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suite 3 Publié le Mercredi 6 Juillet 2011 à 17:32:23

Avant de continuer, apprenez que "l'autre" et moi, nous sommes arrivés sur terre dans un même sac; une enveloppe corporelle devenue fortuitement vacante, originellement réservée pour contenir une âme neuve seule .

Nous formons un lot de substitution de deux pour un, constitué d'éléments "d'occasions" disparates; "l'autre" le bric, mis en pénitence, devant assumer la fonction de "greffon" du bien pour expier une conduite inqualifiable menée au purgatoire, et moi Jocelyn alias Joss, le broc, sorti au pif des archives du néant; le sujet receveur, la subtance matérialisée, le siège administratif de cette association insolite.

- Punaise ça commence bien! Ah le con!

Me voilà interrompu par les malices d'un courant d'air. Je crois vous en avoir trop dit.

Je venais exactement d'ouvrir mon cahier quand il a bousculé mes phrases; éparpillé dans les pages les mots, points, virgules, que je vais devoir retrouver et replacer.

Ce n'est pas un hasard. Je vous raconterai...

- Mais excusez moi un instant! C'est trop sombre ici.

Je quitte la table pour aller écarter les rideaux devant la fenêtre ouverte en sifflet, espérant obtenir plus de clarté. Et là, mon front près à deux doigts de la vitre, j'assiste de visu à la naissance d'un continent aérien; une vaste plaine lunaire inhospitalière. Son littoral cendré, bleui par les éclairs et les coups des tonnerres subits sous d'autres cieux, s'étale; gigantesque coulée de lave sur l'atmosphère qui s'éteint dans une pénombre de fin du monde.

 

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suite 2 Publié le Mercredi 6 Juillet 2011 à 17:03:00

Serais-je seul dans l'immeuble? Auraient-ils trouvés un boulot de jour? Dans l'expectative, je me questionne. Que complotent-ils? Ils regardent "les Feux de l'Amour" ? Sont-ils blasés? En tous cas, rien ne bouge, on entendrait voler une mouche dans le cellier.

Faut dire que vendredi dernier; mal réveillés par un "j'en ai marre" de bien moindre amplitude; quatre ou cinq de ces types avaient failli enfoncer la porte palière, menacés avec force de me faire déféquer dans mon bénard, de me déculotter et me faire bouffer ma merde.

J'avais clâmé mon innocence, essayé de me disculper en leur criant, couvrant le tintamarre, que c'était la faute à "l'autre". Leur colère n'avait qu'empirée. Je revois dans l'oeilleton du judas leurs yeux flamboyants de hiboux et entends toujours :

- L'autre l'autre! Qui l'autre? En plus y s'fout de not'gueule!

Non! Je n'ai pas oublié...Les aboiements furieux de ma petite chienne mi teckel mi loulou; son souffle au bas de la porte et ses grognements féroces comparables à ceux d'un grand méchant loup, avaient réussi à calmer cette poignée d'excités.

 

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suite Publié le Mercredi 6 Juillet 2011 à 16:39:27

Un, deux, trois, je rassemble mes esprits et me tiens coi, aux aguets, comme si chez moi, pouvait dans l'instant, surgir de drerrière les cloisons, une horde de voisins furibards lancée à mes trousses pour me mordre les talons, me chasser des lieux; que j'ailles gueuler aux cent diables et n'aient plus jamais à m'entendre.

Il faut dire que ces temps ci, je suis coutumier du fait.

Mon "j'en ai marre"; l'égal d'un brame au fond des bois; déclenche chaque fois à l'entour de l'appartement un tambourinement des cloisons et des plafonds, perpétré par la clique de frappeurs déchaînés, les dormeurs diurnes travailleurs de nuit et les oiseaux louches du clair de lune.

Mais aujourd'hui il y a quelque chose d'inhabituel qui m'étonne; aucun d'eux ne manifeste son hostilité.

Pas même en retour:

- C'est encore le taré du 8!

Perplexe, je reste sur le qui-vive et immobile, l'oreille tendue, j'attends, tel un gros gibier aux abois.

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1- J'en ai marre! Publié le Mercredi 6 Juillet 2011 à 16:02:06

L'intérieur du salon où je suis occupé à glander, mourant les minutes de cet après midi à feuilleter et feuilleter un journal de pubs; s'assombrit, devient lugubre.

Les cadres des photos de famille alignés sur le plan du vaisselier, à côté du bouquet de fleurs séchées, semblent des plaques funéraires disposées sur une pierre tombale; et c'est au moment précis où je me dis:"faudrait bien changer les papiers", tant la pièce me paraît triste, qu'une forte exclamation jaillit de l'orifice de ma gorge comme de la purge d'une soupape de sûreté; le clapet en surpression tout d'un coup décomprimé.

Un: "J'en - ai - marre!" tonitruant provoque une onde de choc contre les murs de l'appartement et s'attarde dans son volume.

Je secoue ma tête dans tous les sens pour débarrasser mes tympans des dernières vibrations. Elles s'atténuent, deviennent flous avant de disparaître, me laissant ébranlé, dans un état second.

Gloup's... J'avale goulûment ma salive.

Une minute de silence règne maintenant dans la pièce; le temps d'un receuillement suivant une sonnerie aux morts; j'entends le flop flop du drapeau taquiné par la brise, un bruit continu de pluie dans les cyprès, un grain de toux, un pas sur les graviers.

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