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Les 100 jours du théâtre

Toussométrie

Fantasio Posté le Lundi 16 Février 2009 à 12h55

Carnaval mélancolique

 

Pour preuve de sa bonne foi, l'auteur de ce blog entame sa quête sur un bonheur absolu et inespéré. En passant pour la première fois le seuil de la Comédie-Française (salle Richelieu, près du Palais Royal), pour aller assister à une pièce de Musset qu'on n'avait pas fréquentée depuis le lycée, on s'attendait à se trouver là dans une institution décrépite où l'on ne manquerait pas de mettre en morceaux l'humour et la vivacité de Fantasio. Le risque était grand d'autant qu'une forte odeur de Shalimar flottait sur les premiers rangs (où le miracle de la réservation sur internet nous avait amenés) et que la toussomètre enregistrait une forte activité au niveau des premières loges.

 

Le prologue apporte un démenti immédiat à nos appréhensions : deux jeunes pensionnaires, dont nous avons appris les noms par coeur à l'issue de la représentation comme on le faisait des popstars à 15 ans, Clément Hervieu-Léger et Adrien Gamba-Gontard, nous arrachent nos premiers éclats de rire, lesquels émailleront le reste de la représentation. Car sur scène, on a là de considérables talents comiques : Melle Claude Mathieu en gouvernante complice et lacrymale et Guillaume Gallienne qui campe, avec une remarquable absence de vanité, un prince de Mantoue au ridicule abyssal. On croise d'ailleurs ce garçon sur Canal + (Le Grand Journal), dans de courts sketches satirisant le monde du cinéma, de simples amuse-gueules en comparaison de sa prestation ici.

 

Image

 

La mise en scène est à l'image de son dispositif principal, un manège placé au milieu du plateau, virevoltante et joyeuse, et libre : s'emparant du thème du travestissement traité par Musset, c'est une femme (Cécile Brune) que le metteur en scène a choisie pour incarner Fantasio, jeune bourgeois de Munich qui, pour échapper à ses créanciers,  prend l'aspect du favori disparu de la princesse (Florence Viala), un bouffon. Mais la mise en scène sait parfois suspendre le rythme - les personnages se figent presque tandis que le manège tournoie frénétiquement en une spirale stérile - et laisse le temps aux spectateurs de goûter la mélancolie profonde du texte de Musset. L'émotion vient alors brusquement se lover dans votre gorge, quand la princesse au coeur brisé n'a plus qu'un film burlesque muet pour invoquer le souvenir de son amour disparu. Notons au passage que le responsable de ce délicieux anachronisme cinéphile et de la mise en scène en général, c'est Denis Podalydès qui, au cinéma, et souvent avec son frère Bruno, est un des meilleurs représentants de la comédie d'auteur, délicate et hilarante, comme en témoigne par exemple la version "interminable" de "Dieu seul me voit" (1998) récemment éditée sous le titre de "Versailles-Chantiers" (l'intégrale des aventures d'Albert Jeanjean).

 

Pitch : La jeune princesse Elsbeth est promise au prince de Mantoue pour sceller l'alliance entre leurs deux peuples. Tandis que le prince, qui doit être présenté à la jeune fille, choisit de prendre l'aspect de son aide de camp pour se faire aimer d'elle vraiment, Fantasio, un jeune bourgeois fantasque prend l'aspect de Saint-Jean,  bouffon de la cour et favori de la princesse récemment disparu, pour échapper à ses créanciers...

Toussomètrie : Calme (1/5).

 

 

Fantasio, d'Alfred de Musset - Mise en scène : Denis Podalydès - Comédie-Française, Salle Richelieu - 1h50 (sans entracte) - Jusqu'au 15 mars 2009 - de 11 à 37 €.

http://www.comedie-francaise.fr/dev/saison_spectacles.php?spid=107

 

Autres opinions :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45694

http://theatre-danse.fluctuat.net/blog/33297-fantasio-a-l-aise-a-la-comedie-francaise.html

http://www.lefigaro.fr/theatre/2008/09/26/03003-20080926ARTFIG00396-fantasio-ou-musset-et-ses-doubles-.php

http://www.webthea.com/actualites/?Fantasio-d-Alfred-de-Musset,1645

http://theatredublog.unblog.fr/2008/09/25/fantasio-dalfred-de-musset-mise-en-scene-de-denis-podalydespar-philippe-du-vignal/

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