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Les 100 jours du théâtre

Toussométrie

La Vénus à la fourrure Posté le Lundi 16 Février 2009 à 15h32

Histoire d'une soumission

 

Changement d'ambiance ; après la mélancolie fantasque du romantique Musset, nous nous sommes frottés à la mélancolie doloriste du post-romantique Sacher-Masoch, au théâtre de la Colline.

 

"La Vénus à la fourrure", pièce centrale de l'oeuvre de l'auteur qui donnera son nom au masochisme, évoque la soumission de Séverin à la maîtresse qu'il conforme à ses désirs, Wanda von Dunajew. Elle dit sa liberté face aux convenances de son temps, il la veut cruelle et suprêment dominatrice. Le couple trouve un bref équilibre sensuel et signe un contrat par lequel Séverin s'engage à devenir l'esclave de Wanda ; ils fuient vers l'Italie où le couple se délite peu à peu.

 

On le voit d'emblée, la pièce éprouve les limites de ce que le théâtre s'autorise à représenter ; de la passion, de la douleur et du plaisir, que nous donne à voir la mise en scène de Christine Letailleur? Du symbole voire de l'esquive, car de fouets et de fessée, nous ne verrons que des mimes. Un peu de nudité : les seins de Wanda, le sexe et les fesses de Séverin et enfin sa nudité entière, symbole de son humiliation finale. Et une chorégraphie étrange entre les deux amants, qui tantôt dessinent la spirale de leur désir autour d'un lustre qu'ils allument progressivement, tantôt se livrent à d'étranges processions mortifères en fond de plateau.

 

Image

 

Malgré  ces efforts de sublimation peut-on dire, la pièce procure plutôt de la gêne que de la fascination (en témoigne une toussométrie impressionnante ce soir là), et provoque plus de ricanements que de soupirs. La mise en scène, qui bien que très dépouillée arrive tout de même à flirter avec le kitsch (le lustre très "D&CO", et la "sonate au clair de lune" en boucle), prend des risques inutiles et laisse souvent sombrer les comédiens dans le ridicule : Andrzej Deskur (Séverin), dont la diction (volontairement?) hachée conjure malheureusement sa dévotion au personnage, essuie les rires du public à chaque fois qu'il confie sa qualité de "supra-sensuel" ; quant à Dimitri Koundourakis, qui incarne pourtant "le Grec", Apollon contemporain polysexuel et dominateur, il délivre la prestation la plus involontairement comique du moment (mais cela vaut le coup d'être vu). Valérie Lang (Wanda), enfouie sous de multiples fourrures, tire son épingle du jeu.

 

L'ensemble ne nous a donc pas convaincu  ; reste la découverte d'un texte unique et l'hommage que l'on peut rendre à l'audace, même lorsqu'elle rate sa cible. Mais on peut aussi préférer réécouter une popsong parfaite justement intitulée "Venus in Furs", sur l'album sans titre du Velvet Underground et apprécier dans la poésie de Lou Reed l'héritage de Sacher-Masoch.

 

Toussométrie : Forte à très forte (4/5)

 

La Vénus à la Fourrure, de Leopold von Sacher-Masoch - Mise en scène : Christine Letailleur - Théâtre de la Colline (petite salle) - Jusqu'au 22 février - de 13 à 27 euros.

http://www.colline.fr/spectacle/163

3 commentaires. Dernier par dimitri le 28-02-2009 à 22h41 - Permalien - Partager
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