Faut-il se méfier de l'amour ?
Elle court, "des pas emportés de l'amour" (Shakespeare),
vers l'objet de son amour.
Mais qu'est-ce qui la fait courir?
Ce qui importe ici, c'est plus ce que la chose est que ce qu'elle signifie: en effet c'est des effets de l'amour dont il faudra éventuellement se méfier. Ce qu'il est, détermine donc ses conséquences. Mais toute "chose" a un devenir passé qui l'a faite ce qu'elle est: la détermination de la chose exige donc une enquête sur sa genèse, sa constitution, qui nous permettrait ici de connaître l'amour tel qu'en lui-même et de déduire de cette connaissance ses conséquences: ce sont donc les causes (physiologiques) ou les raisons (psychiques) de l'amour qu'il faut mettre à jour.
Ex: Amour est philosophe : Le Banquet de Platon (en particulier 206)
Le désir de l'absolu, de la plénitude d'être, est ce qui nous pousse à aimer successivement ce qui participe selon son niveau d'être, sa densité, à la forme éponyme (qui donne son nom à), la forme: beauté. Le même mouvement parce qu'il chasse l'absolu dépasse chaque niveau de réalité et lui préfère ce qui a plus d'être, plus de réalité sans pour cela mépriser ce qui en avait moins mais qui a permis son essor. La beauté de tous les corps a fait pour ainsi dire signe vers les belles âmes, les belles âmes vers les belles actions, les belles actions vers la beauté éternelle, comme autant d'étapes vers une densité d'être telle que la chose, identique à elle-même, peut alors entrer en relation avec l'autre sans que soit menacée son identité !
L'hypothèse de Descartes et l'hypothèse de Freud permettront de déterminer autrement ce que cela est l'amour et de déduire qu'il faut se méfier du processus amoureux qui ressemble fort à une détermination par le corps (Descartes) ou à une aliénation du moi par un passé qui ne lui apparaît plus et qui pourtant établit un certain type de relation tel que l'objet aimé est autre que celui qu'il rencontre sans que cette méprise catastrophique lui apparaisse. L'amour n'est alors qu'un nom pour désigner ce dont l'être nous échappe (transfert de Freud) |