Un, deux, trois, je rassemble mes esprits et me tiens coi, aux aguets, comme si chez moi, pouvait dans l'instant, surgir de drerrière les cloisons, une horde de voisins furibards lancée à mes trousses pour me mordre les talons, me chasser des lieux; que j'ailles gueuler aux cent diables et n'aient plus jamais à m'entendre.
Il faut dire que ces temps ci, je suis coutumier du fait.
Mon "j'en ai marre"; l'égal d'un brame au fond des bois; déclenche chaque fois à l'entour de l'appartement un tambourinement des cloisons et des plafonds, perpétré par la clique de frappeurs déchaînés, les dormeurs diurnes travailleurs de nuit et les oiseaux louches du clair de lune.
Mais aujourd'hui il y a quelque chose d'inhabituel qui m'étonne; aucun d'eux ne manifeste son hostilité.
Pas même en retour:
- C'est encore le taré du 8!
Perplexe, je reste sur le qui-vive et immobile, l'oreille tendue, j'attends, tel un gros gibier aux abois.