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Les 100 jours du théâtre

Toussométrie

Transfert du blog Publié le Jeudi 5 Mars 2009 à 11:23:05

J'ai transféré mon blog à une nouvelle adresse, afin de bénéficier des fonctionnalités supplémantaires offertes par blog spot. Retrouvez-moi à l'emplacement suivant : http://spectaclesfontilstousser.blogspot.com/

 

J'y ai déposé mes anciens articles.

 

A bientôt.

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Oncle Vania Publié le Mercredi 4 Mars 2009 à 17:20:28

Dans la forêt de bouleaux

 

Il s'agit ici de la mise en scène de Claudia Stavisky aux Bouffes du Nord et non de la version donnée par le collectif des Possédés au théâtre de la Bastille. On peut s'interroger sur l'opportunité de programmer la même pièce dans la capitale à des dates identiques, si ce n'est pour le plaisir des fanatiques de Tchekhov ou de mise en scène comparée.

 

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Toujours est-il que pour notre toussomètre, le début d'Oncle Vania est un régal puisqu'il s'agit de l'entrée en scène du docteur Astrov (Philippe Torreton) pris de toux ; miracle de la grégarité humaine, le public se met à tousser à l'unisson. Les gorges bien éclaircies, les comédiens peuvent mettre en place l'univers de neurasthénie provinciale propre à l'auteur. Didier Bénureau, surprise de la distribution, campe un Vania ridicule et touchant, drolatique et désespéré. P. Torreton quant à lui parvient à ne pas prendre trop de place et incarne avec beaucoup de sensualité la séduction ambigüe d'un médecin excentrique et alcoolique. Le reste des interprètes, quoique leur travail soit très soigné, est moins marquant. Le jeu de Marie Bunel notamment semble manquer de densité et de présence (mais c'est peut-être ce qu'il fallait pour le personnage d'Elena, jeune épouse d'un vieux professeur, oisive, ennuyée et comme absente à elle-même) tandis qu'Agnès Sourdillon, un peu âgée pour le rôle, appuie sans doute trop le côté terrien du tempérament de Sonia.

 

La mise en scène, servie par de somptueux décors et des astuces de plateaux (l'estrade mouvante, la table qui se déplace comme par magie), ne fait pas preuve d'une folle audace. Beaucoup de savoir faire mais trop de sagesse, telle est l'Oncle Vania proposé ici.

 

Toussométrie : Forte (4/5)

 

Oncle Vania, d'Anton Tchekhov - Mise en scène : Claudia Stavisky - Théâtre des Bouffes du Nord - Jusqu'au 3 avril 2009 - de 12 à 26 euros.

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Je t'ai épousée par allégresse Publié le Mercredi 4 Mars 2009 à 12:19:01

Comédie sentimentale

 

On avait réservé des places pour voir ce spectacle, un peu à l'aveugle, et d'abord pour les comédiennes : Valeria Bruni-Tedeschi, pour l'impatience d'avoir devant soi, en chair et en os, l'actrice de cinéma ; et Edith Scob, pour la fulgurance de ses apparitions (voir L'Heure d'été, d'Olivier Assayas, où elle était à peu près la seule chose de bien). Et puis, stupeur, dans l'intervalle entre la réservation et la représentation, un déluge de critiques s'abat sur la toile. Superficiel, longuet, sans intérêt, les internautes estiment qu'il est bien inutile de se déplacer.

 

Aurait-on moins aimé si l'on n'y était pas de ce fait allé à reculons? Le plaisir que l'on a ressenti ne relèverait-il en fait que du soulagement? A t-on voulu compenser par notre enthousiasme les sièges vides dans une salle un vendredi soir?

 

Toujours est-il qu'on a trouvé notre compte dans cette comédie légèrement amère, qui parle sans s'apesantir de la possibilité, ou non, du couple. Il y a de la mélancolie bouffone, une bonne émancipée et des spaghetti au beurre ; un air de pop italienne, une mamma foldingue et pincée (merveilleuse Edith Scob), pas du tout dans les clichés, et l'histoire d'une femme qui se promenait dans les rues en attendant qu'un réalisateur de Cinecitta la remarque.

 

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Peut-être que le sentiment de futilité ressenti par certains vient de ce que les monologues assez longs, de Giuliana surtout (V. Bruni-Tedeschi), ne servent pas un grand propos, ni un message à l'adresse du public. On n'en retient que quelques filaments de sa vie ; qui étaient sa mère, ses premiers amants ; là où elle a travaillé, ou plutôt d'où elle a été renvoyée. La seconde partie de la pièce dépeint un déjeuner familial, son ennui, l'impasse de la conversation puis finalement la griserie et la joie éphèmères d'un bon poulet rôti arrosé de bon vin. C'est très simple, modeste et cela penche un peu vers le boulevard. C'est une dramaturgie du quotidien, sans coup d'éclat, mais qui pose, discrètement, les bonnes questions sur la nature du lien conjugal.

 

La mise en scène de Marie-Louise Bischofberger est à l'unisson du texte et la galerie de personnages secondaires est excellement servie par des comédiennes exceptionnelles (Edith Scob donc, mais aussi Marie Vialle en bonne indispensable et Armelle Bérengier au sommet du burlesque). V. Bruni-Tedeshi et Stéphane Freiss étaient un peu hésitants le soir de notre représentation. Ils devraient prendre en assurance car le spectacle mérite mieux que les échos qu'il reçoit.

 

Toussométrie : Moyenne (2/5)

 

Je t'ai épousée par allégresse, de Natalia Ginzburg - Mise en scène : Marie-Louise Bischofberger - Théâtre de la Madeleine - Jusqu'en avril 2009 - de 17 à 48 euros. 

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Le Cas Blanche Neige Publié le Jeudi 26 Février 2009 à 10:57:00

Le conte expliqué aux adultes

 

Blanche Neige est un cas. Jeune et fraîche, elle n'a qu'une seule obsession et qu'une seule angoisse : être en mesure de séduire autant que sa belle-mère, la Reine, séduit les hommes. Mais la tâche n'est pas simple car, comme dans Gertrude (Le Cri) du même auteur, Howard Barker, monté à l'Odéon en janvier, cette mère d'âge mûr et de surcroît (prétendûment) stérile exerce une attraction irrésistible sur tous les hommes qui l'approchent.

 

Frédéric Maragnani a choisi pour mettre en scène ce conte déviant un plateau très dépouillé ; en son centre, une sorte d'ascenceur dont les portes s'ouvrent parfois, sur la forêt, ou plutôt sur l'inconscient et la transgression des personnages : dans la forêt, la Reine s'ébat avec le garde-chasse et Blanche Neige se tape... les sept nains! Le choix des comédiens est intelligent et le travail des corps soigné. Le supplice final de la Reine, vraie fin du conte de Grimm, montre un art de la suggestion consommé de la part du metteur en scène et une grande force d'incarnation de la comédienne, Marie-Armelle Deguy : on est réellement saisi d'effroi lorsqu'elle commence à chausser ses escarpins chauffés à blanc.

 

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Dans l'émission déjà citée dans mon post du 17 février 2009, M. Maragnani expliquait la difficulté qu'il avait eu à trouver la mise en scène adaptée à ce tableau ; pour lui, Howard Barker n'écrit pas ses pièces en pensant à leur représentation. La solution qu'il a trouvée est belle, mais la danse jusqu'à épuisement de la Reine est éludée ; dans sa Blanche Neige, Angelin Preljocaj proposait lui une saisissante solution dansée. Ces deux traitements illustrent bien la divergence des approches de ce conte presque universel adoptées par ces deux spectacles.

 

Alors qu'Howard Barker s'acharne à expliciter le sous-texte fantasmatique du conte, avec une certaine force dans le trait mais sans grande subtilité (et que le metteur en scène allège en tirant l'ensemble vers la farce), M. Preljocaj respecte la fonction initiale du conte ; celle d'exorciser les angoisses et les fantasmes du lecteur par le biais de "paravents" narratifs, de situations symboliques. Ainsi, malgré la réussite incontestable du très explicite Cas Blanche Neige, on préfère tout de même une Blanche Neige chorégraphiée qui laisse encore aux spectateurs leur part d'imagination et d'interprétation.

 

Toussométrie : Calme (1/5).

Le spectacle n'est plus à l'affiche à Paris.

 

Commentaires :

- la problématique de la pièce selon son metteur en scène : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Le-Cas-Blanche-Neige-Comment-le-savoir-vient-aux-jeunes-filles/ensavoirplus/

- http://www.ruedutheatre.info/article-27840253.html

- http://culturofil.net/2009/02/13/le-cas-blanche-neige-de-howard-barker/

- http://www.spectacles.fr/le-cas-blanche-neige/avis

- http://www.laboiteasorties.com/2009/02/odeon-le-cas-blanche-neige-comment-le-savoir-vient-aux-jeunes-filles/

- http://theatredublog.unblog.fr/2009/02/05/le-cas-blanche-neige/

 

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L'air vicié du temps - 2 Publié le Vendredi 20 Février 2009 à 14:48:40

Quelques investigations complémentaires grâce à l'ami google viennent enrichir le répertoire de références sur la toussométrie au théâtre :

 

- Clémence Hérout, qui blogge pour le théâtre de l'Athénée, élabore une typologie du tousseur des théâtres parisiens : l'intempestif, l'inopportun, le mondain... et l'innocent souffreteux. Ils ont chacun une bonne raison de tousser, dont celle de donner son opinion sur la pièce ou d'éviter de pleurer.

 

http://blog.athenee-theatre.com/index.cfm/2008/12/17/Kof-kof

 

Aussi, grosse controverse dans les commentaires sur l'opportunité ou non du bonbon au miel ou de la pastille mentholée pour enrayer la toux.

 

- La désencyclopédie, détournement de wikipédia (ou "la source en pleine évolution d'informations utiles et fiables, écrite entièrement par des singes savants") , nous offre, dans un article globalement très instructif sur le théâtre en général et en particulier, une explication à la toux des spectateurs : c'est pour faire sentir aux comédiens que le public est bien là.

 

http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre#Le_public

 

- Du blog de Flop, qui n'est plus très actif (en tout cas pour sa rubrique théâtre), un morceau de mémoire numérique échoue sur la plage de google. C'est fascinant puisqu'il nous parle d'un spectacle de danse de Sasha Waltz monté un 2006 où l'on faisait tousser le public exprès. Pourquoi? Lisez ici :

 

http://www.favoritechoses.com/flop/2006/05/a_mare_basse.html

 

Enfin, finissons cette revue provisoire par une nouvelle citation bien à propos : "Le talent d'un auteur consiste moins à faire applaudir ses pièces qu'à empêcher le public de tousser." C'est Marcel Achard qui l'a dit.

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