el-mamoura
(Conte populaire algérien)
Parce qu’elle a vécu
intensément sa vie
L’herbe sèche attire encore
l’attention du passant.
Les fleurs ne font que
fleurir,
Et du mieux qu’elles peuvent.
Le lys blanc dans sa vallée,
que personne ne voit,
Ne doit d’explication à
personne ;
Il vit seulement pour la
beauté.
Mais les hommes ne peuvent
pas vivre avec le « seulement ».
Si les tomates voulaient être
melons
Elles seraient ridicules.
Que tant de gens se préoccupent
De vouloir être ce qu’ils ne
sont pas ;
Quel plaisir ont-ils à se
ridiculiser ?
Tu n’as pas besoin de faire
semblent d’être fort
Tu n’as pas à toujours
prouver que tout va bien,
Tu ne dois pas te préoccuper
de ce que les autres pensent.
Pleure si c’est nécessaire
Il est bon de pleurer jusqu’à
a dernière larme
(Alors seulement tu pourras
sourire de nouveau)
Mitsuo Aida
Sois comme le fleuve qui
coule
Silencieux dans la nuit.
Ne redoute pas les ténèbres
de la nuit.
S’il y a des étoiles dans le
ciel, réfléchis-les.
Et si les cieux s’encombrent
de nuages,
Comme le fleuve, les nuages
sont faits d’eau ;
Réfléchis-les aussi sans
tristesse
Dans les profondeurs
tranquilles
Manuel Bandeira
Maktub (extrait n° 22)
Un dompteur de cirque parvient à dresser un
éléphant en recourant à une technique très simple : alors que l’animal est
encore jeune, il lui attache une patte à un tronc d’arbre très solide. Malgré
tous ses efforts, l’éléphanteau n’arrive pas à se libérer. Peu à peu, il
s’habitue à l’idée que le tronc est plus fort que lui. Une fois qu’il est
devenu un adulte doté d’une force colossale, il suffit de lui passer une corde
au pied et de l’attacher à un jeune arbre.
Il ne cherchera même pas à se libérer.
Comme ceux des éléphants, nos pieds sont
entravés par les liens fragiles. Mais, comme nous avons été accoutumés dés
l’enfance à la puissance du tronc d’arbre, nous n’osons pas lutter.
Sans avoir qu’il nous suffirait d’un geste de
courage pour découvrir notre liberté.
Paulo Coelho