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In Like Flint

"An actor? As president?"

Notre Homme Flint Publié le Mardi 30 Juin 2009 à 18:17:00

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Titre original : Our Man Flint


Pays d'origine : U.S.A.

 

Genre : parodie d’espionnage

 

Réalisateur : Daniel Mann

 

Distribution : James Coburn, Lee J. Cobb, Gila Golan, Edward Mulhare, Benson Fong

 

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Le monde est en émoi, en proie à des catastrophes naturelles inexpliquées. Cyclones, typhons, raz-de-marées, avalanches et éruptions volcaniques se succèdent ainsi à un rythme effréné, n’épargnant aucune partie de la planète. Au siège de Z.O.W.I.E. (Zonal Organization World Intelligence Espionage, annexe officieuse du Siège des Nations Unies), c’est le branle-bas de combat. Lloyd Cramden (Lee J. Cobb), numéro un de Z.O.W.I.E. et bras droit du Président des Etats-Unis, a rassemblé les émissaires de toutes les nations du monde afin de leur faire part de la gravité de la situation. En effet, ces catastrophes ne sont pas vraiment naturelles, mais provoquées par une organisation mystérieuse qui est parvenue à contrôler le temps.

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Tous les agents secrets envoyés pour enquêter ont été mis hors-course, l’organisation en question s’amusant même à renvoyer une photo de chaque espion défunt à Cramden.
008 étant déjà en mission, il ne reste plus un seul agent qualifié à envoyer sur le terrain, et capable de renverser la situation. Personne, sauf… Derek Flint, le meilleur d’entre tous. Le seul problème est qu’il s’est retiré au sommet d’un building, où il mène une vie paisible et harmonieuse en compagnie de Leslie, Anna, Gina et Sakito, ses quatre femmes.
Il faut dire que Flint n’est pas un homme comme les autres. En plus d’être le plus qualifié des agents secrets, c’est aussi un karatéka et un escrimeur hors-pair, et s’occupe occasionnellement de la chorégraphie des ballets du Bolchoï. La science et la médecine n’ont pas de secret pour lui ; il fabrique lui-même ses gadgets, à côté desquels ceux de la C.I.A. paraissent terriblement obsolètes. Flint parle aussi plusieurs langues, et a même inventé un code secret unique dont les combinaisons sont basées sur son prochain tiercé. Il s’intéresse à la culture de chaque pays, aime la cuisine, et peut se mettre en catalepsie grâce à une connaissance très poussée du yoga. Il a une empathie toute particulière avec les animaux, les femmes sont folles de lui, et tout le monde l’admire. Excepté Cramden, qui s’est brouillé avec lui lorsque celui-ci a décidé de prendre sa retraite. Mais devant le péril qui menace toute la planète, Cramden se voit contraint de convaincre Derek Flint de reprendre du service. Ce qui ne va pas être une mince affaire.

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1962 : « Dr No », adaptation du roman de Ian Fleming, sort sur les écrans, et l’œuvre de Terence Young va révolutionner le film d’espionnage, ouvrant une voie nouvelle dans le cinéma de genre. En France et en Italie vont déferler toute une flopée d’agents secrets, certains provenant aussi de la littérature, comme Coplan ou OSS 117 ; d’autres issus de l’imagination de cinéastes (Super 7, Dick Malloy alias 077, 3S3…).


Mais le meilleur contrepied à la force brute, la virilité et le machisme incarnés à la perfection par Sean Connery va également venir des Etats-Unis, avec « Notre Homme Flint ». Exit le sérieux 007, et place à Derek Flint, dont les domaines de connaissances sont tellement nombreux qu’il faudrait rédiger une encyclopédie pour tous les nommer. On est évidemment dans le registre de la parodie, et qui mieux que James Coburn pouvait incarner cet agent aux facettes innombrables. Coburn, c’est la classe à l’état pur, le flegme sans vouloir se prendre au sérieux, une silhouette dégingandée et un visage anguleux, un regard malicieux et un charme indéniable. Sa nonchalance et sa décontraction font de lui le personnage idéal qui personnifie l’agent secret dans toute son exagération. Si 007 joue la carte du réalisme, Flint symbolise l’excès, l’abolition des frontières de la crédibilité, tout en demeurant un héros profondément humain, attachant, et en qui on a envie de croire.

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C’est en étudiant une fléchette enduite de curare qui lui était destinée (et lancée par le biais d’une corde de harpe) que Flint va remonter la filière de l’organisation nommée Galaxy. Outre le poison, l’agent très spécial trouve en outre des traces d’ail, de safran et de fenouil. Qui d’autre que lui aurait fait le lien avec la recette de la bouillabaisse ? Personne, sauf Derek Flint qui file en direction de Marseille et s’en va goûter toutes les bouillabaisses dans les restaurants jusqu’à retrouver celle qui correspond point pour point au dosage utilisé. C’est là qu’il va rencontrer Hans Grüber, un ex-nazi, et le combattre dans les toilettes de l’établissement avant de sauver les convives, déguisé en Hindou hystérique, alors qu’une bombe est sur le point d’exploser.

 

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En deux occasions, le film évoque ouvertement James Bond. Une première fois dans le rade marseillais, où Flint recueille des informations de la part de 008 qui lui glisse le nom de Galaxy, précisant que le Spectre n’était pas assez bon pour mettre en œuvre un tel plan. Et puis aussi lorsque Gila (l’espionne de charme de Galaxy) est en train de lire un bouquin dans le sous-marin la ramenant jusqu’à la base de l’organisation, au cœur d’un volcan situé sur un îlot du Pacifique. Elle finit par balancer le bouquin, déclarant :
« Quelle ânerie, comme si un homme pouvait être comme celui-ci ! »
Sur la couverture, on peut lire « The Adventures of 0008 » !


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Mais cet homme existe vraiment, et elle va également succomber à son charme, se mettant ainsi en danger vis-à-vis des responsables de Galaxy, un trio de savants utopistes et cinglés, qui provoqueront des catastrophes climatiques tant que les gouvernements n’abdiqueront pas, c’est-à-dire détruiront leurs armements. Des scientifiques composés notamment d’un blanc nommé Wu, et d’un asiatique s’appelant Schneider, et qui bien que pacifistes n’en ont pas moins inventé un électro-volatilisateur, ou plus simplement un désintégrateur.
Un danger qui ne va pas empêcher Derek Flint de se rendre seul sur l’île pour affronter l’ennemi. Oui, seul, sans l’aide de personne, un individualisme que lui a toujours reproché Cramden, ce qui nous vaut cette superbe réplique :
-    « Vous deviez faire preuve d’esprit d’équipe. » (Cramden)
-    «  C’est l’équipe qui n’a pas d’esprit. » (Flint)
Flint parti sauver ses quatre femmes kidnappées par Gila, et ayant subi un reconditionnement avant d’intégrer la population d’un nouvel Eden, sur cette île transformée en paradis terrestre, mais pas forcément pour des intentions louables.

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Un Derek Flint qui, on le devine aisément, remplira sa mission haut la main, revenant sur le croiseur de l’armée américaine en compagnie de ses quatre… non cinq compagnes, Gila ayant intégré le cercle des « Flint Girls ». Notre agent secret pourra enfin goûter à un repos bien mérité, heureux d’avoir pu sauver ses maîtresses, et accessoirement la planète. Quant aux félicitations du Président des Etats-Unis, il s’en moque complètement, et refuse le téléphone rouge que lui tend un Cramden encore une fois dépité.

 

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« Notre Homme Flint » est une truculente parodie des oeuvres d’espionnage, une comédie doublée d’un film d’aventures parfaitement réalisé et interprété, que l’on doit à Daniel Mann, responsable d’une trentaine de films et téléfilms durant sa carrière, parmi lesquels « Willard » (1971) qui fit l’objet d’un remake en 2003.
S’il est inutile de présenter James Coburn, acteur mythique et exceptionnel de la génération des Clint Eastwwod et Steve Mc Queen, Lee J. Cobb fut aussi un acteur talentueux, resté célèbre pour son rôle de flic dans « L’Exorciste », et qui finit sa carrière dans de nombreux polars italiens, dont plusieurs sous la férule de Stelvio Massi.

 

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Moins connue, Gila Golan se fera bien trop rare dans le cinéma, et on peut le regretter. Elle a joué notamment dans « La Vallée de Gwangi », ce western atypique qui mêlait cow-boys et animaux préhistoriques.
En résumé, l’univers de Flint propose un héros plus drôle que Matt Helm, plus érudit que John Steed, plus expert en gadgets que James West, plus séduisant que James Bond, et plus tenace que Napoléon Solo. Oui, « tout est possible avec Flint », comme le résume Cramden à la fin du film. Du coup, il reviendra deux ans plus tard, pour de nouvelles aventures, tout aussi délirantes.

 

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Afficher le commentaire. Dernier par Découvrez notre gamme de peluches le 06-09-2013 à 11h04 - Permalien - Partager
F comme Flint Publié le Jeudi 9 Juillet 2009 à 17:11:00

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Titre original : In Like Flint

Genre : Espionnage, Parodie

Année : 1967

Pays d’origine : U.S.A.

Réalisateur :
Gordon Douglas

Distribution : James Coburn, Lee J. Cobb, Jean Hale, Andrew Duggan, Steve Ihnat, Yvonne Craig…

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Alors que le super-agent Derek Flint coule des jours heureux avec ses trois nouvelles femmes (les cinq précédentes s’étant depuis mariées), Lloyd C. Cramden, patron de la Zonal Organization World Intelligence Espionage (Z.O.W.I.E.), doit faire face à une énigme impossible à résoudre. Tandis que le chef des services secrets, invité par le Président des Etats-Unis à une partie de golf, chronométrait le swing du chef d’état, il est apparu que l’appareil indiquait trois minutes, alors que la logique aurait voulu qu’il se soit écoulé trois secondes, tout au plus.
En réalité, Cramden, le Président et sa garde rapprochée ont été neutralisés par un gaz paralysant dissimulé dans une balle de golf. Un poison ayant aussi pour effet d’effacer la mémoire, ce qui explique le profond trouble de Cramden. Trois minutes se sont donc effacées de sa mémoire, durant lesquelles une organisation a enlevé le Président des Etats-Unis, le remplaçant par un parfait sosie. Cette organisation a pour nom « Femme Fatale », elle est située sur un îlot du Pacifique, à quelques kilomètres d’une base militaire américaine doublée d’un centre spatial, dans les Iles Vierges. Sous une couverture d’institut de soins esthétiques et de remise en forme, « Femme Fatale » cache en réalité un consortium exclusivement féminin qui envisage de renverser les gouvernements du monde entier afin de transformer la planète en matriarcat. Pour arriver à ses fins, l’organisation a doté tous ses sèche-cheveux d’un appareil conditionnant le sujet. Bientôt, toutes les femmes seront endoctrinées, et se rallieront à la cause de « Femme Fatale ». Sauf si Derek Flint décide de s’en mêler…

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Deux ans après « Notre homme Flint », le meilleur des agents secrets reprend donc du service, pour une seconde et dernière fois. On retrouve dans ce nouvel opus les ingrédients qui faisaient le charme du premier film : un héros infaillible, séducteur et décontracté, une espionne craquante, et un décor de rêve (îlot du Pacifique) servant de cadre à la base des méchants. La réalisation en a cette fois été confiée à Gordon Douglas. D’abord acteur durant la première moitié des années 30, l’homme est ensuite passé à la réalisation. Il s’est essayé à plusieurs genres, comme la science-fiction (« Des monstres attaquent la ville », 1954), mais c’est à partir des années 60 qu’il accroît sa notoriété, dans le polar, à travers trois œuvres mettant en vedette Frank Sinatra : « Les 7 voleurs de Chicago », « Tony Rome est dangereux » et « La femme en ciment ». Il tourne encore deux films importants en 1970 : « Appelez-moi Monsieur Tibbs », avec Sydney Poitier, et « Barquero », avec Lee Van Cleef.

 

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A l’instar de « Notre homme Flint », « F comme Flint » ne comporte pas de grosses vedettes, si l’on excepte évidemment James Coburn, et à un degré moindre Lee J. Cobb. Tout juste peut-on dire que Jean Hale, la coordinatrice de charme de « Femme Fatale », a joué dans « Le massacre de la St-Valentin », de Roger Corman ; Andrew Duggan a eu une longue carrière dans la télévision (mais on a pu le voir aussi dans « Le monstre est vivant », de Larry Cohen) ; enfin, Yvonne Craig (la danseuse étoile) connut son heure de gloire grâce au serial « Batman » aux côtés d’Adam West, dans lequel elle incarnait Batgirl. L’actrice a également joué dans « Mars needs Women », de Larry Buchanan.

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Mais qu’importe la renommée des seconds rôles, puisqu’avant tout le film repose sur la performance de James Coburn, une fois encore magistral. On a vraiment le sentiment qu’il endosse une seconde fois la tenue de Derek Flint avec un réel plaisir. Un plaisir partagé par le spectateur qui assiste, pendant 1H45, à un festival de l’acteur. On savait, après le premier opus, que l’espion excellait dans des domaines aussi nombreux que variés. Cette fois, on apprend que l’homme est capable de communiquer avec les dauphins, et qu’il écrit des ouvrages scientifiques (il finalise dans le film un traité sur l’isomérie). Mais la cerise sur le gâteau, en dehors des langues étrangères qu’il maîtrise toujours autant et des gadgets qu’il confectionne, est sans aucun doute son passage au Bolchoï en tant que danseur étoile, lors d’un spectacle à l’Opéra de Moscou qui lui permet de rencontrer ainsi la prima ballerina Natasha, une ancienne conquête à qui il veut soutirer des informations. Et quoi de plus simple pour l’agent secret, effectivement, que de figurer dans le ballet, au nez et à la barbe du KGB qu’il ne manquera pas de ridiculiser au cours d’une poursuite mémorable sur les toits de Moscou, avant de s’envoler pour Cuba déguisé en révolutionnaire local !

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Flint est l’agent secret ultime (secret en théorie, vu que le simple fait de le nommer provoque une lueur de convoitise au sein de la gent féminine), et son érudition n’a d’égal que son sens de l’improvisation. Afin de sauver la planète, il n’hésite pas à enfiler une tenue de cosmonaute pour affronter un général félon s’étant emparé d’une fusée avec à son bord des ogives nucléaires. Inutile de préciser que notre espion préféré aura le dernier mot, et qu’il pourra goûter un repos bien mérité dans une station orbitale, en compagnie de deux charmantes spationautes soviétiques.

 

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« F comme Flint » reste donc dans l’esprit de « Notre homme Flint », à savoir celui d’une parodie d’espionnage bourrée d’humour et d’action, de gadgets incroyables (ici, une boucle de ceinture/diapason capable d’émettre des ultra-sons, et qui sauvera notre héros en deux occasions), de jolies filles et de dialogues savoureux. Lorsque Flint apprend que le Président des Etats-Unis a été remplacé par un acteur ayant subi des opérations de chirurgie esthétique, il ne peut que répondre avec un air dépité : " Un acteur président ! "
Quatorze ans plus tard, Ronald Reagan deviendra Président des Etats-Unis…

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Fata Morgana Publié le Mercredi 5 Août 2009 à 20:23:00

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Genre : Thriller métaphysique

 

Année : 1965

 

Pays d'origine : Espagne


Réalisateur : Vicente Aranda

 

Distribution : Teresa Gimpera, Antonio Ferrandis, Marcos Martin, Alberto Dalbès, Marianne Benet, Antonio Casas

 

Dans un teaser réalisé à la façon d’une bande dessinée, un commissaire de police rappelle un fait survenu en 1965 : le meurtre d’Ursula Alejandra Aviexa, une très belle femme. Selon le policier, l’assassin, dont l’identité demeure inconnue, s’apprête à frapper de nouveau. On ignore où et quand, et qui sera la prochaine victime. Mais celle-ci sera encore une fois une jolie femme, car le tueur s’en prend à la beauté.
Le flic chargé de retrouver la future cible du meurtrier s’appelle J.J. Pour lui commence à présent une course contre la montre.
La femme qu’il recherche s’appelle Gim, blonde à l’aspect fragile et qui vend son image à travers des spots publicitaires. Elle vit dans une grande cité qui, pour des raisons inconnues, doit être évacuée. Alors que la grande majorité des habitants ont déserté la ville, certains ont choisi de rester, pour des raisons personnelles.
Gim, par exemple, ne veut pas partir car l’homme qu’elle aime, Alvaro, fait partie de ceux qui n’ont pas tenu compte des consignes d’évacuation. Il réside dans une belle propriété avec Miriam, dont la santé mentale demeure encore fragile suite à la mort de Jerry, son ex-amant. La situation est délicate pour Alvaro, à la fois amoureux de Gim, et incapable d’abandonner Miriam.
Parmi les autres habitants encore présents dans l’enceinte de la cité, on trouve une bande de cinq adolescents « à problèmes », et un expert en criminologie : le Professeur. Ce dernier est le lien entre Gim et J.J., la seule personne capable d’empêcher la jeune femme d’être la prochaine victime et de permettre au policier de confondre l’assassin.



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Surtout connu pour « La Mariée Sanglante », sa déroutante adaptation du roman de Sheridan Le Fanu, « Carmilla », Vicente Aranda s’est lancé tardivement dans la mise en scène avec un premier long métrage : « Fata Morgana ». Un film bien étrange, assez hermétique, dans la droite ligne de la Nouvelle Vague espagnole. Une première œuvre sous influence, à certains moments, de Luis Bunuel, dont Aranda s’annonce comme l’un des héritiers. « Fata Morgana » baigne aussi dans le surréalisme, et l’on ne peut s’empêcher de penser également à Arrabal ou Jodorowsky. Sauf que chez Vicente Aranda, la violence et le délire sont épurés à l’extrême. Ce qui surprend, à la vision du film, c’est son aspect très dépouillé dans la forme, par rapport au fond, particulièrement complexe.

 

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Le réalisateur a choisi pour trame une histoire policière, une sorte de thriller basé sur le postulat que dans toute société, certaines personnes naissent victimes, et d’autres sont nées pour tuer. Le personnage du Professeur est capital, car c’est à travers son étude de la compréhension des criminels que l’on parvient à saisir la démarche de Vicente Aranda. Il s’intéresse à la psychologie de certains tueurs en séries, obsédés par la beauté et le fait de vouloir la posséder à travers l’autre. S’ils ne peuvent la posséder, ils n’ont d’autre alternative que de la détruire. Si la beauté peut susciter la convoitise (à travers le personnage d’Alvaro), elle peut tout autant attirer la haine.

 

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Si la victime est innocente, elle est cependant « coupable »  de vulnérabilité naturelle, provoquant ainsi un sentiment d’incitation à la violence chez le criminel. Gim possède toutes les caractéristiques de la victime ainsi désignée. Elle n’a pas conscience du danger qui la menace, et c’est pourquoi le Professeur va l’aider à éveiller sa conscience, par le biais de rencontres improvisées, où, sous le couvert d’un déguisement différent à chaque fois, le criminologue aura pour mission d’appliquer sa méthode, à savoir faire accepter ses peurs à la jeune femme, et les surmonter.

 

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Le subterfuge du déguisement n’est pas innocent. Derrière de faux-semblants, le cinéaste cherche à nous montrer que la réalité que nous voyons à travers nos yeux, et que nous pensons être vraie, peut être un leurre. Outre la relation entre le tueur et la victime, Aranda jongle aussi sur le rêve et la réalité, le désir et le besoin, et forcément la vie et la mort.
Cette étude du comportement humain n’est pas toujours facile à suivre, mais l’originalité du metteur en scène consiste à l’avoir placé dans un contexte d’anticipation. A style épuré, décor également dépouillé. Cette grande ville (Barcelone ?) en partie déserte donne au film des allures de polar post-apocalyptique. Une impression de vide gigantesque accentuant l’impression de malaise, de mystère et d’incertitude qui règne dans « Fata Morgana ».

 

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Evidemment, comme souvent dans un film « expérimental » (car c’en est un), les défauts ne sont pas exempts. La faible part laissée à l’action, la violence tangible mais non visible et le caractère presque irréel des personnages (à l’exception du policier) confèrent à l’œuvre une aura un peu trop abstraite. Cela donne parfois lieu à quelques séquences mémorables, notamment lorsque le Professeur donne rendez-vous à J.J. au milieu d’un stade entièrement vide. Le criminologue a le visage et les mains recouverts de bandelettes, le déguisement ultime laissant entendre que son personnage importe peu, mais que seul compte son message. Un message intimant au policier de sauver Gim. Et de ce fait, il montre une photo de la fille à J.J., en ajoutant : « Ce que je vous montre est un meurtre qui n’a pas été encore commis ».

 

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La scène racontant la façon dont Miriam se rappelle la mort de Jerry est aussi très curieuse, retrouvant son amant allongé dans la neige, le visage recouvert de glace, comme effacé, ce qui nous conduit à se poser la question de savoir s’il a réellement existé.

 

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Oui, « Fata Morgana » est une œuvre pour le moins déconcertante, croisement de plusieurs genres, tout comme « La Mort a pondu un Œuf » de Giulio Questi. On peut reprocher à Aranda d’avoir conclu son histoire de façon abrupte, trop hâtive, et de laisser ainsi le spectateur sur sa faim. Mais on a là un véritable film d’auteur, servi par de bons acteurs, parmi lesquels on reconnaîtra un Alberto Dalbès qui deviendra familier dans l’univers de Jess Franco.

 

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Schlock Publié le Jeudi 17 Septembre 2009 à 23:49:00

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Genre :  parodie

Pays d'origine : Etats-Unis

Réalisateur : John Landis


Distribution :  Saul Kahan, Eliza Roberts, Charles Villiers, John Landis, Harriet Medin

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« Si un jour je découvre la chose ou l’être responsable de çà, ça va chier de la merde dans les chaumières ! » C’est par cette tirade, lancée par le détective-sergent Wino (petit, coupe de cheveux à la Bozo et imperméable Columbo) que démarre le film. A ses côtés, un grand dadais de flic aux oreilles décollées observe le carnage qui vient de se produire : les meurtres sauvages de 239 personnes dans un parc de loisirs. Dans cette petite bourgade tranquille des Etats-Unis, près de 800 victimes ont ainsi été recensées en l’espace de trois semaines. Pourtant, on n’a pas affaire, en l’occurrence, à un tueur en séries, ni à un groupuscule terroriste. Non, en fait, le responsable de ce massacre n’est autre que le Schlockthropus (Schlock pour les intimes), c’est-à-dire le chaînon manquant, un singe anthropoïde issu de la préhistoire, pris dans les glaces durant l’ère quaternaire, et qui se réveille donc, un peu perdu il faut l’avouer, en cette fin de XXème siècle.
Pourtant, il n’est pas méchant notre ami Schlock, au fond. Il lui faut juste le temps de s’adapter à son nouvel environnement, et à ses êtres étranges que sont les humains. En attendant, le « tueur à la banane », surnommé ainsi par la presse à sensations, poursuit tranquillement son chemin, semant le trouble et la panique partout où il passe. Jusqu’à ce qu’il tombe sur Mindy, une jeune américaine grassouillette aveugle, qui doit bientôt recouvrer la vue. Schlock tombe amoureux !

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Lorsque l’on se penche sur la filmographie des réalisateurs renommés, on se rend compte que certains ont débuté avec de petites œuvres fort sympathiques. On pourrait citer par exemple « Seizure la Reine du Mal », d’Oliver Stone, ou encore « Dark Star », de John Carpenter. Ce n’est pas un hasard si les deux cinéastes cités, ainsi que John Landis, sont issus de la même génération, et si les trois films sont sortis dans un laps de temps rapproché. Cette période du début des années 70 fut particulièrement faste en jeunes réalisateurs surdoués et qui, avec peu de moyens, compensèrent largement ce déficit financier par une imagination débridée et sans limites.
« Schlock » est avant tout une parodie, doublé d’un hommage évident à « King-Kong », mais où les clins d’oeil affluent : « La Belle et la Bête » de Cocteau, « 2001 L’Odyssée de l’Espace » de Kubrick, de même que l’âge d’or du cinéma muet, et notamment les films de Laurel et Hardy. Landis (qui joue le rôle de Schlock, dont le masque fut conçu par le talentueux Rick Baker) se permet également une incartade dans un cinéma dans lequel passent deux classiques du cinéma fantastique : « Blob, Danger planétaire », et « Dinosaurus, les Monstres de l’Ile en Feu », où l’on retrouve parmi les spectateurs un certain Forrest J. Ackerman pour un sympathique cameo.

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Si « Schlock » n’est pas un film sans défauts, il ne faut pas oublier que John Landis n’avait que vingt trois ans à l’époque, ce qui ne l’a pas empêché de bien maîtriser son sujet, et de jongler habilement entre la parodie (humour potache) et l’hommage aux films de genre (ambiance « drive-in movies »). Qu’importe les stéréotypes (flics stupides, teen-agers insouciants), « Schlock » accumule les scènes drôles : Mindy qui, aveugle, croit que Schlock est un chien et lui lance inlassablement un bâton ; Schlock qui débarque dans une station-service, voit l’enseigne représentant une banane, annonçant le lien avec le monolithe de « 2001… » et un gag savoureux dont sera victime un pauvre hippie qui ne demandait rien. Et puis, il y a le duo au piano avec un (autre) aveugle pour un boogie endiablé ; sans oublier le final (dramatique, cette fois) au bal des étudiants.
Comme ce fut parfois le cas dans ce genre de films (« Doc Savage arrive » par exemple), le métrage s’achève en annonçant une fausse suite qui ne se tournera jamais, en l’occurrence « Son of Schlock ».

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En dehors de John Landis, impossible à reconnaître dans son costume de singe, mais très bon dans sa gestuelle et ses expressions, on notera la présence de Harriet Medin  au sein d’un casting composé d’une majorité d’inconnus. Miss Medin incarna l’archétype de la gouvernante inquiétante dans un grand nombre d’œuvres gothiques durant les années 60, comme « L’Horrible Secret du Dr Hichcock », « Le Spectre du Dr Hichcock », « Le Corps et le Fouet », « Six Femmes pour l’Assassin » et « Les Nuits de l’Epouvante », excusez du peu.
Ici, elle joue la mère de Mindy, un rôle bien différent où elle montre également un talent pour la comédie, et qui se confirmera notamment un peu plus tard dans « La Course à la Mort de l’An 2000 ».
Si vous avez l’occasion de voir « Schlock », vous ne manquerez pas de remarquer le « délire » de John Landis à propos d’un film inventé : « See you next Wednesday » (« On se voit mercredi »). Ce gag deviendra récurrent dans les œuvres futures du metteur en scène, puisque l’on verra furtivement des affiches de « See you next Wednesday »au détour d’une scène du « Loup garou de Londres », par exemple, ou de « Série Noire pour une Nuit Blanche ».

 

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Plus féroces que les mâles Publié le Dimanche 20 Septembre 2009 à 18:50:00

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Titre original : Deadlier than the Male

 

Genre : espionnage

 

Année : 1967

 

Pays d'origine : Royaume-Uni

 

Réalisateur : Ralph Thomas

 

Distribution : Richard Johnson, Elke Sommer, Sylva Koscina, Nigel Green, Suzanna Leigh, Steve Carlson, Virginia North

 

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Henry Keller est un magnat du pétrole. Alors qu’il voyage à bord de son Boeing personnel, un cigare piégé l’envoie ad patres, la faute à l’hôtesse qui n’en est pas vraiment une, mais plutôt une tueuse redoutable, Irma Eckman (Elke Sommer), travaillant pour une organisation secrète. Après avoir mis en route le détonateur d’une bombe, elle saute en parachute, près des côtes où l’attend un hors-bord piloté par sa complice Penelope (Sylva Koscina).
A la suite de l’explosion de l’avion, le détective privé Hugh « Bulldog » Drummond  (Richard Johnson) est engagé par une compagnie d’assurances afin de déterminer ce qui a pu provoquer l’accident. Un premier indice, sous la forme d’une bande magnétique, est sur le point de lui parvenir, mais l’expéditeur, un journaliste d’investigation, se fait harponner au sens propre par nos deux belles espionnes avant d’envoyer le précieux document.
A Londres, les morts suspectes ne tardent pas à s’enchaîner. Les victimes ont comme point commun d’être à la tête des plus puissantes compagnies pétrolières du monde. D’importants intérêts économiques sont en jeu, le monde de la finance s’inquiète, mais Drummond finit par remonter peu à peu la piste qui va le conduire jusqu’à un adversaire à sa mesure.

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Le personnage de Bulldog Drummond fut créé en 1920 par l’écrivain britannique Herman Cyril Mc Neile. Il en résultera une douzaine de romans policiers mettant en lice ce détective privé, vétéran de la Première Guerre Mondiale. A la mort de Mc Neile, en 1937, un autre romancier, Gerard Fairlie, poursuivit à son tour les aventures de Drummond, jusqu’au milieu des années 50. Au cinéma, Drummond apparaît dès 1923. On recense une vingtaine d’adaptations du héros sur le grand écran, l’une des dernières étant « Calling Bulldog Drummond », en 1951, avec Walter Pidgeon dans le rôle titre, et dans lequel un débutant nommé Richard Johnson effectuait ses armes en tant que figurant.

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Quinze ans plus tard, il se retrouve dans la peau du détective privé. Juste retour des choses pour l’acteur anglais qui fut pressenti quelques années plus tôt pour incarner le fameux James Bond dans « Dr No ». Johnson possède la carrure et suffisamment d’aura pour ce genre de rôle. Trois ans après sa prestation remarquée dans « La maison du Diable », de Robert Wise, le voilà donc endossant la panoplie d’un détective/agent secret aux talents multiples. En effet, Hugh Drummond n’est pas un espion ordinaire. Il parle plusieurs langues dont le japonais, joue aux échecs en fin stratège, et possède une parfaite maîtrise du judo. Certes, il ne parle pas aux dauphins comme Derek Flint, mais il plaît également aux femmes, à la différence près que Drummond ne cède pas au charme de ses ennemies.

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Pourtant, elles sont diablement sexy, les adversaires en question. En effet, Drummond va être confronté à une beauté venue d’Allemagne : la blonde Elke Sommer ; et une rousse flamboyante originaire de Croatie : Sylva Koscina. Les deux femmes ont comme point commun d’avoir débuté en Italie. Et si Elke Sommer a tourné en deux occasions pour Max Pécas, elle a aussi été la vedette de deux oeuvres de Mario Bava, successivement en 1972 et 1973, avec « Baron Vampire » et « Lisa et le Diable » (dans lequel Sylva Koscina jouait également).
Une Sylva Koscina qui se fit d’abord remarquer dans deux peplums de Pietro Francisci (« Les travaux d’Hercule », « Hercule et la Reine de Lydie »), puis dans le « Judex » de Franju. Dans les années 70, elle ne manquera pas de dévoiler ses charmes en maintes occasions, dans des productions bis. On la verra aussi dans deux gialli : « La peur au ventre », et « Crimes of the Black Cat ».

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Assurément, l’idée d’opposer un émule de James Bond à une cohorte de tueuses ravissantes bien que dangereuses constitue l’un des atouts essentiels de ce « Plus féroces que les mâles ». Ne manquait plus au tableau qu’un ennemi digne d’un Blofeld. Là encore, mission accomplie avec un épatant Nigel Green, qui retrouvait pour la circonstance Richard Johnson, quelques mois après le tournage de « Khartoum ». Si le nom de Nigel Green n’est pas connu de tous, il n’en demeure pas moins que son visage est familier pour quiconque apprécie le cinéma fantastique, notamment les films de la Hammer. Parmi ses nombreuses apparitions dans le genre, on peut citer « Le crâne maléfique », « Le masque de Fu-Manchu » ou encore « Countess Dracula ». Fomentant de sombres complots afin de contrôler le marché mondial du pétrole, voilà un méchant digne de ce nom, retranché dans un château dominant une station balnéaire d’Italie, en compagnie de ses pulpeuses amazones et d’un garde du corps mongol (le fameux Milton Reid qui incarna moult fois ce genre de prestation) fort peu sympathique. Après de savoureuses joutes verbales, l’affrontement entre le héros et son principal ennemi se déroulera sur un échiquier géant dont les pièces se déplacent grâce une télécommande. Une partie d’échecs grandeur nature qui constitue le point d’orgue de ce film qui, s’il s’avère moins délirant que la série des « Flint » avec James Coburn, n’en est pas moins réussi et demeure l’une des meilleures « contrefaçons » de James Bond réalisées.

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Pourtant, Ralph Thomas, metteur en scène d’après-guerre, ne semblait pas le plus qualifié dans ce domaine. Ce cinéaste britannique, qui commença sa carrière après la Seconde Guerre Mondiale, n’a réalisé essentiellement que des comédies, notamment toute une série de longs métrages avec comme personnage central le Dr Simon Sparrow, avec Dirk Bogarde dans les premiers opus. Cela explique pourquoi « Plus féroces que les mâles » lorgne en plusieurs occasions vers la comédie, par exemple avec cette opposition de caractère entre les deux tueuses : une Elke Sommer froide et méthodique, et une Sylva Koscina nymphomane et kleptomane (un duo qui fait des étincelles durant tout le film, pour aboutir à un véritable feu d’artifices). Opposition de style et de caractère également avec ce duo improvisé et forcé que Drummond va devoir assumer avec l’arrivée inopinée de son neveu, sympathique mais terriblement embarrassant.

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« Plus féroces que les mâles » remplit son quota en matière de spectacle, moins « gadgets » que les premiers Bond, mais plus glamour, avec, aux côtés d’Elke Sommer et Sylva Koscina, les fort jolies Suzanna Leigh (« Le peuple des abîmes », « Lust for a Vampire ») et Virginia North (« L’abominable Dr Phibes »). Si la bande originale n’est pas remarquable, elle restitue bien l’ambiance du film en général. On doit cette partition à Malcolm Lockyer, qui composa pas mal de BO pour le cinéma fantastique : « Dr Who and the Daleks », « L’île de la terreur », « Night of the Big Heat »…

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Deux ans plus tard, Ralph Thomas réalisera une suite des aventures de « Bulldog » Drummond, « Some Girls Do », toujours avec Richard Johnson, mais sans Elke Sommer et Sylva Koscina, remplacées par d’autres superbes créatures : Daliah Lavi, Beba Loncar, Yutte Stensgaard, ainsi que Sydne Rome, pour sa première apparition au cinéma.
Quant à Richard Johnson, il entamera une seconde carrière durant les années 70 dans le cinéma-bis, à travers des œuvres comme « Le Démon aux tripes », « Emilie, l’enfant des ténèbres », « Le continent des Hommes-Poissons » et « L’enfer des zombies ». Un mariage avec le 7e Art pour le meilleur, et pour le pire…

 

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