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Capucine

rencontres poétiques en toute liberté

un objet délicat parce que plein d'émotion Posté le Samedi 23 Mai 2009 à 01h49

 

La Bague de ma mère

 

 

Captivante et féminine, sa spirale enveloppe mon regard et l’entraîne dans une

sorte de rêverie-torpeur, elle appelle à la magie, aux pouvoirs de l’au-delà.

Elle est enfermée là dans le noir depuis des années, dans un coffre de bois

coûteux au fond de mon armoire.

Parfois, mais c’est très rare, j’en ouvre le couvercle,

la regarde, l’approche délicatement, l’aborde soupçonneuse ;

polie et dépolie elle a été, c’est sûr, un petit joyau, cercle encerclant au long

doigt de ma mère.

sa rosace diamantée est toujours élégante, vieillie, surannée et sans âge,

elle a eu sa gloire, a fait son effet à la main juvénile, y a pris sa place

pendant bien des années, offerte comme un trésor, portée tel un trophée.

Je m’en souviens très bien, les jours endimanchés ou les jours sans labeur,

Maman la glissait à son doigt, la regardait avec tant d’émoi, je sentais ses

souvenirs remonter en cascades joyeuses et rieuses jusqu’à ce que je voie

des larmes pleurer de ses yeux merveilleux.

Ma mère me l’a offerte, talisman de son cœur, je l’ai souvent portée mais

n’aime plus l’avoir, elle me révèle de bien trop fortes mémoires.

A-t-elle des dons de chance, donne-t-elle des souffrances ?

On entend dire parfois que les pierres ont une âme, qu’elles portent en elles

l’extraction douloureuse de leur terre-mère, les sueurs et les râles de bien

pauvres hères.

Elles soufflent sur nous leur plus grand désarroi, ne s’arrêtant jamais, les ans

ne comptant pas, elles ne savent pas le temps, ne savent que donner du

meilleur ou du pire.

Petite bague d’or jaune, enrubannée de tant de pleurs, je te garde parce que

tu me rappelles ma mère et sa main dans la mienne.

Saurai-je t’apprivoiser ?

En aurai-je l’envie, la force ou la folie ?

Au fond de ton écrin de bois précieux, je sens ton cœur battre et appeler sans

cesse ta terre sauvage.

Je te préfère ainsi à l’abri de mes regards car ta puissance m’effraie, petit

bijou offert pour les vingt ans de ma mère par sa sœur adorée, il y a de

cela soixante dix sept années …

 

 

Marie Aubrée   20 MAY 2009

 

 

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2 commentaires. Dernier par Fanfan le 01-06-2009 à 23h09 - Permalien - Partager
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