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Incursion

L'homme qui voulait écrire la vie!

Aux armes, ô ! citoyennes !!! Posté le Jeudi 4 Novembre 2010 à 16h05

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L’aube touche à sa fin.

Le point du jour grossit à vu d’œil.

Le soleil est de plomb, anormal au commencement de l’automne.

Le village qui nous entoure est reculé du monde, un des rares univers loin du tout. Ce qui marque le plus quand on y pénètre, juste au dessus de la pancarte du village, c’est l’arrêté municipal qui oblige chaque habitant à porter une arme à feu, dès l’âge de dix ans.

Le texte est en gras.

Le fait est troublant.

L’opinion publique, encore sous le choc.

Le maire a pris cette décision après avoir vu sa femme se faire égorger sous ses yeux, par un déséquilibré. Il était pétrifié, complètement impuissant. L’assassin a été arrêté.

Depuis, le premier officier municipal paye encore sa pénitence.

Presque tout le monde est endormi, à part le coq du village, chantant sa faim. Au même instant, un fermier effleure le sol d’une de ses terres brûlées, par cette canicule inhabituelle. Puis il pointe son regard vers la boule de feu un bon moment, et s’en-va retrouver sa demeure. Sur le trajet, on l’entend grogner.

Midi...

Le soleil touche du doigt le zénith.

La chaleur est un peu plus étouffante.

La directrice de l’unique école élémentaire des contrées alentours prend la décision de fermer l’école, emmenant les enfants vers la piscine municipale. Ces derniers pataugent, encore insouciants.

A l’autre bout du village, le drame se joue déjà.

Un enfant de quatre ans, légèrement grippé, entre dans la chambre de ses parents. Il rampe sous le lit. Son œil est attiré par une lueur. Il s’en approche. La clarté n’est autre qu’une boîte où le soleil se reflète sur un des coins fait d'aluminium. Difficilement, il arrive à soulever le couvercle. Dedans, il y voit un nouveau jouet, tout de métal vêtu. Il s’agit d’un véritable Glock 25, chargé à souhait de cartouches 9 mm court.

Les prunelles de l’enfant pétillent.

Des deux mains, il saisit l’arme que son père devrait venir récupérer dans quelques minutes avant d’aller bosser, dans l’entreprise dont il est directeur, en somme. Sur la bouille de l’enfant se dessine un sourire innocent, de ceux qui nous renvoient une vérité irrationnelle. Le bambin sort du dessous du lit, l’arme à la main. Il caresse le canon et commence à viser des ennemis fantômes à travers la pièce.

PAN !

Des pas résonnent dans le couloir menant à la chambre.

Ils se font plus inquisiteurs.

PAN ! PAN !

Un visage passe le chambranle de la porte.

Le sourire sur ce dernier s’efface, pour faire place à des expressions de peur. L’effroi gagne un peu plus de terrain sur la face du paternel, surtout quand l’enfant place l'extrémité du canon sur son œil droit.

PAAANNNNNNN !!!

L'innocent voulait simplement voir ce qui se cachait à l’intérieur, mais le coup part sans que le père ne puisse réagir. L’enfant est propulsé contre le mur le plus proche, terrassé par la puissance de feu.

NOOONNNNNN !!!

Le père coure vers son fils et le prend dans ses bras.

Il pleure son saoule plus que de raison et saisit l’arme à son tour et se suicide.

Plus tard dans la soirée, la mère découvrira les corps après être rentrée des courses de la semaine.

 

Avec courage, elle a organisé les funérailles de ses êtres aimés.

Au cimetière, ses amies du club de lecture ainsi que tout le village est présent, y compris le maire, en retrait. D’un commun accord, la mairie a payé les frais d’enterrement. Après la messe, la mère courageuse s’approche du trou où on était déposé les cercueils. Elle sort d’une chemise cartonnée, l’arrêté municipal qui se trouvait à l’entrée du village et qu’elle a arraché sans état d’âme.

Avec l’arme qui a servi au gâchis, elle jette le tout dans la cavité.

Le bruit et le geste font mouches.

Le fermier du début de l’histoire s’approche de la mère, la prend dans ses bras puis regardant le magistrat droit dans les yeux, lance à son tour son Beretta à même le vide.

Son geste sera suivi par tout le village.

Il est vrai que certaines paroles et certaines vérités dérangent.

 

Après le drame, le maire n’a pas eu le courage de démissionner.

Et la vie a repris ses droits.

Sans arme, ô, citoyennes !

 

                                                                                                                      D.S.

2 commentaires. Dernier par Pailleman le 09-11-2010 à 17h06 - Permalien - Partager
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