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Iphigénie Posté le Vendredi 2 Janvier 2009 à 10h59

Iphigénie

 

 

Je me flattais sans cesse

Qu’un silence éternel cacherait ma faiblesse ;

Mais mon cœur trop pressé m’arrache ce discours,

Il te parle une fois pour se taire toujours.

Ne me demande point sur quel espoir fondé

De ce fatal amour je me vis possédée

Je n’en accuse point quelques feintes douleurs

Dont je crus voir Achille honorer mes malheurs :

Le ciel s’est fait, sans doute, une joie inhumaine

A rassembler sur moi tous les traits de sa haine

Rappellerai-je encore le souvenir affreux

Du jour qui dans les fers nous jeta toutes deux ?

Dans les cruelles mains par qui je fus ravie

Je demeurai longtemps sans lumière et sans vie :

Enfin, mes tristes yeux cherchèrent la clarté ;

Et, me voyant presser d’un bras ensanglanté,

Je frémissais, Doris, et d’un vainqueur sauvage

J’entrai dans son vaisseau, détestant sa fureur,

Et toujours détournant ma vue avec horreur

Je le vis : son aspect n’a rien de farouche ; je sentis le reproche expirer dans ma bouche ;

Je sentis contre moi mon cœur se déclarer ;

J’oubliai ma colère, et ne sus que pleurer ;

Je me laissai conduire à cet aimable guide

Je l’aimai à Lesbos, et je l’aime en Aulide

 

 

Jean Racine

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