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Cardiff Online

Le blog de Jojo

Derrière Airbus Posté le Mardi 6 Mars 2007 à 16h00
Après quelques mois d'absence, ne voyant pas l'utilité d'un blog, me revoilà.
Pas pour vous parler de ma vie à Cardiff, où je passe une très bonne année Erasmus mais pour vous commenter l'élection présidentielle.
Pour ceux qui ne savaient pas, je voterai François Bayrou. Aux deux tours.

L'actualité du moment est l'annonce du plan Power 8 censé remettre Airbus sur la voie de la rentabilité après les turbulences techniques et financières connues par l'entreprise sur les programmes A350 et A380. Airbus est détenue par l'Etat français, des Länder allemands, Lagardère (France - ami de Sarkozy) et DaimlerChrysler (Allemagne). Un consensus semble se dégager entre les candidats sur une certaine nécessité de financement par l'Etat. Posture électorale ou conviction réelle ? On peut se poser la question dans certains cas.

Normalement le libéralisme économique commanderait de laisser le marché décider du sort de l'entreprise et le socialisme prônerait le retour massif de l'Etat dans le capital de l'entreprise voire la nationalisation. Evidemment des solutions intermédiaires existent. Or, bizarrement, au lieu de proposer les solutions qui devraient découler de leur positionnement idéologique, tout le monde affirme plus ou moins que l'Etat doit d'une manière ou d'une autre aider Airbus. A la décharge de Nicolas Sarkozy, n'oublions pas que l'Etat a déjà renfloué Alstom au cours de la législature qui s'achève. Evidemment il aurait été difficile pour un homme qui ne pensait pas à l'élection présidentielle qu'en se rasant de justifier le fait de laisser tomber un fleuron de notre industrie - et ses employés - par la seule prévalence des lois du marché. Mais idéologiquement ça n'aurait pas été dépourvu de logique. Economiquement non plus, car si on suit les théories libérales, il y aurait eu alors de la place pour l'émergence de nouvelles activités, de nouveaux emplois...

Toutefois, que retiennent les médias des faillites d'entreprise ? Les licenciements de pauvres ouvriers qui n'ont rien demandé à personne, et dont l'emploi est sacrifié sur l'autel du néolibéralisme, une région économiquement dévastée dont l'usine était la dernière activité, des cris, des larmes... (Souvenez-vous de Thomé Génot dans les Ardennes par exemple). Je me vois mal candidat à la présidentielle et dire "mais c'est normal, c'est le marché, il ne faut pas les aider parce que ça fausse le marché..." donc pour le coup l'Etat va renflouer les caisses, tout comme il a renfloué Alstom. Evidemment pour une PME qui fait faillite, pas d'aide. Du moment que les médias ne s'intéressent pas à la question, à quoi bon ?

Mais qui va empocher les bénéfices quand l'entreprise ira mieux ? Car l'Etat ne restera pas dans le capital indéfiniment. Ce seront bien les actionnaires privés qui actuellement refuse de remettre de l'argent dans l'entreprise. Alors Ségolène ne devrait-elle pas plutôt prôner une renationalisation totale (oublions les différends franco-allemands sur le sujet pour simplifier) ? Au moins, en considérant que l'Etat garde l'entreprise à long terme, il touchera les bénéfices de son investissement ; il se comporterait alors comme un acteur "classique" du marché. Maintenant, que va-t-il se passer ? L'Etat va participer à une augmentation de capital, en moyennant peut-être le maintien de quelques usines en échange ; lorsque l'entreprise renouera avec la rentabilité l'Etat pourra se désengager mais récupérera-t-il sa mise ? Tout dépendra du cours futur des actions. Ce qui est sûr, c'est que les actionnaires privés qui auront refusé d'apporter au pot se verront verser leurs dividendes comme si de rien n'était. On comprend mieux alors pourquoi Sarkozy (qui est, je le rappelle pour ceux qui ne savent pas, du parti de droite, qui représente les intérêts des plus aisés) prône le renflouement des grandes entreprises en quasi-faillite. Le contribuable paie et Lagardère, ou d'autres du même acabit, encaisse.

Que se serait-il passé si Eurotunnel - qui est dans la situation difficile qu'il connaît parce qu'on a laissé le secteur privé s'occuper d'un projet qui avait une envergure publique - n'avait pas trouvé d'accord avec ses créanciers ? L'aurait-on laissé tomber ? Non, là encore, l'Etat aurait certainement sorti le portefeuille pour maintenir l'activité.

Alors il faudrait savoir : l'Etat (nous) est-il là pour enrichir les actionnaires (déjà pas si pauvres) d'entreprises en difficulté ? Ou doit-on conditionner les aides à une prise de responsabilité des actionnaires ? Doit-on nationaliser mais garder les entreprises pour rentabiliser la nationalisation à long terme ?

Voilà des questions qui mériteraient des réponses claires de la part de nos candidats.

Un commentaire. Dernier par gantdetoilette57 le 06-03-2007 à 16h11 - Permalien - Partager
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