Sans compter tous
les légumes, les volailles et les lapins qui viendraient s’ajouter …
Je savais que pour
Maman ça signifiait des heures de travail sans fin à tout nettoyer, à découper,
à préparer, à cuire pour transformer tout cela en pâté, en terrine, en
délicieux rôtis qui allaient faire se lécher les babines des amis prêtres que
mes Parents aimaient recevoir certains dimanches.
Dimanches qui
finissaient toujours par l’odeur âcre d’un gros cigare que Papa portait
fièrement à ses lèvres tandis que tout ce petit monde, sauf Maman, jouait au
Monopoly.
Et qui gagnait
chaque fois ?
Je vous le donne en
mille !
C’était bel et bien
Papa !
Il tenait « la
Banque » comme il disait, je crois qu’il devait tricher un peu ; de
temps en temps, il me disait : « nénette ! fais-bien attention
aux billets de Papa hein ? »
Ou bien, j’étais
chargée de rendre la monnaie contre un gros billet de 100 francs, ou encore de
distribuer les gares – qui atterrissaient toujours chez Papa d’ailleurs, ainsi
que la rue de la Paix avec 3 hôtels dessus …
Et oui !
c’était ça nos dimanches avec les amis prêtres, en tout cas, ce que j’en ai
retenu, car leurs longues discutions venaient à mes oreilles comme d’agréables
bourdonnements où je ne comprenais rien à leurs désirs de refaire le monde.
« une petite
cerise à l’eau de Vie, mon Père ? » disait Maman après avoir coupé la
tarte aux pommes en parts égales et servi le café fumant.
Quels
dimanches !
Quels dimanches de
rêve !
Les fleurs, les
bruits, les gestes, les regards, l’odeur de la cire mêlée à celle d’un rôti en
cocotte, les portes et fenêtres ouvertes pour laisser passer un peu d’air, les
étés surchauffés, tout est gravé à jamais dans mes yeux et dans tous mes sens
d’ailleurs.
La terre devait être faite à l’image de ma famille, c’était sûr !
COPYRIGHT CAPUCINE