Un sondage Elabe pour "Les Echos" et Radio Classique montre qu'une écrasante majorité des Français est opposée aux baisses de dépenses publiques prévues par François Fillon. Ils sont également très sceptiques sur la diminution de 500.000 fonctionnaires.
Pour François Fillon, les ennuis commencent. Il a beau avoir emporté la primaire avec 66,5% des suffrages de plus de 4,5 millions d'électeurs, ses mesures les plus radicales en matière de baisse des dépenses publiques - il a évoqué une diminution de 100 milliards d'euros - passent mal. C'est peu dire. Selon un sondage Elabe pour "Les Echos", Radio Classique et l'Institut Montaigne, réalisé auprès de 1003 personnes les 6 et 7 décembre, une immense majorité de Français disent "non" à certains de ses projets. Ils sont ainsi 90% à être opposés à la baisse annoncée des dépenses publiques en matière de santé ; ils sont encore 89% à être contre une baisse des dépenses pour les retraites, l'éducation (86%), la justice (82%). Et, selon l'institut Elabe ce front du refus est unanime, il ne vient pas particulièrement d'un groupe déterminé, il est trans-partisan.
En revanche, on retrouve les clivages politiques s'agissant des aides sociales. Ainsi, 67% des sympathisants de la droite et du centre, 63% de ceux du Front National se disent accepter une baisse de la dépense pour les aides sociales, alors qu'ils ne sont que 25% à gauche. Idem pour les indemnités chômage, dont une diminution est acceptée par 64% des sympathisants de la droite et du centre, et par 53% de ceux du FN, contre 29% pour les proches de la gauche
Une autre proposition choc de François Fillon, diminuer de 500.000 le nombre des fonctionnaires, n'emporte pas non plus l'adhésion d'une majorité de Français, inquiets des conséquences d'un tel projet. Ils sont 58% à estimer que "cet objectif n'est pas souhaitable". Et chez les 18-24 ans, cette proportion monte même à 71%. Même les classes moyennes et supérieures rejettent à 62% un tel projet. Et, selon la couleur politique, seuls les sympathisants de la droite et du centre y souscrivent majoritairement (65%) alors que 20% des sympathisants de gauche le jugent souhaitable. Ceux du Front national ont un avis mitigé : 47% d'opinions favorables et 52% d'avis négatifs.
Déjà, les propositions radicales de François Fillon sur l'assurance maladie ont provoqué de vives réactions. L'idée du candidat de définir un "panel solidaire", regroupant les seules pathologies graves qui seraient prises en charge par la "Sécu", et un "panel individuel", à la charge des assurés qui seraient libres de souscrire à une complémentaire santé privée pour se faire assurer, a choqué, y compris dans le camp de François Fillon.
En milieu de semaine, une réunion de groupe des députés "Les Républicains" a longuement abordé cette question. Même Bernard Accoyer, médecin de formation, tout nouveau secrétaire général du parti et soutien de François Fillon, s'est ému des intentions du candidat. C'est pour cette raison que les députés demandent instamment François Fillon de "faire de la pédagogie" et de préciser ses idées. L'opération déminage a d'ailleurs déjà commencé, plusieurs proches de François Fillon, tel Bruno Retailleau, président du groupe des sénateurs "Les Républicains", ont précisé qu'il n'était pas question pour le candidat élu de remettre en cause la "Sécu". En attendant, les candidats à la primaire socialiste se sont tous rués dans la brèche, alertant sur les dangers que ferait courir sur la santé et la protection des Français le programme de François Fillon. Celui-ci devrait rapidement réagir.