Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

Afriqueavenir

Le Pyromane

QUE BECHIR SOIT LIVRE A LA CPI... Posté le Lundi 20 Juillet 2009 à 11h02

QUE BECHIR SOIT LIVRE A LA CPI...

C’est certainement la plus grosse aberration de la courte histoire des nations africaines et des organisations panafricaines qui s’est produite au début du mois de juillet 2009 à Syrte en Libye. Les chefs d’Etats africains ont, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, convenu de soutenir le président soudanais Omar El-Béchir qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la Cour Pénale Internationale (CPI)

Tout serait partie d’une plainte dans laquelle les familles des victimes du Darfour accusaient El-Béchir pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Après des enquêtes menées par Luis Moreno Ocampo le procureur de la CPI en charge du dossier, il ressort que des forces et des agents contrôlés par Béchir ont tué au moins 35 000 civils et causé la mort lente de 80 000 à 265 000 autres, contraints de fuir leurs foyers devant les combats. Béchir a commis à travers d’autres personnes, un génocide contre les ethnies Fur, Masalit et Zaghawa au Darfour, en utilisant l’appareil d’Etat, les forces armées et les milices djandjaouides. Des milices qu’il aurait recrutées pour écraser la population. Compte tenue de la gravité des faits a la CPI s’est vue contrainte de lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais.

Le président soudanais qui aurait dû saisir l’opportunité de cette tribune pour établir son innocence et attirer l’attention de la communauté internationale sur sa démission dans le conflit darfouri, a engagé une fuite en avant, un peu comme s’il était convaincu de sa culpabilité. Après avoir expulsé toutes les organisations humanitaires qui opéraient au Darfour, exposant à la faim, aux épidémies et aux massacres des populations en proie à une guerre longue et incompréhensible, il s’est empressé d’engager un bras de fer avec la CPI. C’est dans le cadre de ce bras de fer que El-Béchir est allé quérir le soutien de ses paires d’Afrique au récent sommet de l’Union Africaine à Syrte. Le fait surprenant en que en dehors du Botswana et du Tchad qui ont clairement refusé de soutenir l’imposture de El-Béchir, les autres Chefs d’Etats, même ceux ayant ratifié le traité créant la CPI, semblent lui apporter leur soutien.

La prise de position des Chefs d’Etats africains en faveur de leur homologue soudanais interpellent tous les africains. La question lancinante de l’impunité refait surface. Et du coup, on est tenté, pour comprendre ce qui s’est passé à Syrte le 03 juillet dernier, de scruter l’univers des droits de l’homme en Afrique. On se rend compte tout de suite les présidents africains ont fini par banaliser le massacre de leur compatriote. Ainsi, au Congo par exemple, le procès des disparus du Beach dans laquelle certains proches du président Sassou étaient impliqués a abouti à un non lieu. Au Burkina-Faso, la mort du journaliste Norbert Zongo a rejoint la rubrique des faits divers nationaux. Au Cameroun, société civile et pouvoir public ne s’accordent toujours pas sur le nombre de camerounais tombés sous les balles des forces de défense au cours des émeutes de la faim de février 2008. Toutefois, les deux parties conviennent qu’il y a eu des morts. Des morts pour rien. Aucun procès n’a été engagé. Un peu comme si les balles étaient tombées du ciel. Les cas sont légions, et s’étendent à l’ensemble du continent.

On comprend que El-Béchir ne soit pas inquiété. La peur d’une généralisation des poursuites a prévalu sur le droit international. Et Béchir peut continuer son ouvrage en toute sécurité, n’en déplaise à ces empêcheurs de massacrer en paix de la CPI. Surtout que le record du cambodgien Pol Pot - avec deux millions de tués -  est encore à battre.



0 commentaire - Permalien - Partager
Commentaires