C’est une douce bise qui vient bercer les nuages ce soir. La cime des arbres se plie sous sa caresse, étirant les ombres au sol. Le soleil a tiré sa révérence, rangeant ses rayons au fond du ciel pour nous chauffer de son feu demain. Une torpeur languissante envahit la terre qui s’endort doucement.
Pourtant, à bien écouter, on perçoit le murmure des feuillages. Ils sont de plus en bavards et tout à coup, ils deviennent incontrôlables. Ils s’agitent, de plus en plus douloureusement. Ils sont pris au piège du vent qui déchaîne sa violence. Des larmes de pluie viennent s’échouer sur les corolles et les herbes folles. Ce soir, la terre change d’humeur et souffle sa colère. Voilà que la montagne gronde ; elle rougit, s’embrase.
Et puis c’est l’explosion. L’orage s’abat sur la terre tel un rapace plongeant sur sa proie. Tout semble féroce, plus rien ne semble vivant. La terre révèle sa fragilité sous le déluge. Elle ne s’endormira pas tout de suite. Elle attend, repliée sur elle-même.
Toute cette énergie finit par se fatiguer. Peu à peu, les éclairs pâlissent et partent promener leur lumière fulgurante ailleurs. Mais le ciel reste triste. Il pleure et pleure et pleure. Son chagrin tombera jusqu’au petit matin et lorsque les étoiles renonceront à briller, il ne restera que des chemins d’eau que mes pas esquiveront jusqu’à la demeure accueillante.